Le ministre d'État, ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Kobenan Kouassi Adjoumani, représentant le président de la République, Alassane Ouattara, était aux côtés des présidents Faure Gnassingbé, du Togo, Mouamed Bazoum, du Niger et Oumar Cissoko Ambalo de Guinée Bissau, lors de cette table ronde qui se tient, depuis le 30 mai 2023 à Lomé. Cette assise est une initiative du chef de l’État Faure Essozimma Gnassingbé. Elle vise à offrir un cadre d’échanges de haut niveau autour de la problématique des engrais dans la sous-région. Cette rencontre vient en prélude au Sommet africain de Dakar prévu, en juillet 2023. Il s’inscrit dans le prolongement de la Déclaration d’Abuja, en 2006 sur les engrais. Réunissant les ministres en charge de l’Agriculture, de l’Economie et des Finances, cette table ronde de haut niveau de 2 jours permettra d’arrêter ensemble, des mesures à mettre en œuvre pour asseoir un système durable et compétitif de production d’engrais de bonne qualité et à des prix compétitifs pour un approvisionnement efficient des producteurs.
Prenant la parole à la clôture de cette table ronde, Kobenan Kouassi Adjounani a présenté la politique ivoirienne en matière agricole : « La Côte d’Ivoire s’est engagée, depuis 2012, à la transformation structurelle de son secteur agricole, à travers le Programme National d’Investissement Agricole (PNIA). Ce programme a permis à notre pays de renouer avec la croissance dans le secteur agricole. Cet élan s’est accompagné d’un accroissement des superficies agricoles, au détriment de l’intensification agricole, les producteurs étant toujours à la recherche de terres plus fertiles. En effet, les aléas climatiques et la pression démographique ont, au fil des années, provoqué une surexploitation et une dégradation progressive des terres. Aussi vu le faible niveau d’utilisation des engrais, mon pays se retrouve-t-il face à un sérieux problème de productivité des terres, dans toutes les zones agricoles », fait-il savoir. Mais, dans la mise en œuvre de cette politique agricole, le ministre a relevé les raisons qui justifient le faible niveau de l’utilisation des engrais, véritables freins à une agriculture forte et durable.
« Les raisons du faible niveau d’utilisation des engrais peuvent se résumer en trois points. Premièrement, il y a une irrégularité dans l’approvisionnement des producteurs en engrais de qualité, vu que ceux-ci ne sont pas toujours disponibles en quantité suffisante. Deuxièmement, il y a la question des prix élevés des engrais qui empêchent les petits producteurs de s’en procurer. Troisièmement, l’absence de cartographie de la fertilité des sols fait que les encadreurs et chefs de projets agricoles n’ont pas l’outil qu’il faut pour guider les producteurs quant à la meilleure utilisation des engrais pour nourrir leurs sols », a-t-il relevé. Le ministre de l’Agriculture ivoirienne a pris des mesures afin de parer à cette situation qui constitue une préoccupation commune sous-régionale : « En Côte d’Ivoire, nous avons entrepris plusieurs actions en vue de promouvoir la bonne utilisation des engrais. En effet, en 2022, un département dédié au contrôle de la qualité des engrais et autres produits assimilés, a été créé au sein du ministère en charge de l’agriculture. Un dispositif institutionnel est en cours de mise en place à travers la prise d’un décret relatif au contrôle de la qualité des engrais. Ce dispositif s’étend à la protection de l’environnement (eau et sol) jusqu’à la santé des utilisateurs.
Au niveau des dispositions incitatives, on note que les engrais et autres produits assimilés sont exonérés de TVA. Par ailleurs, des avantages fiscaux sont offerts aux investisseurs qui décident de s’installer dans l’une des neuf (9) zones d’agropole où des espaces de commercialisation sont mis à la disposition des agro-fournisseurs afin de réduire la distance entre ceux-ci et les exploitants agricoles.
Enfin, « nous avons initié le processus d’élaboration d’une carte de la fertilité des sols. C’est une initiative importante, car elle permettra la formulation d’engrais spécifiques qui tiennent compte des potentialités des cultures et de celles des sols. Nous pourrons ainsi mieux garantir la santé des sols car, avec ces engrais, nous éviterons les pertes élevées, lors des apports au sol et qui sont sources de saturation des sols », a-t-il déclaré. Après avoir partagé l’expérience ivoirienne, Kobenan Adjoumani a fait savoir que la Côte d’Ivoire est favorable à la feuille de route adoptée à cette occasion relative à l’adoption d’une bonne politique pour l’utilisation des engrais pour une bonne santé des sols.
« Toutes ces actions sont bien en lien avec les échanges qui ont eu lieu lors des discussions techniques et la feuille de route qui vient d’être présentée. Mon pays souscrit donc à cette feuille de route et s’engage pleinement à sa mise en œuvre. Nous restons convaincus qu’elle est la meilleure solution pour nos pays de cultiver l’avenir en nourrissant les sols, pour qu’à leur tour, les sols nourrissent les hommes », s’est-il engagé.
Ernest Famin