Les femmes productrices font souvent face à des acheteurs véreux qui leur font voir des vertes et des pas mures. La situation a été évoqué à l’occasion d’un Meet up organisé par le confrère de « Cêwa magazine » au siège de la fondation African women (AWI) sis à Abidjan - Cocody, précisément à la Riviera Golf.
Maitre Bah Leroux Vanessa, avocate au barreau de Côte d’Ivoire, l’une des intervenantes pour partager son expérience sur la situation qui prévaut au sein des femmes du monde agricole et même en zone urbaine. Elle a fait savoir qu’à des missions dans des localités du pays, dans le cadre de campagnes de sensibilisation, les avocates du barreau intervenaient auprès des femmes pour les prévenir des acheteurs de mauvaises foi. Mais surtout faire de sorte à permettre à celles-ci de bénéficier des avantages de la loi.
C’est le cas au cours de l’une de leurs tournées à Man en février 2023, ou les avocates au barreau ont exhorter les femmes à redoubler de vigilances dans les passassions de contrats au niveau des coopératives.
« Nous approchons les femmes et nous donnons des formations et consultations gratuites afin qu’elles se formalisent à la loi à travers l'acte uniforme sur les sociétés coopératives Certes, elles sont en coopératives mais elles sont des sociétés. (…) Nous leur disons en termes de contrat, si vous n’êtes pas bien structurées, des gens viendront prendre les produits de vos coopératives et vous aurez du mal à réclamer votre agent et à le récupérer. On leur rédige un contrat type avec une bonne assistance. Quand elles reviennent vers nous, c’est pour les aider à poursuivre leurs créanciers pour récupérer leurs dus. Quand vous les sensibiliser à la structuration. Quand vous leur dites cela et que vous revenez tout est mis en place parce qu’elles suivent cela à la lettre. », a-t-elle justifié.
Maitre Bah s’est réjouie de la résilience des femmes en zone rurale malgré leur non scolarisation se battent pour assumer leurs droits et autonomie financière.
« Dans les zones rurales ce n’est pas parce qu’elles ne sont pas lettrées qu’elles ne savent rien. Bien au contraire, elles se battent énormément. Il faut avoir beaucoup de respect pour les femmes en zone rurale parce-que le challenge est immense », a-t-elle réagi.
Avant de plaider pour l’investissement dans la femme et le droit de la femme afin d’assurer son autonomisation. « Il faut donc encourager à la scolarisation de la jeune fille en milieu rural comme urbain ».
La location des terres en lieu et place de la gratuité
De son côté Aude Viviane Goulivas, agente de développement à l’ambassade du Canada, au département de la coopération internationale et coach programme de renforcement des capacités au LAB Femmes, s’est souvenu qu’au Fonds Interprofessionnel pour la Recherche et le Conseil Agricoles (FIRCA), elle avait engagé des actions similaires allant dans le sens d’aider les femmes à réussir des passations de marché, comparer les factures de deux ou trois fournisseurs avant de lancer leurs commandes.
Cependant, pour prévenir les femmes des contrats de dupes, elle leur a recommandé de mettre en place un réseau leur permettant de développer depuis les champs un système de commercialisation et d’approvisionnement des marchés.
« Depuis les champs ou elles produisent, elles doivent se mettre en réseau afin de développer un système de commercialisation pouvant approvisionner les marchés. C’est de se mettre dans ces dispositions pour réduire les pertes post récolte par la transformation. C’est des initiatives qu'il faut accompagner », a-t-elle insisté.
Mme Goulivas, est revenu sur un autre phénomène également qui est un handicap pour l’activité des femmes dans les sociétés coopératives ou groupements. Elle a pointé du doigt l’initiative des femmes donnant accès gratuit aux terres cultivables.
« Dans les villages, il y a beaucoup de groupements de femmes qui demandent gratuitement la terre aux chefs ou autres. Elles doivent se mettre plutôt dans une démarche de location. Quand elles louent la terre, il y a un contrat qui leur permet de valoriser cette terre et d’avoir un retour sur investissement. Une fois vous demandez la terre gratuitement et que le propriétaire vous laisser travailler. Après lorsqu’il va s’apercevoir qu’après la première récolte, vous rentabilisez, il lui viendra à de chercher à récupérer sa parcelle » a-t-elle déconseillé.
Revenant sur le thème « pourquoi et comment investir dans le futur de la femme », agente de développement à l’ambassade du Canada a été sans état d’âme « Pourquoi on n'investira pas dans une femme ? » a-t-elle répliqué.
« Les femmes sont le présent et l’avenir et le passé. Beaucoup de nos mamans illettrées ont fait des ministres, des PDG… Levez les barrières qui ont été conçus par les hommes sera un moyen d’investir dans les femmes. Quand j’étais initiatrice de projets, notamment dans les aménagements de bas-fonds, j’ai demandé à ce que dans tous les villages ou on devait faire des aménagements de bas-fonds pour la riziculture sur 1 ha, les groupements de femmes aient 0,25 Ha. J’avais exigé que sur la liste des riziculteurs, il y ait 25% de femmes. Ce sont ces genres de mécanismes qui peuvent permettre aux femmes d’avoir accès à la terre », a argumenté Mme Goulivas.
Non sans avoir rendu un hommage mérité à Irié Lou Colette, Boti Lou Rosalie… qui se sont battues pour la disponibilité de produits vivriers.
Venance KOKORA