L’élevage de poulet est une source de revenus. Mais, il est plus rentable lorsque l’éleveur observe les règles en la matière. En Côte d’Ivoire, l’élevage de volaille occupe une place de choix dans l’économie nationale avec une production locale d’environ 63 000 tonnes de viande de volailles et un chiffre d’affaires de 250 milliards de FCFA en 2019.
Selon une étude réalisée par l’Observatoire national sur la compétitivité des entreprises (ONCE) avec l’appui des acteurs du secteur de l’élevage de poulet, la demande est de plus en plus croissante en protéines, avec la forte évolution démographique urbaine. La preuve, la production de poulet de chair est passée de 25 290 000 têtes en 2012 à 50 331 347 têtes en 2017, soit une augmentation de 99% en 05 ans. Pour faire une bonne affaire dans le secteur de l’élevage de poulet, l’éleveur doit miser sur la construction et l’aménagement des exploitations, en vue d’un rendement efficient. Au dire des experts, le local pour les volailles contribue à 40% environ, au succès dans une entreprise avicole.
Les méthodes d’élevage recommandées
À ce propos, plusieurs méthodes existent, notamment le système intensif qui est une forme d’élevage industrialisé. Celui-ci vise à augmenter fortement la productivité en élevant la densité d’animaux sur l’exploitation ou en s’affranchissant plus ou moins du milieu environnant. Une autre méthode conseillée, dite méthode de litière profonde, utilisée par un grand nombre d’aviculteurs, consiste à répandre des copeaux de bois ou de la sciure de bois sur un terrain en béton de préférence ou en terre battue servant de « coussin » pour des poulets. La sciure doit être élevée régulièrement. Cependant, cette dernière méthode comporte des risques. Elle favorise une propagation plus rapide des épidémies. Enfin, il y a la pratique de l’élevage en batterie concernant les cages métalliques généralement divisées en plusieurs compartiments, construites à l’intérieur d’un bâtiment pour abriter les volailles. Au regard de toutes ces méthodes, les experts préconisent le système intensif.
Revenant à la structuration de l’abri, il est fortement recommandé qu’il soit conçu de façon à protéger les volailles contre le milieu extérieur (excès de chaleur, froid et la pluie…). Il doit être lumineux, dimensionné, aménagé avec des sols bien entretenus. Aussi, il faut équiper l’endroit de matériels nécessaires pour une ferme avicole répondant aux normes de qualité qui doit disposer d’extincteurs adaptés. Il est également conseillé d’aménager et d’équiper un local pour les aliments et le matériel.
Les mesures sanitaires à adopter
La sécurité sanitaire est un élément très important de l’écosystème avicole. Pour rentabiliser davantage, il est souhaitable que le promoteur s’approprie les règles générales de police sanitaires et de biosécurité, afin de renforcer la prévention et la lutte contre les maladies aviaires. En cas de faille, les maladies affectant les volailles, peuvent avoir des conséquences dévastatrices sur la production et la productivité. Ces mesures passent également par le respect des contraintes sanitaires.
Les mesures du gouvernement pour moderniser la filière
Le gouvernement ivoirien entend contribuer au développement de la filière et surtout à son industrialisation. Le but est d’approvisionner la population, tout en impliquant l’ensemble des maillons nécessaires à une filière avicole moderne.
Depuis juin 2012, le gouvernement a adopté le plan stratégique de relance de l’aviculture (PSRA), le projet de modernisation du secteur avicole, d’un coût de 38,6 milliards de FCFA, portant sur l’installation de 240 fermes modernes avec une capacité installée de 1 500 000 poulets de chair et 900 000 pondeuses. Un projet qui comprend un abattoir industriel de volaille d’une capacité de 2 000 sujets par heure, un couvoir d’une capacité de 10 millions de poussins d’un jour par an, une provenderie ultra-moderne d’une capacité de 20 tonnes l’heure, un centre de transferts de technologie et de formation en aviculture (CTTFA) et un centre de reproduction des parentaux (CRP). Sans oublier le projet d’installation d’abattoir industriel de volailles en Côte d’Ivoire (PAV-CI), d’un coût de 18,7 milliards FCFA à Korhogo, Bondoukou, Man, Tiébissou, Daloa, Azaguié et Dabou. Un abattoir qui a une capacité totale de traitement de 11 000 volailles l’heure. Ce projet va nécessiter l’achat direct de plus de 55 millions de volailles par an aux aviculteurs.
Ce qui attend les aviculteurs
Ces projets énumérés s’adressent aux personnes déjà en activité ou désireuses d’investir dans l’aviculture, particulièrement les jeunes et les femmes et permettront la création de 1 500 nouveaux emplois directs et 5 000 emplois indirects.
Le gouvernement prévoit renforcer les opérations de contrôle et veiller à la maîtrise du coût de production d’aliment qui représente 60% du coût de production de la volaille et conduit certains opérateurs à la faillite. D’autres mesures vont dans le sens de la commercialisation des volailles en Côte d’Ivoire et vers les pays limitrophes, la formation ou le renforcement de capacités des éleveurs et le financement des activités du secteur à hauteur de 900 millions de FCFA à travers le fonds de garantie du secteur avicole (FGSA).
Rentabilité des exploitations
La rentabilité des exploitations avicoles est au cœur de l’activité comme tout entreprise. Au-delà de son engagement, l’éleveur est amené à réaliser des bénéfices. C’est-à-dire que les revenus générés par l’activité doivent surpasser les charges pour dégager une marge bénéficiaire suffisante, en vue de continuer l’exploitation. Selon une étude de la cellule d’analyse de politiques économiques du CIRES (CAPEC), les prix de vente du poulet de chair à la ferme sont de l’ordre de 1 800 FCFA. Le coût moyen unitaire de production est environ 1 543 FCFA, dégageant une marge nette unitaire de 257 FCFA, soit un taux de marge nette de 14%. Un indicateur bien qu’appréciable qui peut être amélioré.
Venance Kokora
