
Le tribunal a reconnu le général Gilbert Diendéré « coupable des faits de complicité d’arrestation illégale et séquestration aggravée » et condamné « à 20 ans ferme et une amende d'un million de francs CFA ». Le verdict dépasse largement la réquisition du Parquet qui avait réclamé 7 ans ferme.
D’autres charges comme « complicité de coup et blessures ayant entraîné la mort » et « recel de cadavre » ont été abandonnées pour "prescription".
S'exprimant avant la décision de justice, le général Diendéré, qui avait plaidé "non coupable", a « solennellement et humblement demandé pardon à la famille de Dabo Boukary, pour tout ce qu’elle a subi, au nom des auteurs de l’assassinat ». « Je n’ai pas participé à l’arrestation et la torture de Dabo Boukary », s’est-il défendu à la barre.
Lors de sa déposition il avait indiqué que l’ordre « d’enlever les étudiants était venu du cabinet de la présidence » et a affirmé avoir seulement été « informé du décès de l’étudiant dont il ignorait l'arrestation ».
Le colonel Mamadou Bamba, lui aussi accusé de « complicité d’arrestation illégale et de séquestration » pour avoir indiqué à l'époque aux soldats quels étudiants devaient être arrêtés après une manifestation, a écopé de 10 ans de prison ferme et d'une amende d'un million de francs CFA.
Enfin, le 3e co- accusé, sergent Victor Magloire Yougbare, absent du procès et jugé par contumace, pour avoir conduit le véhicule transportant le corps de l'étudiant, a été condamné à 30 ans de prison ferme et à une amende 5 millions de francs CFA. Un mandat d'arrêt a été émis contre lui.
Surpris par les peines, Me Latif Dabo, avocat des mis en cause, a indiqué que la défense aviserait sur un éventuel appel après un échange avec leurs clients.
Gilbert Diendéré, figure militaire bien connue au pays des Etalons, a déjà été condamné cette année à perpétuité pour son rôle dans l'assassinat de l'ex-président Thomas Sankara et de 12 de ses compagnons, en 1987, dans un putsch qui a porté au pouvoir Blaise Compaoré. Il avait aussi écopé de 20 ans de prison, en 2019, pour sa participation à une tentative de coup d'Etat 4 ans plus tôt.
Bema Bakayoko avec africanews.fr