Au Soudan, le Premier ministre Abdallah Hamdok, écarté lors d'un coup d'Etat militaire le 25 octobre, a été rétabli dans ses fonctions suite à un accord signé formellement, ce dimanche 21 novembre, avec le général Abdel Fattah al-Burhane, à Khartoum.
Ayant été placé en résidence surveillée, Abdallah Hamdok a fait sa première apparition publique, ce dimanche après-midi, depuis le putch, lors de laquelle il a tenu un bref discours aux côtés du général Burhane, chef de l'armée et auteur du putsch. Les deux hommes se sont dit engagés à remettre sur les rails la transition vers la démocratie lors de la cérémonie de signature, au palais présidentiel, devant lequel des milliers de manifestants anti-putsch manifestaient.
Mobilisation massive
En début d’après-midi et en dépit de l’accord, la mobilisation s’annonçait déjà massive à Khartoum, dans le nord de la capitale, mais aussi dans le reste du pays.
A Bahri, un quartier de la capitale qui a été violemment réprimé, mercredi dernier, où 13 personnes avaient été tuées par des forces de l’ordre - la plupart par balles - il n’y avait, aujourd'hui, étrangement, pas de présence policière, pas d’uniforme. C’est une première depuis le 25 octobre.
Les anti-putch sceptiques
Dans la matinée, les manifestants étaient cependant dans l’expectative. Tous ont entendu qu’un accord pourrait aboutir entre Abdallah Hamdok et le général Abdel Fattah al-Burhane. Pourtant, ils restaient sceptiques. Certains y voyaient une tactique pour calmer l’ardeur de la rue. Ils ne boiront pas à la libération du Premier ministre tant qu’ils ne l’auront pas vu apparaître publiquement. Mais maintenant que c’est fait, ils affirment surtout qu’ils rejetteront fermement tout accord qui préserve les intérêts de l’armée au pouvoir.
Ainsi, le message est plutôt clair : pas de négociation avec Burhane et les généraux putschistes, pas de partenariat. Autrement dit, si Abdallah Hamdok fait trop de concessions, il perdra, lui aussi, le soutien de la rue.
Le Front pour la liberté et le changement (FFC), tête de pont de la composante civile du gouvernement déchu par le général Burhan, a de son côté annoncé rejeter cet accord et maintenir l’appel à manifester ce dimanche. « Nous réaffirmons clairement qu'il n'y a pas de négociation, ni de partenariat » avec « les putschistes », affirme le FFC.
« Nous ne sommes pas intéressés par un accord avec cette junte brutale », a également réagi, sur Twitter, le Parti du congrès soudanais qui réclame que les auteurs du coup d’État soient traduits en justice pour la répression sanglante des manifestations organisées depuis le putsch.
« Ils se moquent de nous », a également déclaré à RFI un cadre du Parti communiste soudanais.
rfi