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Interview / Téhé Kplé Jean Ferdinand (Consultant en assurance): « Le taux de pénétration de l’assurance en Côte d’Ivoire est de 2% »

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Téhé Kplé Jean Ferdinand plaide pour plus de professionnalisme dans le secteur de l’assurance en Côte d’Ivoire. (Photo VK)
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Consultant et formateur en assurance, Téhé Kplé Jean Ferdinand s’est confié à L’Avenir, le lundi 29 août 2022. Dans cette interview, il revient sur la nécessité d’assainir le secteur, avant de prétendre gagner l’estime des populations.

Le métier d’assureur nourrit-il son homme en Côte d’Ivoire ?

Le taux de pénétration de l’assurance en Côte d’Ivoire est de 2% par méconnaissance des produits d’assurance. Si les populations ne souscrivent pas, il va sans dire que les caisses des assureurs seront vides. C’est à nous de valoriser ce métier et l’importance des biens dont disposent nos clients afin de les assurer. Plus ils sont assurés, plus ils sont dédommagés. Mais nous aussi, cela constitue une force financière à notre niveau.

En tant que consultant-formateur, quels sont vos projets dans le secteur de l’assurance ?

Nous encourageons toutes les compagnies d’assurance à s’orienter vers les formateurs. Cela fait 17 ans que nous avons terminé notre formation à l’INSET. Nous avons remarqué qu’il y a des personnes qui ne sont pas assureurs, mais forment des commerciaux. L’ancienneté ne définit pas forcément la connaissance.

N'est-ce pas ces usurpateurs qui ternissent l’image de votre corporation ?

Oui, parce que leur objectif est de faire des chiffres. Celui qui a la formation, cherche bien sûr à faire des chiffres, mais aussi à fidéliser ses clients. Un client qui est mal informé, ne saura pas comment s’orienter en cas de sinistre. L’objectif n’est pas d’avoir de l’argent, mais de satisfaire le client. Tout homme a besoin de se faire former. Nous recevons aujourd’hui, des commerciaux qui n’ont aucune connaissance de l’assurance qui est un secteur méconnu. Il nous faut les former sur les produits, les méthodes de souscription et comment orienter les ventes sur les cibles.

« Le secteur de l’assurance est quelque peu dans l’informel »

 

Hormis l’assurance automobile et celle des habitations, existe-t-il d’autres catégories d’assurance ?

Il y a l’assurance voyage qui est aussi obligatoire. Quand une personne part en voyage, elle est couverte des dommages corporels, elle peut avoir une assistance juridique. Il peut y avoir aussi des cas de vol. Nous avons aussi l’assurance des maisons à usage d’habitation. Le propriétaire peut aussi assurer son immeuble.  Il y a aussi l’assurance maladie. Aujourd’hui, les services dans les cliniques privées coûtent cher. Mais quand on est assuré, on est tranquille. Ce qui est encore bon, quand on a l’assurance santé, on va moins à l’hôpital. Il y a aussi l’assurance risque entreprise, qui consiste à assurer les locaux et les stocks. Même au niveau des transports, il y a l’assurance terrestre, maritime et aérienne. Nous pouvons en créer davantage, mais tout va dépendre du besoin. Les produits d’assurance ne sont pas fermés, mais ils sont plus ouverts.

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Quel est le regard que vous portez aujourd’hui sur le secteur de l’assurance en Côte d’Ivoire ?

Le taux de pénétration dans le secteur de l’assurance en Côte d’Ivoire est de 2%. Mais les entreprises ne s’appuient pas sur les personnes formées pour pouvoir conduire les commerciaux. Voilà pourquoi, les chiffres sont parfois en deçà des attentes. En plus, les personnes lambda ne sont pas informées sur l’importance de l’assurance en Côte d’Ivoire. Or, aujourd’hui, nous enregistrons des catastrophes et des incidents. C’est seulement le secteur de l’automobile qui est obligatoire. Il faudrait que nous puissions informer les populations afin qu’elles puissent souscrire à tous les produits d’assurance.

Quels sont les risques auxquels s’exposent ceux qui ne sont pas assurés ?

Les risques sont à plusieurs niveaux. Il y a d’abord des risques financiers. Une maison qui n’est pas assurée dans laquelle, il y a eu un incendie, le propriétaire va tout perdre. Par contre, s’il y avait une assurance, la maison allait être expertisée et le propriétaire allait être dédommagé. Il y a aussi les risques sur les personnes. Il y a des familles qui n’ont pas d’assurance maladie. C’est quand surviennent des problèmes de santé, qu’on est obligé de lever des cotisations en famille. Lorsqu’il n’y a plus d’argent, la personne va mourir. Il y a aussi des risques au niveau de l’assurance frais funéraires.  À chaque fois qu’il y a des décès, il faut forcément cotiser. Pourtant, les assurances sont là. On peut bien assurer nos personnes et quand il y a un décès, il nous faut juste informer l’assureur afin de pouvoir bénéficier d’un capital, soit un million F CFA ou cinq cent mille F CFA. Tout va dépendre du montant que vous souscrivez. Mais la prime que vous devez payer est fonction du capital. Je peux dire que ça génère d’abord une tranquillité en soi le fait d’être assuré. Mais quand il n’y a pas d’assurance, tout est un camouflage et il faut forcément se rabattre sur les autres afin d’avoir une base financière de pouvoir faire face aux charges qui pourraient arriver.

 

« De nombreuses familles sont exposées au risque »

 

Quelle est la procédure à suivre pour se faire rembourser en cas de sinistre ?

Il y a l’assurance vie et non vie. L’assurance vie porte essentiellement sur les dommages de la personne. Là, il n’y a pas d’expertise. Prenons le cas de l’assurance frais funéraires. Pour quelqu’un qui a souscrit trois millions en cas de décès, il suffit juste d’apporter les documents comme preuves à l’assureur pour qu’il vous verse les trois millions que vous ayez décidé de prendre. Quand c’est un dommage au niveau de la non vie, en ce qui concerne l’automobile, les maisons, en cas de sinistre, il faut d’abord évaluer les dommages. C’est en fonction de l’évaluation faite par l’expert que vous serez indemnisé.

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Pensez-vous que les immeubles qui se sont écroulés à Abidjan ont pu être assurés ?

Je ne pense pas que ces immeubles aient des assurances. Parce qu’avant de souscrire à une assurance pour un immeuble, l’assureur se rend sur le chantier pour voir si les fondements sont en place. Il y a une méthode pour voir si le bâtiment est conforme à l’assurance. Si le retour de l’expert donne foi que le bâtiment remplit les conditions à être assuré, alors nous l’assurons. À mon sens, les bâtiments qui sont tombés, n’ont pas été visités par les assureurs.

Quelles sont les procédures que vous conseillerez aux victimes de ces effondrements d’immeubles pour rentrer dans leur droit ?

Ces personnes doivent se référer forcément au propriétaire. L’assureur n’intervient pas dans ce genre de cas. L’affaire se traitera entre le propriétaire et ses locataires. Mais dans une telle situation, étant donné que le locataire ait perdu ses biens et le propriétaire, son immeuble, je ne pense pas qu’il y ait une entente. L’autorité étatique chargée des logements devrait aussi intervenir à ce niveau.

 

Votre message de fin…

C’est à l’endroit des compagnies d’assurance, je voudrais que le secteur soit vraiment formel. C’est parce que nous sommes dans l’informel que l’individu lambda, quand il est assuré et qu’il voit les périples auxquels il est affronté, il se décourage. Si nous avons des formateurs qualifiés, il faudrait que les commerciaux respectent les procédures de souscription et que nous arrivions convenablement à les assurer. Je pense que le taux de pénétration va être élevé. C’est dans ce sens que nous pourrons développer le secteur de l’assurance.

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