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Opération "côcôcô" du PPA-CI ou le rendez-vous du déni et de la manipulation

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À neuf mois de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire, le Parti des peuples africains-Côte d'Ivoire (PPA-CI) compte entamer une tournée de mobilisation dénommée "Côcôcô" sur Abidjan et sa ceinture. L'information a été rapportée dans une décision de ladite formation politique, le mercredi 15 janvier 2025.

Et selon cette décision, l'objectif de cette tournée est de permettre à M. Gbagbo « de parler à toutes les classes de la population ivoirienne ». Dans une démocratie, c’est un droit pour toutes les formations politiques qui aspirent à diriger le pays de s’organiser pour la conquête et l’exercice du pouvoir. Dans les principes, le PPA-CI est donc bien fondé à entreprendre une tournée d’envergure nationale ou qui se limite à Abidjan et sa ceinture. Mais là où le bât blesse, c’est ce à quoi l’opposition en général et le PPA-CI en particulier, a habitué les Ivoiriens. Un parti d’opposition, surtout sous nos tropiques, n’a pas pour habitude de vanter les mérites ou les progrès des gouvernants, même quand cela ne souffre d’aucune ambiguïté. Mais l’ancien parti au pouvoir, dans sa posture de parti d’opposition, s’est inscrit dans une posture qui contraste avec les valeurs qu’il promeut.

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Depuis son retour en Côte d’Ivoire, après la case prison et la création de son nouvel appareil politique, Laurent Gbagbo s’est inscrit dans une dynamique où c’est sa personne qui constitue le projet de société et le programme de gouvernement du PPA-CI. Et ce faisant, ses lieutenants se sont inscrits dans une logique de désinformation, de manipulation, de distorsion des faits et surtout de déni. Depuis le congrès constitutif du PPA-CI en octobre 2021, toutes les sorties publiques des responsables de cette formation sont un ramassis de contrevérités, de négation des évidences et surtout de manipulation au détriment d’une offre politique afin d’amener les populations à adhérer à cette formation politique. Après son divorce fracassant à l’aéroport, les premières sorties de Laurent Gbagbo étaient des appels voilés au soulèvement, à la haine religieuse et ethnique.

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Le 28 août 2021, voulant reconquérir le cœur des populations Wê, venues le saluer, le président du PPA-CI a tenu des propos qui contrarient fortement avec son statut d’ancien président de la République. « Moi, un moment, je me suis dit, les Wê ont beaucoup de forêts, donc les gens vont les attaquer pour prendre leurs forêts. Pour prendre les caféiers, les cacaoyers, donc les gens les attaquent. Peut-être que c’est ce qui explique ça. Mais, si c’est ça, c’est grave ! ». Le 13 février 2022, il a remis le couvert, cette fois-ci, dans une église où il a tenu des propos hautement toxiques à la paix sociale et qui poussent à la haine religieuse. « Cher frère, ma première parole est de dire yako à l’église évangélique. Yako, yako, parce que quand j’ai été arrêté en avril 2011, certaines personnes pas trop cultivées, ont estimé qu’il fallait attaquer et décimer les évangéliques, car pour eux (sic), j’étais leur fruit et ils étaient ma base, donc il fallait les attaquer. Il y a des pasteurs qui ont été tués, des églises vandalisées, même celle-ci.

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Il y a des églises sur lesquelles on a tiré des balles réelles ». Le 19 mars 2022, au motif d’aller saluer les populations Atchan, il a encore incité ces populations au soulèvement, parce que, selon lui, le Gouvernement est train de les exproprier de leurs terres. Sur le plan social, voici quelques éléments qui, à coup sûr, s’inviteront dans le discours du président du PPA-CI, tout au long de cette tournée Côcôcô.  Au plan politique, le déni et la négation des évidences seront aussi la trame du discours de Gbagbo. 15 ans après sa défaite à l’élection présidentielle de 2010 et après la crise post-électorale qui s’en est suivie, l’homme est toujours dans la logique de « qui a gagné les élections ? », alors que les Ivoiriens ont tourné la page. Tout au long de cette même tournée, il va, à nouveau, abreuver ses ouailles de ce discours passéiste qui n’intéresse plus quelqu’un dans ce pays. Sans aucune offre politique, son seul projet sera certainement de relancer l’appel de Bonoua qui peine à séduire les autres formations de l’opposition. En tout et pour tout, à 9 mois de l’élection présidentielle, Gbagbo ira vers les populations pour leur dire trois choses : c’est lui qui a gagné les élections en 2010, tout est ruine et désolation en Côte d’Ivoire, Ouattara doit donc partir. Ni plus, ni moins.

Bernard KRA

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