La réunion du comité spéciale à Accra, la capitale Ghanéenne, a fini par livrer des secrets. Les deux grands producteurs de cacao au monde ont décidé désormais de parler d’une même voix pour défendre leurs intérêts.*
En effet, à l’issue des discussions entre la délégation ivoirienne et celle de la partie ghanéenne, lors de la 6e réunion du comité de pilotage de l’Initiative Cacao Côte d’Ivoire – Ghana (ICCIG) qui a eu lieu à Accra mardi 15 avril 2024, plusieurs sujets ont été soumis à l’ordre du jour dont celui des derniers règlements de l’Union Européenne et autres.
A ce propos, l’ICCIG a décidé de se prévenir des conséquences de ces mesures pour les industries du cacao du Ghana et de la Côte d'Ivoire. L’UE prévoit à compter de janvier 2025 de mettre en application des directives sur le devoir de diligence des entreprises en matière de développement durable qui tiendra les entreprises responsables des violations des droits de l'homme et des problèmes environnementaux dans leurs chaînes d'approvisionnement. La mise en œuvre se fait en deux ans par le biais de la législation nationale des États membres et s'applique à tous les secteurs. Aussi, le règlement sur le travail forcé tiendra les entreprises responsables du travail forcé dans leurs chaînes d'approvisionnement. Ce règlement n'a pas encore été voté par le Parlement et le Conseil et s'applique à tous les secteurs. Le règlement européen sur les résidus d’hydrocarbures d'huiles minérales vise à réduire le niveau de MOSH et de MOAH dans des produits comme le cacao. Ces substances toxiques peuvent être présentes dans les aliments par la contamination de l'environnement, les lubrifiants pour les machines et les camions, les emballages et les matériaux en contact avec les aliments. Ce règlement est en cours de discussion.
Il a été également question pour le Comité de délibérer sur les implications possibles de ces règlements sur la production et le commerce du cacao. Raison pour laquelle, il a été recommandé que la question de la réglementation soit ajoutée aux sujets de discussion pour des Comités Techniques.
Ces Comités Techniques doivent examiner en détail l'ensemble de ces réglementations et informer le Secrétariat de la dynamique et élaborer des stratégies de lobbying efficaces au nom des pays.
D’ailleurs, l’initiative projette à leurs prochaines réunions d’élargir les Comités Techniques aux experts des deux institutions afin de trancher sur le sujet.
La réunion a été présidée par le Vice-Président du Comité Spécial, Ray Ankrah (Directeur Général Adjoint chargé des Finances et de l'Administration du Cocobod) en remplacement du Président du Comité, Dr Koffi NGoran (Directeur Général Adjoint du Conseil du Café-Cacao) qui n'a pas pu y participer. Le Président de séance qui a animé la réunion avec l’appui du Secrétaire Exécutif, Alex Assanvo a également statué sur le Différentiel de revenu décent (DRD).
Le Différentiel de revenu décent
Ce mécanisme vise à garantir aux producteurs ivoiriens et ghanéens de cacao un revenu décent grâce aux fruits de leur travail. Le DRD part du constat que le prix payé au producteur et fixé par le marché international est insuffisant. Le DRD permet de rééquilibrer ce prix trop faible au profit d’un prix équitable pour leur cacao, qui reflète les coûts réels de production ainsi qu’une marge de profit raisonnable.
La réunion d’Accra qui a débattu de la nécessité de réexaminer le mécanisme DRD, à la lumière de la situation du marché et de tous les changements survenus dans les économies du Ghana et de la Côte d'Ivoire a décidé qu’il était nécessaire d'examiner le mécanisme du DRD dans son intégralité, en prenant en compte le coût de production et le coût de mise en conformité.
Séance tenante, le Comité Spécial a recommandé au Comité de Pilotage de renvoyer l'examen du DRD au Comité Économique et de la Commercialisation pour qu'il prenne des mesures adéquates et stratégiques pour maintenir des prix plus élevés .
Les deux importants producteurs de l’or brun ont mis l’accent sur la promotion de la consommation de cacao pour soutenir des prix élevés. Sur rapport du secrétariat, il est indiqué que l'état du marché du cacao sur la base des tendances historiques, les prix pourraient baisser après les niveaux records sans précédent.
Malgré ce état de fait, les deux pays se sont accordés pour maintenir les prix élevés grâce aux efforts conjoints. La commission dit avoir pris note des efforts déployés par chaque pays pour promouvoir la consommation. En particulier, l'étude conjointe sur la promotion de la consommation dans la sous-région. Les résultats de l'étude seront délibérés par le Comité Économique et de Commercialisation et des recommandations seront formulées à l'intention du Comité de Pilotage.
Les participants à la réunion ont aussi décidé que la promotion de la consommation devrait être au premier plan et au centre des travaux du Secrétariat.
D’autres sujets en rapport avec la contrebande et l’inauguration du nouveau siège de l’ ICCIG ne sont pas restés sous silence.
La réunion a souligné l'engagement commun à s'attaquer au problème. Le Comité spécial a recommandé au Comité Economique d'examiner les moyens efficaces de s'attaquer au problème et de recommander des actions à mettre en œuvre par les pays. Concernant la mise en service du siège de l'initiative, les participants ont noté que des progrès significatifs avaient été accomplis par le Ghana pour l'achèvement du Siège. Le Secrétaire Exécutif a félicité la construction d'un édifice de pointe en tant que Siège de l'Initiative et indiqué que les locaux sont prêts à être mis en service.
Notons que le ministre d’Etat, ministre de l’Agriculture, du développement rural et des productions vivrières, Kobenan Kouassi Adjoumani qui séjourne depuis lundi au Ghana, a salué à la réunion du comité de pilotage un acte historique entre la Côte d’Ivoire et le Ghana.
Venance KOKORA
