Économie

Métiers de l’agriculture: Le plaidoyer d’experts pour la valorisation du secteur

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Le panel a permis aux participants de mettre en lumière, le manque d’intérêt des jeunes aux métiers de l’agriculture. (Ph : VK)
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Les métiers de l’agriculture ne font plus rêver les nouvelles générations, précisément les jeunes. Pour trouver des pistes de solutions à cette situation, des experts en la matière ont, à l’initiative de l’Agence Nationale d’Appui au Développement Rural (ANADER), fait des propositions. C’était à l’occasion d’un panel au SARA 2023, autour du thème : « Transformation structurelle du secteur des vivriers : quelle contribution pour la souveraineté alimentaire en Côte d’Ivoire ? »

La problématique du désintéressement des jeunes aux métiers de l’Agriculture, a été débattue au SARA 2023, avec un grand intérêt par d’éminentes personnalités. Prenant la parole, Jean-Paul Lorng, actuel Conseiller technique du directeur exécutif du Fonds interprofessionnel pour la recherche et le conseil agricole, a appelé à une prise de conscience collective, en vue de mieux cerner les problèmes qui minent le secteur agricole.

Selon lui, la principale alternative pour amener les jeunes à s’intéresser à l’agriculture, est l’accélération de la modernisation du secteur.

« C'est tout le contexte. On peut mettre les textes réglementaires et le financement, mais ce sont les hommes qui font l'agriculture. Le secteur n'est pas incitatif. Donc, nous devons agir sur ce levier. Nous voulons que les jeunes prennent la relève. Il faut qu'on modernise l'agriculture », a-t-il souhaité.

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Jean-Paul Lorng est allé plus loin, préconisant aux autorités, des financements durables afin d’inciter plus de jeunes à emboîter le pas à ceux qui les ont précédés dans la filière.

« Aujourd'hui, il y a des jeunes qui, à l’aide de drones, peuvent faire des diagnostics dans les plantations. Mais s'ils n'ont pas les moyens, ils ne viendront pas. Les salaires sont encore très bas. Avant, on allait à l'encadrement de l'agriculture, parce que nous aimions l'agriculture. Mais aujourd’hui, c’est parce que nous ne pouvons pas aller ailleurs, que nous sommes encore là. Le cadre reste à être complété. Il faut qu'on aille dans des schémas de financements durables. Nous sommes encore dans des projets de financements précaires », a-t-il expliqué.

Il propose des projets d’urgence à long terme, en faveur de la jeunesse, allant de 3 à 5 ans, en vue de faciliter leur insertion sociale. « On fait un projet d'urgence où pour 3 ans ou 5 ans, on ne peut pas nous développer. Auparavant, il y avait des plans quinquennaux. Nous sommes revenus à des schémas d'urgence et plus courts. Alors que dans l'urgence, on ne peut pas se développer. »

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Docteure Louise Akanvou, Directrice de la coopération et de l’appui au développement au CNRA, dit avoir fait le triste constat du manque de motivation et d’engouement des jeunes à embrasser les métiers de l’agriculture. Elle s’est désolée du fait que les étudiants qui viennent pour des stages de fin de formation, disparaissent sans crier gare.  

« Moi, c'est même plus grave », a-t-elle ironisé. Et d’ajouter : « Ils ne veulent pas faire de stage au CNRA. J'étais choquée et j'ai même lutté avec la dernière qui a étudié en Finances-Comptabilité. Dieu merci, j'ai tempêté et je l'ai inscrite de force. Elle y est actuellement en stage ».

La récurrence de la question de la modernisation de l’agriculture a été également relevée par un expert en production végétale dans un institut agricole. Pour la renaissance des pratiques agricoles, il souhaite que la technologie y soit introduite, en vue de susciter l’intérêt des étudiants à porter leurs choix sur les métiers de l’agriculture ; surtout qu’ils sont des courroies de transmission de ce mécanisme vers les paysans. 

Pratique de l’agriculture, protection de l’environnement

Il y a de l’engouement. On sent que la jeunesse ivoirienne est en train de changer de vision. La majorité des jeunes qui passent ici, demandent à intégrer l’école. Quand ils ne remplissent pas les conditions, ils s’orientent vers les formations qualifiantes. Il y a la production animale, la production halieutique.

Notre interlocuteur croit également que la digitalisation du secteur agricole s’impose pour remédier à la question du réchauffement climatique.

« On ne peut pas parler d’agriculture sans parler d’agroécologie. Ce n’est qu’un élément dans la lutte contre le changement climatique. Nous mettons l’accent sur la protection de l’environnement et surtout sur la santé des consommateurs. Évidemment, l’absence du numérique a un impact. Parce que nous ne contrôlons plus les saisons pluvieuses. Ceux qui n’ont pas une connaissance technique, automatiquement, ils se retrouvent dans les difficultés. Ceux qui maîtrisent la technologie, ils savent comment ils doivent faire pour produire », a souligné cet expert.

Il est important de rappeler que le SARA a été l’occasion pour de nombreuses organisations de se pencher sur des sujets d’intérêts communautaires dans le cadre de la politique du gouvernement de passer à l’étape de la souveraineté alimentaire par la transformation locale des produits agricoles.

 

Venance Kokora

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