Voici les attentes des Ivoiriens
Alors que le dialogue politique s’ouvre aujourd’hui, L’Avenir a donné la parole aux Ivoiriens pour recueillir leurs attentes du conclave.
- Imam Mamadou Dosso
« Que ces discussions soient orientées vers l’intérêt national »
« Cette reprise de dialogue nous honore. Je rends gloire à Dieu. Je prie que ce que nos acteurs politiques vont décider soit bénéfique pour la nation ivoirienne. Pour nous, faire la politique, c’est avoir la volonté de bâtir une société à visage humain. Nous souhaitons que tous ceux qui seront à la table de discussions soient habités par la sagesse et qu’ils puissent penser tous, à l’intérêt de la nation plus qu’à celui de leurs familles politiques respectives. Je suis convaincu que si ce dialogue est orienté vers cet intérêt national, inchallah, plaise à Dieu, la Côte d’Ivoire demeurera en paix. »
2-Bamba Drissa (Société civile)
« Il faut débattre des questions essentielles »
« Nous souhaitons que ce dialogue politique puisse contribuer effectivement à la réconciliation nationale. Ce dialogue doit pouvoir aborder des questions essentielles pour le développement de la Côte d’Ivoire. Nous espérons que tous les acteurs politiques et de la société civile soient représentés à cette rencontre. Nous attachons du prix à l’État de droit, à la lutte contre l’impunité et la lutte contre la corruption. Aussi, la question de la moralisation de la vie publique doit être débattue. Nous, en tant qu’organisation de la société civile, nous y avons été invités. Nous comptons bien répondre présent à ce rendez-vous, parce que nous pensons qu’il faut aller débattre des questions importantes pour la vie de notre nation pour que nous évitions les crises à venir. Pour finir, la question de la réparation des victimes doit être prise en compte pour qu’elles soient soulagées. Aujourd’hui, personne ne sait qui est coupable et qui ne l’est pas. »
3-Boga Sako Gervais (Société civile)
« C’est le lieu de tout mettre sur la table »
« Ces Assises qui vont s'ouvrir, nous ne les qualifions pas à la FIDHOP simplement de "Dialogue politique", mais plutôt de "Dialogue socio-politique de la dernière chance pour réconcilier les Ivoiriens". C'est donc une ultime chance qui nous est donnée de sauver notre Nation du chaos qui nous guette depuis deux décennies. Nous avons frôlé les pires guerres civiles à maintes reprises, alors nous devrions tous prendre conscience et mettre définitivement fin aux cycles de violences qui jonchent notre vécu. Ce serait faire preuve d'amour pour la Côte d'Ivoire, notre Patrie. C'est ainsi que nous entendons ce Dialogue qui s'ouvre. Et c'est la raison pour laquelle, au nom de la FIDHOP, j'ai demandé au Premier ministre que nous soyons associés. Si nous sommes d'accord qu'il ne s'agit pas d'un dialogue ne réunissant que les acteurs politiques, mais qu'il associe également des acteurs de la Société civile, il va sans dire que les sujets qui vont être débattus ne doivent qu'être d'ordre politique. Parce que ce sont plusieurs paramètres qui minent le quotidien des populations et qui sont à l'origine des souffrances des Ivoiriens et qui conduisent aux violences. Toutefois, il reste évident que ce sont les divergences politiques qui sont les principales causes des violences et donc, des violations les plus graves des droits de l'Homme. C'est donc le lieu de tout mettre sur la table et d'en parler, courageusement et dans un esprit de réconciliation. Enfin, ce Dialogue de la Réconciliation devrait se clôturer par le retour de tous les exilés, dont Charles Blé Goudé et Guillaume Soro, ainsi que la libération de tous les prisonniers des crises électorales de 2010-2011 et de 2020. »
4-Lia Ferdinand Gnan (FPI)
« Nous espérons une fin heureuse »
« Nous attendons que ce dialogue qui s'annonce pour aujourd’hui, connaisse une fin heureuse. Un dénouement qui consolide la paix sociale et garantit le développement de la Côte d’Ivoire. Les questions abordées sont bien évidemment les passifs de la crise postélectorale de 2011 et celle de 2020. Aussi, la question de la Commission électorale indépendante (CEI), de son intégrité et de son indépendance, ainsi que du réajustement du découpage électoral pour une disparité efficiente des sièges à l'Assemblée Nationale, sur la base de critères objectifs et de la transhumance des élus. Nous vous en dirons plus à l'entame du dialogue qui débute. »
5-Orega Adji (PPA-CI)
« Ce dialogue permettra de régler … »
« Le dialogue politique s'ouvre enfin et ce, dans un contexte spécial, parce que l'un des acteurs majeurs est enfin en Côte d'Ivoire, en la personne du président Gbagbo Laurent qui, aux côtés de ses frères Alassane Ouattara et Konan Bédié, devra prendre toute sa place. En effet, des joutes électorales importantes s'annoncent en 2023 et 2025. Nous les souhaitons apaisées, crédibles et inclusives. C'est donc à point nommé que se présente ce dialogue qui permettra de régler certains détails importants, entre autres, le découpage électoral, la liste électorale, la CEI et le financement des partis politiques. Par ailleurs, la question de la réconciliation nationale devra être un maillon essentiel de ce dialogue. Les points qui doivent être traités à ce niveau sont le retour sécurisé des exilés dont Guillaume Soro et Charles Blé Goudé. »
6-Dibi Hyacinthe (Citoyen)
« Que nos politiques prennent des engagements forts »
« De ce dialogue politique, j'attends surtout une décrispation plus importante de l'atmosphère sociopolitique en Côte d’Ivoire. Que nos acteurs politiques prennent des engagements forts pour commencer à apaiser les esprits par rapport aux élections locales de 2023. Qu'on libère les prisonniers politiques et surtout, les militaires comme le demande l’ex-président Laurent Gbagbo. C’est de cette façon que tous les fils et toutes les filles de ce pays, pourront se pardonner et aller à une réconciliation vraie. Je souhaiterais également le retour de Guillaume Soro et que les autorités facilitent le retour de Charles Blé Goudé dans son pays. Il a assez payé pour quelqu'un qui, de plus, a été acquitté. Il n'est pas bon de voir les fils de ce pays constamment en exil ».
7-Nahounou Daleba (Société Civile)
« Il faut se parler franchement … »
« S'ils ont été capables de s'affronter, ils doivent être capables de faire la paix. De mon point de vue, ce dialogue direct devrait leur permettre de se remettre en cause, en regardant l'intérêt national. Ils doivent avoir le courage d'aborder les questions qui nous ont entraînés dans ces longues années de crises et proposer des solutions durables. La question de la démocratie, de la gouvernance, de la terre et surtout, de la nature de notre République. Il faut parler également de la question de l'immigration. Ce dialogue ne doit pas ressembler aux dialogues précédents, c’est-à-dire ‘’une mise en scène’’. Il faut se parler franchement, s'écouter et s'entendre pour le bonheur des Ivoiriens. Il faut aussi inclure la question de la violence politique et des exilés politiques, des prisonniers militaires. »
8-Alfred Kourouma (PDT UE-RHDP)
« Je suis pour le dialogue politique »
« Je suis pour le dialogue politique et il est le bienvenu pour les Ivoiriens. C'est la tribune qu'il faut pour que les partis politiques échangent entre eux. Cela permettra de retrouver la quiétude dans le pays et au sein de la population qui en est le grand bénéficiaire. Ainsi, cette population ne sera plus sous la pression. Sans ce dialogue, il y aura toujours la pression, la tension sociale et ce n'est pas bon pour la paix sociale. Nous prions Dieu pour que ce dialogue atteigne ses objectifs, c'est-à-dire, aboutir à la réconciliation. Que cette rencontre soit élargie à tous les acteurs politiques, qu'ils soient en Côte d'Ivoire ou à l'étranger. Il faut qu'ils soient tous présents. Si on écarte un leader, ses partisans ne se reconnaîtront pas dans les décisions prises. »
9-Raphaël Kohi (COJEP)
« Ce dialogue doit être inclusif »
« Mes attentes sont les attentes de toute la Côte d'Ivoire. Que les acteurs de ce dialogue soient sincères et conséquents envers eux-mêmes pour arrêter la souffrance des Ivoiriens. Ce dialogue doit être inclusif, car d'une façon ou d'une autre, tous les acteurs politiques sont importants. Aucun parti politique ne doit être en dehors de cette grande rencontre, sous prétexte qu'il est minoritaire. Tous les politiciens vivant en Côte d'Ivoire ou à l'extérieur du pays sont concernés et doivent participer à ce dialogue. »
10-Moumouni Keita, (PDT de l'union régionale des jeunesses, associations et mouvements du RHDP)
« Nous attendons beaucoup du dialogue »
« Nous attendons beaucoup de ce dialogue politique. Notre souhait est que cela se fasse en toute sincérité. C'est à ce prix que la Côte d'Ivoire ira à son émergence. Que chaque parti politique reconnaisse qu'il a tort et que la victime, c'est bien la Côte d'Ivoire. Qu'on soit militant du RHDP, PDCI, PPA-CI et j'en passe, nous sommes tous des Ivoiriens. Ce dialogue politique doit permettre de briser le mur de méfiance qui existe entre les populations et les militants de divers bords politiques. Dans cette crise, chacun a perdu quelque chose, mais il faut se pardonner et aller à la réconciliation, sans oublier d'indemniser les victimes. Sinon, leurs parents auront toujours le cœur qui saigne. »
11-Diarrassouba Moussa (PDT régional CNDH-CI)
« C'est la continuité de ce qui a été fait sous Gon Coulibaly »
« Pour le principe, le dialogue politique est important. Parce qu'il doit exister un cadre d'échanges entre les leaders afin de débattre des grands problèmes de la nation. C'est aussi important que les leaders établissent les relations entre eux pour éviter d'éventuels problèmes et surtout, faire tomber le mur de méfiance qui s'était établi entre eux. Ce dialogue s'inscrit dans la continuité de ce qui a été fait sous le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly. Pour ce qui est du contenu de ce dialogue, nous restons sur notre faim. Parce que les résultats ne sont pas encore probants. Les Ivoiriens attendent plus, ils attendent mieux. Que les acteurs politiques donnent plus de confiance aux Ivoiriens en décrispant l'atmosphère. Il faut mettre de côté, les intérêts partisans, les rancœurs pour ne regarder que l'intérêt général. Le pays doit sortir de la crise pour qu'ensemble, on travaille pour le développement. »
12-Le Père Augustin Obrou (Responsable de communication de l’archevêché d’Abidjan)
« Il faut que cette rencontre aboutisse à quelque chose »
Que ce ne soit pas encore une rencontre de plus. Une rencontre qui n’aboutit à rien. Que les gens aillent à cette rencontre avec la volonté ferme d’amener le pays à la paix. Le pays a souffert et continue de souffrir. Il faut que nos leaders politiques comprennent une fois pour toute que les choses les plus importantes sont la paix, l’éducation, la formation de nos enfants dont l’avenir nous préoccupe. Il faut que cette rencontre aboutisse à quelque chose. Cela n’est possible que si nos hommes politiques jouent leur rôle. »
Propos recueillis par Roxane Ouattara, Lyne Zahui