La Côte d'Ivoire a vécu l'une des semaines les plus mouvementées de l'année 2021, sur le plan politique. Après son acquittement total par la Chambre d’appel de la Cour pénale internationale, l'ancien président Laurent Gbagbo a été annoncé à Abidjan ce jeudi 17 juin 2021. Dès l'annonce de cette date, il y a eu une sorte de levée de bouclier chez les victimes d’une part, qui ne voulaient pas d'un accueil populaire et d'autre part, chez les partisans de l'ancien président qui voulaient l'accueillir comme un héros. Dans la dernière semaine de ce retour, le pays a pratiquement retenu son souffle. Certains Ivoiriens craignant des troubles, ont même fait leurs provisions. Des chancelleries et multinationales ont mis en congé, leur personnel avec des injonctions de ne pas sortir de chez eux, le jeudi 17 juin. Puis, arriva ce jeudi tant parlé et Laurent Gbagbo arriva. En dehors de quelques échauffourées de certains partisans de l’ex-chef d’Etat qui voulaient coûte que coûte se rendre à l'aéroport, aucun incident n'a été signalé. Ce qui a plutôt retenu l’attention de l'opinion, c’est cet imbroglio politico-conjugal qui s'est exacerbé entre l'ancien président et son épouse et qui va immanquablement avoir de lourdes répercussions dans sa famille politique. Hormis cette crise des jupons qui avait déjà commencé au Palais présidentiel, rien n’a été signalé ce jeudi 17 juin 2021. Laurent Gbagbo est arrivé et dans les jours d'après, le soleil continue de se lever à l'Est et se coucher à l'Ouest. Les oiseaux continuent de chanter à chaque levée du jour. Le 6 n'est pas devenu le 9.
« Celui qui est présenté comme le prophète de la réconciliation est venu accentuer les dissensions dans son propre camp et même dans sa vie de couple. Celui qui n'est pas à mesure d'apporter la réconciliation dans son foyer et dans son parti politique, peut-il réconcilier toute une Nation ? »
Ceux qui ont pensé que le retour de Laurent Gbagbo allait résoudre leurs problèmes de foyer, de travail ou changer leur situation peuvent revenir à la réalité. Ceux qui scandaient aussi chaque jour que l'ancien président est le deus ex machina qui allait apporter la réconciliation sur la scène politique nationale ont été eux aussi servis. Bien au contraire, celui qui est présenté comme le prophète de la réconciliation est venu accentuer les dissensions dans son propre camp et même dans sa vie de couple. Celui qui n'est pas à mesure d'apporter la réconciliation dans son foyer et dans son parti politique, peut-il réconcilier toute une Nation ? Il ne faut pas se méprendre. Laurent Gbagbo est revenu dans son pays. C'est une bonne chose pour lui. Mais, il faut éviter d'embarquer les Ivoiriens dans des débats stériles et improductifs. Quel que soit leur bord politique, ce que les populations attendent aujourd'hui, c'est l'amélioration de leurs conditions de vie. C'est le seul combat qui vaille d'être mené. En dehors du réconfort moral pour ses proches et de l'amertume pour les victimes, le retour de Gbagbo n'a pas augmenté le salaire de quelqu'un ou réglé les problèmes de loyer ou de popote de ses propres partisans. Les populations doivent savoir se concentrer sur l'essentiel et cet essentiel, c'est le développement de leur pays et le bien-être de leurs familles. Après tout ce qui s'est passé en 2011, les tentatives de diversion à travers un messianisme politique ne doivent plus prospérer dans ce pays. Personne ne viendra, ni de La Haye encore moins de la planète Mars, pour prétendre faire leur bonheur. Nous sommes en 2021 et les paradigmes de la politique ont évolué. Si jusque-là, certains continuent de soutenir un projet de match retour, qu'ils sachent que personne ne les suivra sur les sentiers de la perdition. Le pays a changé !
Kra Bernard