Aly Guindo, chef de la mission résidente du Fonds de la solidarité africaine (FSA), a signalé que ce fonds ambitionne d’accorder un appui de 100 milliards FCFA aux entreprises nationales, afin de participer pleinement au développement économique de la Côte d’Ivoire, actionnaire à ce fonds. « L’objectif du FSA, c’est qu’au minimum pour 2023, nous puissions faire 100 milliards FCFA d’interventions en faveur des entreprises nationales. (…) Avec ces 100 milliards FCFA de garantie, nous allons permettre d’injecter dans l’économie nationale, entre 200 et 300 milliards de FCFA », a-t-il annoncé. Présent dans 16 États, le FSA qui est une institution financière multilatérale œuvrant au développement économique et à la lutte contre la pauvreté, a pour mission de faciliter le financement de projets d’investissement des entreprises tant dans le secteur public que privé.
Quant à l’administrateur du FSA pour la Côte d’Ivoire, Kobenan Tano, par ailleurs, Directeur des affaires économiques, a rassuré la disponibilité de ladite institution financière multilatérale, à faciliter à travers divers produits, le financement des entreprises. « Vous conviendrez avec moi que le barycentre de la collaboration entre le FSA, l’APBEF et la CGECI, c’est-à-dire leur centre d’intérêt commun, se trouve être les entreprises nationales, notamment la couverture adaptée de leurs de besoins de financement dans le cadre de leurs multiples activités », a-t-il déclaré. Selon Kobenan Tano, le thème qui s’inscrit dans la droite ligne du Plan national de développement 2021-2025 en cours en Côte d’Ivoire, vise à permettre aux entreprises et aux banques, à travers le partenariat qui sera établi sous la coupole de FSA, de prendre leur place dans la transformation économique et sociale. Cela va permettre de hisser le pays au rang des pays à revenu intermédiaire à la tranche supérieure ; d’obtenir un taux de croissance moyen de 7,65%, de mobiliser des ressources à hauteur de 59 000 milliards de FCFA repartis entre le secteur privé et le secteur privé, respectivement à hauteur de 26% et 74%. Enfin, permettre aux entreprises à travers des financements importants, de faire face à leur part de participation qui est 2/3 requis pour la mise en œuvre du PND.
« Pour contribuer à l’atteinte de ces objectifs, le Conseil d’Administration du FSA a jugé utile de créer une Mission Résidente à Abidjan. M. Aly Guindo, précédemment Directeur des Opérations et des Projets du FSA, a été choisi pour diriger cette Mission Résidente dont le processus d’accréditation est en cours », a-t-il informé.
Ce que le FSA attend de la CGECI et de l’APBEF
Au nom du ministre de l’Économie et des finances, Adama Coulibaly, le Directeur des Affaires économiques régionales de la Côte d’Ivoire, Kobenan Tano, a souligné que l’institution financière multilatérale qui comprend 16 États membres et vieille de presque 45 ans, en s’établissant à Abidjan, entend pleinement jouer son rôle de « catalyseur » du financement à travers la création, l’adaptation et la mise à disposition de produits opérationnels idoines pour faciliter les activités de crédits. À ce propos, Kobenan Tanoh a fait remarquer qu’à l’issue des interventions du FSA en faveur de l’économie ivoirienne, le bilan est globalement positif.
« En effet, rien qu’en garantie financière, et à la date du 31 décembre 2022, le FSA a accordé aux banques et établissements financiers de Côte d’Ivoire, des garanties pour un montant total de 182 milliards de FCFA (dont 34 milliards en 2022). Ce montant a permis de mobiliser des financements pour un montant total de 340 milliards de FCFA, dont 34 milliards de FCFA pour la seule année 2022 (comprenant 64 milliards pour 2022) », a-t-il mentionné.
Au regard de ce résultat obtenu, il a appelé de tous ses vœux, le renforcement de la collaboration tripartite entre les trois structures.
« Ces résultats se renforceront sans doute grâce à un renforcement de la collaboration entre le FSA, l’APBEF et la CGECI. C’est pourquoi, j’estime que le partenariat entre ces 3 acteurs est un partenariat qui va de soi, c’est-à-dire, naturel. Vous en serez édifié au terme de la présentation qui sera faite par le chef de la Mission Résidente du FSA à Abidjan qui m’a rassuré sur son entière disponibilité à jouer sa partition, à l’effet de renforcer ledit partenariat pour le plus grand bénéfice des entreprises nationales », a-t-il insisté.
À sa suite, le patronat ivoirien, représenté par le Vice-président, Samba Koné, a salué l’initiative du Fonds de Solidarité Africain (FSA), avant d’indiquer que le secteur privé ivoirien compose en moyenne, 80 à 90% du tissu économique dont naturellement, une part largement majoritaire de PME /PMI. Il a, cependant, précisé qu’en termes de poids financier, la part des membres de la CGECI n’était pas moindre. Partant de ce principe, Samba Koné a mentionné que le secteur privé reste le principal moteur de croissance des États membres, donc du développement de ces États. « Et depuis 2011, le gouvernement ivoirien en a fait son fer de lance, en sa qualité de premier employeur et principal contributeur aux recettes de l’État avec une part de 80%. Le maintien du secteur privé dans cette position, notamment à travers les principaux secteurs suivants : l’agriculture, l’agro-transformation et le secteur manufacturier, présente d’importants potentiels de croissance. Le mot d’ordre est de procéder au minimum à la transformation de 50% des matières premières plutôt que leur exportation en l’état. Le secteur immobilier n’est pas minimisé, tant la pression pour le logement est importante », a-t-il dit.
Des limites réglementaires rendent difficile la mobilisation des ressources le financement
Toujours au cours des échanges, ce proche collaborateur du président Ahmed Cissé, président de la CGECI, s’est voulu très clair sur le rôle que jouent les grandes entreprises qui sont à la base de la réalisation des projets structurants des États. « Et à ce titre, au-delà de l’effet d’entraînement qu’elles ont sur le reste de l’Économie, elles sont génératrices de nombreux contrats faisant l’objet de sous-traitance par les PME, elles-mêmes grandes créatrices d’emplois. Ce qui est assurément un cercle vertueux dont il faudra assurer la pérennité à travers la couverture des besoins de financement idoines à son maintien et à son développement », a rappelé le président Samba Koné.
Toutefois, il n’a pas caché de mentionner qu’un paradoxe caractérise les économies des États qui fait que les besoins de financement émis par les entreprises nationales, ne sont couverts à hauteur de leurs besoins.
Elles sont estimées, a-t-il cité en exemple, à environ 25% des besoins des PME / PMI qui, plus est, à des conditions souvent drastiques, alors que les grandes entreprises disposent de capacités de négociation qui leur permettent de bénéficier des financements requis à la réalisation de leurs activités.
« Si les conditions peuvent sembler acceptables, elles sont perfectibles. Par ailleurs, ces entreprises sont souvent butées à des plafonnements et à des problèmes récurrents de garantie, limitant les financements en leur faveur.
D’après les banques et établissements financiers, à ces limites opérationnelles énumérées précédemment, viennent s’ajouter des limites réglementaires qui rendent difficiles autant la mobilisation des ressources que le financement adéquat des entreprises. Tous ces éléments impactent défavorablement la satisfaction de nos besoins de financement », a-t-il regretté. Non sans avoir réaffirmé l’adhésion de la CGECI aux côtés de l’APBEF, sous la supervision du FSA afin que des solutions idoines soient apportées.
Le président de l’APBEF, Jérôme Ehui, a fait savoir que c’est une occasion « d’affermir la base de collaboration entre toutes les parties présentes ». Le patron des banquiers a reconnu le rôle joué par les entreprises nationales, donc le secteur privé qui est primordial pour la Nation. À l’en croire, ces entreprises sont porteuses de projets, créatrices d’emplois et distributrices des revenus tirés de la croissance. Par conséquent, il a fait savoir qu’à la sortie de la crise de la pandémie de la COVID-19, le secteur financier continue une longue traversée de crises récurrentes, rendant difficile, le financement des économies bancaires. Autant la zone UEMOA ne saurait être épargnée par ces crises, autant la Côte d’Ivoire, locomotive de la sous-région, est aussi impactée.
« En fin 2022, le régulateur a procédé à un relèvement du taux de base bancaire et des restrictions pour le refinancement. Tous les éléments se sont traduits par des difficultés drastiques de mobilisation des ressources financières. Il y a aussi les conséquences néfastes de la crise ukrainienne amplifiées par une envolée de l’inflation. Comme conséquences de tous ces éléments, les membres de l’APBEF font face à plusieurs risques, notamment de conformité réglementaire et pouvant aboutir à des sanctions financières, risques de réputation et/ou, injonction de mise en conformité », a-t-il justifié. Saluant la tenue de ces assises, le président Jérôme Ehui a indiqué que les banques étaient disposées à collaborer avec le FSA. « Étant présent à nos côtés depuis plus de 4 décennies, l’Institution nous a affirmé qu’elle dispose d’une panoplie d’instruments opérationnels qui peuvent être d’un apport utile pour la menée de nos activités, dans cet environnement troublé », a-t-il confié.
Venance Kokora