La candidate du parti d’extrême droite, Marine Le Pen, ne sera pas présidente de la France. La majorité des Français lui ont barré la route de l’Elysée en lui préférant Emmanuel Macron. Ce rejet du repli identitaire qu’incarne Marine Le Pen, devrait interpeller ceux qui, chez nous, surfent encore sur le discours ivoiritaire.
Le président français sortant a, en effet, été réélu par 58,54% de voix contre 41,46% pour la présidente du Rassemblement National (RN), le dimanche 24 avril 2022. Les Français se sont donc majoritairement dressés contre l’arrivée au pouvoir de la figure de l’extrême droite en France. Bien que ne se reconnaissant pas forcément dans la gestion du pouvoir telle que conduite par Macron, ils l’ont préféré au péril que constitue le projet de société de Marine Le Pen. Le président sortant est apparu aux yeux de 58 % des Français comme le moindre mal. Comme le prédisaient les sondages, ils se sont dressés contre l’accession de l’extrême droite au pouvoir. Comme ils l’ont fait en 2017 quand la même Marine Le Pen était opposée au même Macron au second tour de la présidentielle. Comme ils l’ont fait quand, en 2002, il a fallu choisir entre Jacques Chirac et Jean-Marie Le Pen, le père de Marine. Certes, à l’époque, la victoire de Chirac était plus triomphante avec 82%. Ce pourcentage, expression d’une victoire sans bavure, s’est certes, rétréci quand Macron l’emportait devant Marine en 2017, passant à 66% et plus encore cette année, passant à 58%.
Il reste que, comme il y a 5 ans et même 20 ans, la France républicaine, la patrie de la déclaration universelle des droits de l’Homme, s’est dressée contre les idées identitaires et ultranationalistes de l’extrême droite dont Marine Le Pen est le héraut. Cette fois encore, hommes de culture, artistes, français issus de l’immigration, afro-descendants, bref tous les Français soucieux de préserver ce qui apparaît comme l’ADN de la France, c’est-à-dire les valeurs universelles, ont rejeté le « rétrécissement » prôné par le RN. Ils ont dit non aux discours tendant à mettre à l’index, l’immigré et donc l’étranger, le voile islamique, le droit du sol, le regroupement familial, la primauté des lois européennes sur les lois nationales. En un mot, ils ont refusé de porter au pouvoir, un parti d’extrême droite qui appelle au repli de la France sur ses frontières. Tout le contraire du projet porté par le rival, Emmanuel Macron.
En fermant le chemin qui mène à l’Elysée à Marine Le Pen, les Français parlent aux Ivoiriens : ils les appellent à ne pas céder au chant des sirènes qui aiment à surfer sur la rhétorique identitaire pour espérer doper le moral de leurs ouailles. Mieux, ils les exhortent à s’élever au-dessus de leurs dissensions pour faire front, en pareille circonstance, contre les Marine Le Pen de chez nous. Le message est donc clair : face au péril identitaire, il faut faire bloc. Il faut œuvrer à rendre inaudibles les voix de ces ivoiritaires et autres adeptes de l’ultranationalisme à la Marine. À cet effet, tous ceux qui sont contre cette propension au repli sur soi, devraient travailler à freiner la propagation des idéologies identitaires qui, faute d’avoir été vigoureusement combattues en France, gagnent du terrain. Comme en témoigne le bon score réalisé par Marine Le Pen au second tour de l’élection présidentielle qui s’est tenue le 24 avril dernier.
Assane NIADA