Politique

Bonne gouvernance / Audit des sociétés d’État : Le président Ouattara accentue la pression 

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Le président de la République, Alassane Ouattara, a eu la primeur ce jeudi 25 novembre 2021, du rapport d’Activités de l’Inspection Générale d’État (IGE), de l’Inspection Générale des Finances (IGF) et des Inspections Générales des différents ministères, pour les exercices 2018, 2019 et 2020. La remise officielle dudit document s’est effectuée au palais présidentiel d’Abidjan-Plateau, en présence de plusieurs personnalités.

 

 

À cette occasion, le chef de l’État a d’entrée, salué la qualité du travail mené par l’Inspecteur général d’État, Théophile Ahoua N’DOLI et ses collaborateurs, avant de réaffirmer sa ferme volonté à maintenir la pression, afin d’imposer une culture de bonne gouvernance. « Monsieur l’Inspecteur général de l’État, je voudrais vous féliciter, ainsi que vos collaborateurs pour la qualité des rapports qui sanctionnent les travaux effectués à l’occasion des missions de contrôle et d’audits réalisées dans les structures publiques, les sociétés d’État et les sociétés à participation financière publique. (…) L’audit et le contrôle me tiennent à cœur, surtout que je constate qu’après des importants progrès réalisés dans notre pays, dans la vie socio-économique depuis 2011, nous devons promouvoir davantage, la culture de la bonne gouvernance et la transparence dans la gestion des affaires publiques pour le bien-être de nos populations. Il y a quelques années, j’ai longuement parlé de l’Ivoirien nouveau, la nécessité pour nous d’avoir à l’esprit et au cœur de tout faire pour mener à bien, ce qui nous est confié. Malheureusement, cela tarde à venir », a-t-il insisté. Ayant pris la pleine mesure de la situation, à la suite de la présentation du rapport par l’inspecteur général d’État et pour avoir lui-même parcouru le document, le président a jugé « inadmissible », certains actes relevant de la mauvaise gouvernance.

Séance tenante, le président Ouattara a promis mettre tout en œuvre, afin que dès le retour du Premier ministre Patrick Achi, actuellement en visite aux Emirats Arabes Unis, des points et des recommandations soulevés par l’Inspection générale d’État qui présentent de graves dysfonctionnements, soient examinés dans les plus brefs délais. « J’ai écouté attentivement les constats, ainsi que vos recommandations. Je pense que nous avons beaucoup à faire. Je peux vous rassurer que nous allons, avec le Premier ministre, saisir cette occasion pour la mise en œuvre effective des recommandations. Par ailleurs, je vous ai reçu tout à l’heure pour un certain nombre de problèmes spécifiques que nous avons abordés ensemble. Dès le retour du Premier ministre de Dubaï, nous allons pouvoir examiner toutes ces questions durant le mois de décembre », a prévenu le chef de l’État. Il a également affiché sa détermination à poursuivre le combat pour la bonne gouvernance, en s’appuyant sur des structures comme le ministère en charge de la bonne gouvernance, du renforcement des capacités et de la lutte contre la corruption. Le chef de l’État est aussi revenu sur des instructions adressées au Premier ministre d’encourager et primer les personnes physiques ou morales qui se distinguent par leur intégrité.

Toutefois, le président Ouattara a réitéré son appel à l’égard de tous les gestionnaires de deniers publics, leur demandant de s’inscrire résolument dans la dynamique de la bonne gouvernance.

 

De graves manquements et dysfonctionnements relevés par l’IGE

 

Auparavant, l’inspecteur général d’État, Théophile Ahoua N’DOLI, a relevé que le rapport présentait les principales difficultés rencontrées par les organes de contrôle de l’ordre administratif et l’évaluation du fonctionnement des services publics. Il a proposé des recommandations destinées à améliorer le fonctionnement des services de l’État. « Au nombre des constats, nous pouvons notamment relever, tout d’abord, la situation de nombreux cadres occupant des postes de directeur et de chefs de service sans acte de nomination régulier. De même, il est apparu que des membres de Conseils d’Administration ou des Conseils de Gestion ont largement dépassé les termes de leurs mandats, sans être renouvelés ou remplacés. En plus, certains Conseils ne se réunissent pas ou se réunissent moins de fois qu’il est prévu par les textes. Quand ils le font, bien souvent, ils ne respectent pas la périodicité des réunions. Par ailleurs, quelquefois, les compétences professionnelles et les diplômes du personnel des structures inspectées ou auditées sont en déphasage avec les missions desdites structures. Bien souvent, en effet, il y a plus de personnel administratif que de spécialistes des domaines gérés par ces sociétés ou ces EPN. Il est également ressorti que l’informatisation du circuit de délivrance des documents d’urbanisme et de construction, devient une impérieuse nécessité, voire incontournable », a-t-il dénoncé.

Poursuivant, Théophile Ahoua N’DOLI a mis à nu, des anomalies liées à des « fraudes aux procédures du contrôle technique des véhicules automobiles » et indiqué que « près de la moitié des véhicules du parc roulant, inspectés sur la période de référence, ne se soumettent pas à la visite technique ».

« Certains véhicules dudit parc qui s'y soumettent obtiennent leur certificat par le biais de circuits frauduleux. Enfin, les missions ont permis de relever dans les structures auditées, des conflits de compétences et des juxtapositions de postes, faute de document de description de postes et de profil. Les structures de contrôle de l’ordre administratif, c’est-à-dire l’IGE, l’IGF et les IGM, sont confrontées à diverses difficultés dont nous citerons ici quelques-unes, à savoir, l’insuffisance de personnel qualifié pour l’exercice des nouveaux métiers, notamment l’audit basé sur les risques et l’évaluation des politiques et programmes publics, l’insuffisance des dotations financières pour la réalisation des missions, l’insuffisance du cadre organisationnel approprié pour favoriser des vocations pour les fonctions d’Inspecteurs, d’auditeurs et de contrôleurs internes.

Une autre difficulté non moins essentielle, réside dans l’indolence observée par certains ministères et structures parapubliques dans la mise en œuvre des recommandations issues des inspections et des audits effectués », a-t-il dévoilé.

 

Venance KOKORA

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