Lula da Silva, c'est avant tout un symbole. Celui de la lutte contre la pauvreté et la misère. Durant ses 8 ans de mandat, il créé une croissance économique qui permis la création de nombreux emplois : 15 millions en huit ans. Entre 2002 et 2010, le chômage a chuté de 12,6 % à 8 % de la population active. L’accès facilité au crédit bon marché pour les petites et moyennes entreprises n’a pas peu contribué à cette amélioration.
Deux mesures ont eu un impact particulier : l’augmentation du salaire minimum au-delà de l’inflation (cette dernière étant maintenue sous contrôle) et le programme « bolsa família » (bourse famille), attribuant une allocation, d’une valeur moyenne de 80 reales (35€ soit près de 23.000 Fcfa) aux familles si elles envoient leurs enfants à l’école. Plus de 11 millions de familles reçoivent cette allocation d’État. Le programme « bolsa família » a pris la place du projet initial, « faim zéro ». Pour modeste qu’elle soit, cette aide, en particulier dans le Nordeste, a permis un début de reprise de l’économie régionale et locale.
Bien d’autres programmes sociaux ont eu un impact direct sur les conditions de vie des plus pauvres : « Lumière pour tous », « ma maison, ma vie » (projet de construction de 1 million de maisons populaires), « agriculture familiale », « prouni » (quotas pour promouvoir l’accès de la population noire à l’université), « écoles professionnelles ». Le projet de construire 1 million de citernes pour que les familles du Sertão (région semi-aride du Nordeste du Brésil) puissent recueillir les eaux de pluie pour l’usage domestique. Lula est parvenu à réduire le nombre de ceux qui souffraient de la faim ou de malnutrition de 45 à 15 millions. On estime qu’environ 30 millions de personnes sont sorties de la pauvreté et ont plus de sécurité et de confiance en l’avenir. Mais tous les secteurs de la société ont vu leur revenu augmenter, pour certains en accédant aux biens de la modernité : voiture, appareil photo numérique, grand écran de télévision, lecteur DVD, etc. Les nombreux investissements en infrastructures réalisés au Nord et au Nordeste ont un peu réduit les grandes disparités entre les différentes régions du pays.
Qu'en est-il de Gbagbo. Quasiment rien. Il a quitté le pays avec 51% de taux pauvreté. Avoir de l'eau potable dans le district d'Abidjan, principalement dans les communes d'Abobo, de Yopougon, de Koumassi Remblais et de bien d'autres villes du pays profond relevait de l'utopie. Qu'en était il de l'électricité. Moins de 50% du territoire ivoirien était couvert par le courant. Bref, le bilan, désastreux, n'était plus à démontrer. Cerise sur le gâteau, il quitte le pouvoir dans un bain de sang. 3000 morts après une crise post-électorale qui avait consumé les fondamentaux de l'économie ivoirienne : administration à terre, precarisation accélérée de la qualité de vie. L'argument de la guerre ne saurait être un alibi. Puisque la sécurité d'un État incombe au chef suprême des armées. La Côte d’Ivoire utile a pourtant continué de fonctionner.
Aujourd’hui, sous la gouvernance Alassane Ouattara, le taux de pauvreté a chuté et se situe autour de 35%. Plus de 2 millions de personnes sont sortis de la pauvreté. Plus de 2 millions d'emplois créés. Les communes d'Abobo et de Yopougon sont de plus en plus viables avec des voies de communication bitumées. Les ponts, routes, stations de traitement d'eau potables, barrages, centrales thermiques, tout bouge. Les salaires des fonctionnaires ont été décrochés, puis revalorisés. Il y a une couverture maladie universelle pour les plus défavorisés. Les investissements directs étrangers ont augmenté. Le budget de l'Etat est passé de plus de 2000 milliards de francs en 2010 à 11.000 milliards de Fcfa.
L'inflation, maîtrisée, place la Côte d'Ivoire parmi les pays de la sous-région où il fait bon vivre. Les filets sociaux permettent à des centaines de milliers de personnes de disposer d'un minimum pour vivre. Au plan de la sécurité, la Côte d'Ivoire a fait un bond spectaculaire. En 10 ans, c'est plus d'une vingtaine de coups d'Etat qui ont été déjoués. Les attaques répétées à l'ouest, les attaques des commissariats, des brigades de gendarmerie et de camps militaires sont un lointain souvenir. La menace terroriste est contenue. Le phénomène des enfants en conflit avec la loi, appelés communément microbes a été presque ou du moins jugulé. L'accès à l'eau potable et à l'électricité avec les compteurs sociaux est désormais chose faite. Sur le plan de l'éducation, de nouvelles universités (San Pedro, Man et bientôt Bondoukou et Daoukro) ont vu le jour. Des dizaines d'établissements d'excellence, professionnels et de collèges et lycées ont vu le jour. Des dizaines de milliers de classes dans préscolaire et l'enseignement primaire ont été construites également.
Au vu de ses éléments comparatifs, Gbagbo ne peut être Lula, tout comme Gbagbo a lui-même dit qu'il n'est pas Mandela. Il est Laurent Gbagbo, le chef d'Etat dont le mandat a été émaillé de scories qui ont entamé sa crédibilité. On peut aisément savoir qui est plus proche de Lula. J'en ai terminé.
Avec revue-projet.com
Yacouba DOUMBIA
Observateur averti