Quand il donnait la feuille de route au Général Abdoulaye Coulibaly en mai 2012 sur sa vision de la société nationale Air Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara voulait que son pays prenne le contrôle de l’économie de la sous-région sur terre et dans les airs.
10 années après, le rêve est devenu réalité ! La nouvelle compagnie aérienne Air Côte d'Ivoire qui a vu le jour le 15 mai 2012, à Abidjan, est devenue la première compagnie de la zone CEDEAO-CEMAC avec environ, 54 % de part de marché. Et pourtant, ce ne fut pas une sinécure, au regard des expériences du passé dans le domaine de l’avion. Il est bon de noter que la convention officialisant cette création a été signée par les principaux actionnaires : l'État de Côte d'Ivoire, Air France et le Fonds Aga Khan pour le développement économique (AKFED). Depuis cette date, la compagnie a pris son envol. Même la période COVID-19 n’a pas freiné les ambitions de ses dirigeants. C’est d’ailleurs, en pleine crise COVID-19 que le Suisse René Décurey, directeur général d'Air Côte d'Ivoire (2012-2021), a passé la main à Loukou Kouassi Laurent, qui a pris les commandes de l’entreprise le 25 février 2021. Et depuis lors, la compagnie poursuit sa croissance, en dépit des aléas propres à toutes les compagnies aériennes du monde. Les chiffres et les différents audits diligentés par la tutelle, le confirment. Air Côte d’Ivoire, en effet, ce sont 20 destinations en Afrique. Pour les vols intérieurs, ce sont 5 aéroports ivoiriens qui sont desservis : Bouaké (BYK), Korhogo (HGO), Man (MJC), Odienné (KEO) et San-Pedro (SPY).
Les 2 prochains aéroports ivoiriens qui pourraient être desservis à l'avenir, devraient être Bouna et Bondoukou, dans le Nord-Est du pays. Aussi faut-il ajouter la destination Casablanca au Maroc, avant la fin de l’année 2022 ; pour ce qui est de l’Afrique, et le long courrier Abidjan-Paris, pour 2023. En 10 ans d’existence, la compagnie a transporté 5,2 millions de voyageurs pour un chiffre d’affaires de 702 milliards F CFA. Toute chose qui fait d’elle, la première compagnie de la zone CEDEAO-CEMAC avec environ, 54 % de part de marché. Après la disparition d’Air Afrique en 2002, la formation de personnels africains dans les métiers techniques de l’aviation, tels que les pilotes et les mécaniciens, a été interrompue pendant plus de 15 ans.
Plus de 4 milliards investis dans la formation de jeunes pilotes
Les compagnies nationales des pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre qui ont commencé à se créer après 2002, n’avaient pas grande manœuvre. La formation des pilotes et de mécaniciens étant onéreuse, elle puise dans le vivier des anciens employés d’Air Afrique. Ces ex-employés d’Air Afrique se faisant rares avec le temps, et la plupart, évoluant vers l’âge de la retraite, les compagnies aériennes de la région ont dû recourir à des pilotes et mécaniciens expatriés. Une option extrêmement coûteuse et non viable. Chaque compagnie aérienne a donc pensé sa stratégie pour assurer la pérennité de ses activités. Air Côte d’Ivoire a opté pour le recrutement de jeunes ivoiriens âgés de 21 à 26 ans sur concours, pour une formation entièrement financée par la compagnie avant de les intégrer.
Ainsi en 2014, une première promotion de 15 jeunes dont 1 jeune fille, a été recrutée sur concours et formée au métier de pilote à hauteur de 780 millions de Franc CFA. Toute la partie théorique s’est faite à l’INPHB de Yamoussoukro durant 12 mois. La phase pratique de la formation a été réalisée dans un centre européen pendant également 12 mois. Une seconde promotion de 17 jeunes dont 3 jeunes filles, a été recrutée en 2019. Cette promotion est en passe d’intégrer les effectifs de la compagnie. Le coût de la formation de ces 2 promotions s’élève à 4,6 millions d’euros, soit 3 milliards F CFA. Pour répondre également à la problématique de la rareté de mécaniciens aéronautiques, la compagnie a procédé au recrutement de 20 jeunes ivoiriens sur concours.
Ces derniers ont été formés à Yamoussoukro, puis en Europe, à l’instar des élèves pilotes, à hauteur de 1,5 milliard FCFA. Ils ont rejoint les effectifs de la direction de la maintenance de la compagnie depuis maintenant 2 ans. La compagnie entend renouveler ses effectifs de pilotes vieillissants et remplacer les expatriés coûteux par de jeunes pilotes locaux qui ont au moins 30 ans de service devant eux à un coût plus raisonnable. De quoi permettre à Air Côte d’Ivoire d’amortir tous ses investissements. Le fleuron national n’a pas voulu s’arrêter qu’à la formation aux métiers techniques. Ainsi, de 2019 à 2021, à la faveur d’un accord de coopération entre l’État de Côte d’Ivoire et Airbus, il a œuvré à la mise en place d’un programme de Master avancé en Airline Management, permettant aux auditeurs de renforcer leurs capacités dans la gestion des compagnies aériennes. Pour un coût de 57,4 millions F CFA, ce sont 25 cadres d’Air Côte d’Ivoire, 2 cadres de l’Autorité de Nationale de l’Aviation Civile (ANAC) et 3 cadres de la SODEXAM qui en ont été les bénéficiaires. Ce mastère spécialisé a permis aux auditeurs de renforcer leurs capacités dans la gestion des compagnies aériennes.