Renseignement, il ressort que ce sont deux militants, tous de la commune de Yopougon qui ont introduit une procédure judiciaire à la veille du congrès à l’effet de l’annuler. Après avoir déclaré la requête recevable, la justice a accordé une suite favorable aux requérants et le congrès a été suspendu. Devant l’effet de surprise, certains militants et des acteurs de l’opposition ont commencé à agiter le chiffon rouge de la machination politique en accusant le pouvoir d’empêcher ce congrès.
Fort heureusement, certains cadres, notamment l’avocat du PDCI-RDA, Me Blessy Chrysostome a reconnu la régularité de la décision. Passé le temps des récriminations et autres incantations politiques, passons aux analyses afin de situer les responsabilités de cette annulation. Il faut que cela soit clair : Ce qui se passe actuellement au PDCI-RDA est loin d’être une manœuvre politicienne pour empêcher quelqu’un d’être élu président d’une formation politique. Au regard de l’atmosphère qui prévaut dans ce parti depuis des semaines, l’on peut dire que la suspension du congrès du 16 décembre est la conséquence de l’opacité qui a entouré l’organisation de cet important rendez-vous qui a d’ailleurs été dénoncé par des grosses têtes du parti. On peut l’aimer comme ne pas l’aimer.
Aujourd’hui, grande est notre déception de constater l’opacité dans laquelle est conduit le processus électoral devant aboutir à l’élection du nouveau Président du PDCI-RDA
Mais le secrétaire exécutif du parti, le Pr Maurice Kakou Guikahué avait attiré l’attention de la direction intérimaire sur les atermoiements du comité électoral qui s’est inscrit dans un véritable flou artistique sur la liste des candidats devant compétir au congrès. Les interpellations du Secrétaire exécutif ont été suivies par des communiqués alambiqués de la direction du parti qui est revenu sur sa décision en soutenant qu’aucune candidature n’a été invalidée sans toutefois publier cette fameuse liste. Après cela, les anciens ministres Jean Louis Billon et Thierry Tanoh ont produit un communiqué conjoint dans lequel ils ont dénoncé une opacité qui entoure ce congrès. « Aujourd’hui, grande est notre déception de constater l’opacité dans laquelle est conduit le processus électoral devant aboutir à l’élection du nouveau Président du PDCI-RDA. Quelle crédibilité et légitimité aura un Président élu dans de telles conditions ? Comment est-il concevable qu’à quelques jours du dit congrès, le rapport du comité électoral ne soit toujours pas rendu public, ce qui permettrait ainsi à tous les militants d’apprécier les candidats au regard des éléments, publiquement demandés dans leurs dossiers de candidature ? (…) Nous élevons par cette déclaration conjointe notre protestation et nous exprimons notre déception et notre préoccupation face à tout ce que nous voyons dans le cadre de l’organisation du prochain congrès extraordinaire et notamment dans son manque de transparence. Les communiqués et déclarations contradictoires que nous observons en ce moment en sont une preuve consternante », précise le communiqué conjoint.
Au lieu de prendre en compte ces observations de ces cadres, la Direction intérimaire s’est inscrite dans une logique qui laisse clairement entrevoir qu’elle était en mission commandée. Ainsi donc, jusqu’au jour du congrès, personne ne connaissait les candidats en lice pour occuper le fauteuil de Bédié laissé vacant depuis son décès en aout 2023. Dans un tel contexte, on ne peut pas être étonné que des militants, conformément aux textes du parti, prennent des initiatives pour la suspension du congrès. Ce qui s’est passé ce samedi 16 décembre 2023 est donc la conséquence de l’opacité du processus électoral qui avait été dénoncé à maintes reprises par des cadres et non des moindres. Maintenant que le congrès a été suspendu, il appartient au Professeur Boni Cowppli, président intérimaire du PDCI- RDA d’analyser les observations de ceux qui dénoncent cette opacité afin d’aplanir tous les différends pour convoquer in fine un autre congrès, en bonne et due forme, conformément aux textes du PDCI-RDA.
Kra Bernard