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Lybie, Rwanda, France-Afrique / Sarkozy refuse « la repentance systématique »

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L'ancien président français Nicolas Sarkozy s'est confié dans un entretien au Point sur la mémoire et l'Histoire de la France. L’Avenir vous dresse un point sur ce qu’il faut retenir de cette interview publiée ce jeudi 6 mai 2021.

Dans un long entretien accordé au magazine Le Point et publié ce jeudi 6 mai 2021, Nicolas Sarkozy aborde les liens de la France et du continent africain, notamment avec le Rwanda, la Libye ou encore l'Algérie. Il évoque la France actuelle et les controverses autour de certaines figures historiques, comme Napoléon dont le bicentenaire de la mort est commémoré cette semaine. « Il faut prendre garde à ne pas juger hier avec les yeux d'aujourd'hui ». Certes, l’ancien chef de l'Etat souhaite une reconnaissance « des erreurs les plus graves » mais refuse « la repentance systématique ». Sur l'intervention française en Lybie, qualifiée « d'erreur » par Emmanuel Macron, M. Sarkozy rétorque : « Il se trompe ». « Je reste fier de cette décision qui a sauvé des milliers de vies innocentes », se défend-il. Avant d'ajouter : «Je préfère affronter la polémique politicienne plutôt que la responsabilité devant l'Histoire d'un massacre certain sur lequel la France aurait fermé les yeux. » S'il plaide pour une reconnaissance des erreurs les plus graves de la France, l'ancien chef d'Etat refuse la « repentance systématique ». « Il faut être fort pour reconnaître les erreurs commises dans le passé. Cela ne doit pas nous conduire à haïr notre histoire et à déboulonner nos statues. Il faut prendre garde à ne pas juger hier avec les yeux d'aujourd'hui », souligne-t-il auprès des journalistes du Point. A propos du rôle de la France dans le génocide des Tutsis au Rwanda en 1994, M. Sarkozy est catégorique : « Il n'y a pas eu de complicité de la France, de l'armée française dans ce projet raciste. Cela doit être affirmé avec force. Il y a eu des erreurs lourdes, un aveuglement coupable ». Il pointe « l'aveuglement dramatique » d'un petit groupe : le chef d'étatmajor particulier, la cellule Afrique et le président François Mitterrand. Afin de tourner la page et apaiser la relation entre les deux pays, il invite Emmanuel Macron à nommer « au plus vite » un ambassadeur à Kigali et à se déplacer au mémorial du génocide. Pour l’ancien chef de l’Etat, ce geste « s'impose » à Macron. Il revient également sur le « privilège blanc » évoqué par certains courants de pensée. « Il faut en finir avec cette présentation fausse et folle selon laquelle le Blanc serait par définition raciste. Et qu'il devrait expier sur plusieurs générations », déplore Nicolas Sarkozy, évoquant les exemples de la Shoah ou du génocide rwandais. « Caricaturer le racisme en affirmant qu'il est l'apanage d'une couleur ou d'une civilisation est un mensonge », ajoute-t-il. Retiré de la « politique active », l’ancien président de la République confie néanmoins ses craintes quant « au rôle de la France » ou encore « au dérèglement profond de notre démocratie ». « Désormais, chacun évoque son intérêt, celui de sa communauté, celui de ses idées, sans qu'à aucun moment soient pris en compte ceux du pays ou de la collectivité dans son ensemble », pointe-til. « La France a un urgent besoin d'une vision ambitieuse, seule à même de mobiliser les énergies », souligne encore Nicolas Sarkozy, craignant dans le cas contraire un avenir « sombre ».

Ténin Bè Ousmane

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