Économie

Poste Côte d’Ivoire: Les réformes du gouvernement attendues

poste-cote-divoire-les-reformes-du-gouvernement-attendues
PARTAGEZ

La Poste de Côte d’Ivoire est à l’agonie. Elle croule sous le poids d’un endettement record de 38 milliards de FCFA à fin février 2022. La situation est intenable pour les travailleurs qui n’ont pas encore perçu leurs salaires de mars, avril et mai 2022. Et même pour l’entreprise d’utilité publique qui présente un résultat d’exploitation déficitaire d’environ 5 milliards l’an, cela depuis 10 ans.

 

Société d'État ivoirienne, la Poste de Côte d’Ivoire a été créée le 30 juin 1998 avec pour missions d'assurer le transport de messageries et de marchandises, ainsi que le transfert d'argent. Dans un passé récent, l’entreprise était au sommet de la gloire, faisant la fierté des Ivoiriens, avant de sombrer dans le chaos avec la révolution du digital.

Selon Issac Gnamba Yao, directeur général de la Poste CI, qui rendait compte de la situation au ministre de tutelle, le mardi 24 mai 2022, l’institution est plongée depuis une décennie, dans une forte tension de trésorerie qui empire au fil du temps. À l’en croire, elle cumule une créance globale d’environ 36 milliards 300 millions FCFA, dont 34,36 milliards de FCFA au service postal universel (SPU).

Le diagnostic établi, relève que la créance SPU est en contentieux depuis deux ans, car les établissements bancaires, la compagnie ivoirienne d’électricité (CIE) et la Société de distribution d’eau de la Côte d’Ivoire (SODECI) refusent de régler leurs factures, malgré les injonctions adressées avec l’accord de l’autorité de régulation et conformément aux recommandations du Conseil des ministres du 10 juin 2020.

« Les flux financiers dégagent un gap de trésorerie de 52 millions mensuellement avec pour conséquence, la non-couverture des charges d’exploitation par les revenus générés », a dépeint Issac Gnamba Yao.

Avant d’ajouter que l’exploitation se trouve compromise du fait de la saisie récurrente des comptes bancaires par les créanciers de l’administration fiscale, l’incapacité de soumissionner à certains appels d’offres pour défaut d’attestation de régularité fiscale et d’attestation de mise à jour de cotisation sociale.

Aussi, à ces difficultés, s’ajoutent l’embargo des compagnies aériennes sur le transport des plis, parquets et colis à l’international, sans oublier les arriérés de salaire et le manque de communication sur les produits…

À en croire le DG de la Poste CI, des efforts ont été faits de son côté pour tenter de remédier à certains obstacles. Des mesures ont été adoptées pour le redressement de la structure, mais elles ont été vaines pour faute d’engagement et faute de financement.

En clair, il a laissé entendre que le volet opérationnel et les projets élaborés pour obtenir l’appui de partenaires financiers n’ont pu aboutir. Il déplore également le silence de l’État quant aux violations flagrantes des textes devant réguler les activités dans le secteur par des opérateurs. Allusion est faite à la violation du monopole de la Poste CI par des sociétés de transport de personnes, les institutions bancaires et les grands facturiers.

 

Le calvaire des écoles de formation

 

La léthargie dans laquelle est plongée la Poste CI, agit conséquemment sur les écoles de formation chargées de former les cadres et travailleurs aux métiers de la poste qui peuvent aboutir à plusieurs types d’emploi.

Elles offrent en plus des services postaux, des formations dans le service des banques, assurances, opérateurs de téléphonie mobile, d’autres challenges avec les services numériques et de solutions de commerce, ainsi que le commerce en ligne, la collecte et la vente de données.

La Côte d’Ivoire abrite depuis 1970, l’école multinationale supérieure des postes d’Abidjan (EMSP) qui accueille des cadres et agents des services postaux de 8 pays : Sénégal, Mauritanie, Mali, Bénin, Togo, Niger, Burkina Faso et Côte d’Ivoire. Il y a encore l’école supérieure africaine des technologies de l’information et de la communication (ESATIC). Cet établissement public d’enseignement supérieur, forme des cadres dans le secteur des technologies numériques. Il s’est spécialisé dans des activités de recherche et de développement, incluant les domaines des réseaux et des services de télécommunications/TIC, de la régulation et de la cybersécurité.

Ces institutions souffrent de la mutation opérée sous l’ère du digital au lieu d’en bénéficier. Chose qui parait illogique.

L’un des véritables soucis parmi tant d’autres, reste le défi de la modernisation ressenti comme une urgence par les étudiants et le personnel.

On peut dire que le mal est profond et mérite que le gouvernement prenne ses responsabilités pour redonner au secteur, son lustre d’antan.

 

Venance Kokora

 

Newsletter
Inscrivez-vous à notre lettre d'information

Inscrivez-vous et recevez chaque jour via email, nos actuaités à ne pas manquer !

Veuillez activer le javascript sur cette page pour pouvoir valider le formulaire