Économie

Marché de consommation : Pourquoi le gouvernement fait la promotion des produits locaux

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Le lancement officiel de la 2e édition du « mois d’octobre, mois du consommer local », s’est tenu jeudi 14 octobre dernier au marché de gros de Bouaké. La cérémonie a été rehaussée par la présence du ministre du Commerce et de l’industrie, Souleymane Diarrassouba qui a expliqué aux populations, les attentes du gouvernement à travers une telle initiative.

 

Selon le ministre en charge du Commerce, il s’agit pour les autorités compétentes d’amener les consommateurs ivoiriens à consommer les produits locaux « Made In Côte d’Ivoire », de sorte à renverser la tendance du goût de l’exotisme en une préférence accrue de la consommation des produits internes. Et de faire baisser le coût élevé des importations qui se chiffraient en 2020, à environ 5 947 milliards Fcfa. Un défi interne que le premier pays producteur mondial de cacao et de noix de cajou, 5ème producteur mondial d’huile de palme (2ème producteur africain), 5ème producteur mondial de caoutchouc naturel (1er producteur africain), 3ème producteur africain de coton, 1er producteur continental de banane et grand exportateur de banane d’Afrique, s’apprête a relevé grâce au concept « mois d’octobre, mois du consommer local ». Pour cela, la Côte d’Ivoire devra faire face à deux équations : celle de la lutte contre la cherté de vie et la restructuration du secteur du vivrier en proie au désordre qui impacte sa bonne marche.

 

Lutte contre la vie chère

 

La promotion de la consommation des produits locaux a été inspirée par l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) qui compte plus de 120 millions de consommateurs. Cependant, elle cadre avec la stratégie de lutte contre la vie chère, adoptée par le gouvernement ivoirien dont le but est de valoriser les potentiels nationaux et réduire l’inflation importée. 

À l’issue du conseil des ministres du 22 juillet 2021, le gouvernement avait adopté huit mesures immédiates pour renforcer la lutte contre la flambée des prix de certains produits de première nécessité. Ce sont entre autres la tenue de rencontres sectorielles avec les différents acteurs économiques, l’encadrement des prix du riz, de l’huile de palme raffinée, de la viande de bœuf et de la farine, le renforcement de la surveillance du marché et l’intensification de la communication sur les prix et les actions menées dans le cadre de la lutte contre la vie chère. Des mesures structurelles avaient été également annoncées pour consolider les acquis et lutter de façon pérenne, contre le fléau. En dépit de toutes ces actions menées pour préserver le pouvoir d’achat des populations, le marché est toujours cher.

« La Côte d’Ivoire importe 1,3 million de tonnes de riz par an pour environ 400 milliards FCFA, alors que notre pays dispose de zones irrigables pour la culture du riz local, ou que le manioc (attiéké), l’igname, la banane plantain, la patate, ne soient moins valorisés par nous-mêmes en Côte d’Ivoire et privilégier des produits importés, nous interpelle tous », avait fait remarquer Souleymane Diarrassouba.

 

Un secteur mal structuré

 

Sur le terrain, les producteurs butent sur des difficultés à développer un circuit de commercialisation adéquat pour leurs produits, à défaut d’une restructuration à l’image des matières premières. Joint par téléphone lundi 18 octobre 2021, N’Guessan Alexis, spécialiste en appui aux petits producteurs pour des questions post-récoltes et Secrétaire exécutif du Bureau de vente des producteurs (BVP), a confirmé cette hypothèse. Par contre, les soucis selon lui, se situent sur la commercialisation. « Nous avons un secteur qui regorge de petits producteurs, aussi le secteur n’est pas organisé. Du coup, comme ce sont de petits producteurs, ils ont de petites quantités de production qui n’ont pas forcément une capacité marchande. Le 2e niveau, c’est la périssabilité de la production. Les produits sont très périssables, ce qui fait que les marges de perte sont très énormes. C’est ce qui justifie la cherté de vie. Lorsque le producteur ou la commerçante prend le produit à la source pour le marché, les risques de perte sont énormes. Donc, il le répercute sur le prix aux consommateurs. Les prix sont très bas au niveau des producteurs, mais très élevés au niveau des consommateurs », a clairement défini N’Guessan Alexis.

Pour les mois à venir, il a recommandé à l’État d’être plus regardant sur cette question. « Nous sommes dans le mois d’octobre, il y a d’énormes quantités de produits sur le marché. Or, quand nous allons tendre vers mars-avril, il n’y aura plus de produits. La production dépend de la nature, de la pluviométrie. Mais pourquoi ne pas renforcer les systèmes d’irrigation pour avoir une production homogène durant toute l’année ? Et il faut noter que la pandémie a eu un impact négatif sur la production. Les déplacements sont limités. Or, les lieux de production sont situés dans les villages. Il est important de structurer le secteur du vivrier comme celui du café-cacao… »

 

Venance Kokora

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