Cortège de motos aux couleurs rouge-vert jaune avec vrombissements stridents, partant de l’entrée de la ville. Certaines de ces motos portent des baffles qui passent en boucle, les chansons de l’icône, font le tour de la ville pour annon- cer l’événement. Des processions d’hommes et de femmes traversent le pont de la victoire pour se retrouver à la place de la mairie pour vivre cet événement. Mots de gratitude, témoignages et reconnaissances, ont meublé la cérémonie organisée par le maire de Grand-Bassam à l’honneur de la mégastar Alpha Blondy. Pour cette cérémonie colorée et bien décorée aux couleurs du reggae, les « bramôgôs » d’Alpha Blondy étaient-là, en grand nombre, pour soutenir leur idole qui recevait l’une des plus grandes distinctions de la ville de Grand-Bassam.
C’est d’ailleurs, sous une forte escorte de motos et de fans de la star que Jagger a foulé le sol de la mairie, lieu où se tenait la cérémonie en son honneur. A l’entame donc de cet événement qui a vu décerner à Alpha Blondy, le titre de citoyen d’honneur de la ville de Grand-Bassam, Georges Taï Benson, sous des sanglots, a livré quelques témoignages sur la mégastar.
Les témoignages de Georges Taï Benson
Premier producteur d’Alpha Blondy, Georges Taï Benson, l’ex-animateur à la Radiodiffusion Télévision Ivoirienne (RTI), a couvert Jagger de superlatifs. Pour lui, Alpha Blondy est incontestablement la plus grande figure du reggae, après Bob Marley qu’il qualifie de pape de ce genre musical. « Trébucher, tomber est à la portée de tout le monde. Se relever et gagner est réservé aux âmes fortes, aux esprits forts, ouverts, riches et aux muscles exceptionnels. Je voudrais dire qu’Alpha Blondy a trébuché, il est tombé et il est même allé au fond du puits. Ça, c’est à la portée de tout le monde. Mais il est sorti de là, pour devenir une icône, non pas ivoirienne, mais universelle du reggae après le pape Bob Marley », a-t-il témoigné, non sans traduire toute sa gratitude au maire Jean-Louis Moulot pour l’honneur fait à cette icône de la musique ivoirienne. « La cérémonie à laquelle nous assistons, est exceptionnelle dans sa conception, mais aussi dans sa réalisation.
Merci au maire et à son équipe qui, de façon professionnelle, ont organisé cette cérémonie », a-t-il traduit. Relevant les qualités de la mégastar, Georges Taï Benson a exhorté la jeunesse à suivre l’exemple d’Alpha Blondy dont le parcours est exceptionnel. Aussi, les a-t-il invités à abandonner les buzz au détriment de l’acharnement au travail bien fait. « Je voudrais dire à vous jeunes, amoureux d’Alpha Blondy, que vous suivriez son exemple en vous éloignant des buzz inutiles et qui détruisent. Alpha Blondy, le petit ‘’vagabond’’ d’Odiénné, de Korhogo, d’Abidjan… s’est construit. Marchez dans ses pas ! Imitez les déhanchements artistiques certes, mais imitez ce qu’il est en train de réaliser au cours de sa vie », a-t-il exhorté, ajoutant qu’Alpha Blondy « est fort. Alpha est fantastique. Alpha est plein de gratitudes».
Les secrets de la reconnaissance à Alpha Blondy
Le premier magistrat de la ville de Grand-Bassam a indiqué que distinguer la mégastar du reggae, en lui décernant le titre de citoyen d’honneur, n’est pas fortuit. Mieux, dira-t-il qu’Alpha Blondy et Grand-Bassam, c’est toute une histoire en commun. « En 1996, sur l’album ‘’Grand-Bassam Zion Rock’’, tu chantes le titre ‘’Grand-Bassam’’, une chanson dédiée à notre si belle Cité. Et tout récemment, sur ton dernier album‘’Eternity’’, tu l’as reprise pour notre plus grand bonheur. Oui, Bassam is on my way! Grand Bassam in the sun! There's always fun ! Cette chanson a contribué à valoriser notre patrimoine culturel et à inscrire Grand-Bassam sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. En réécoutant l’album ‘’Grand-Bassam Zion Rock’’, j’ai redécouvert la chan-son ‘’Cheick Amadou Bamba’’ à laquelle je n’avais jamais véritablement prêté attention. En tant que maire de Grand-Bassam, je ne peux que te remercier d’avoir rendu cet hommage au fondateur de la confrérie des Mourides… Grand-Bassam et Touba sont liées par l'Histoire depuis le passage en 1895, du Cheick Ahmadou Bamba. Et chaque année, des milliers de Mourides effectuent le pè- lerinage à Grand-Bassam », a situé le maire Jean-Louis Moulot qui a insisté sur son admiration pour la mégastar pour ses qualités humaines. « Tu as toujours œuvré pour le bien-être de chacun d’entre nous et ta bienveillance à l’égard des plus faibles, est sans pareille.
Suite à l’attaque tragique du 13 mars 2016, tu étais à la tête du cortège pour dénoncer la haine et marcher pour la Paix dans les rues de Grand-Bassam. Alpha, tu es plus qu’un artiste, tu es un véritable artisan de la Paix, de l’unité et de la réconciliation nationale », a-t-il défendu. Pour ces raisons, Jean-Louis Moulot dit méritée, la distinction de Jagger. « Je ne pourrai aucunement passer en revue, toutes tes actions en faveur de la promotion économique, sociale, culturelle et touristique de la ville, mais ce que je peux faire aujourd’hui, avec le Conseil municipal, est de te décerner le titre de Citoyen d’honneur en reconnaissance à toutes tes actions pour Grand-Bassam », a-t-il justifié. Aussi le maire a-t-il salué les grands événements initiés dans sa ville par Alpha Blondy. « Le 30 décembre 2007, après 6 ans de mutisme en Côte d’Ivoire, toi, le pionnier du reggae africain, tu choisis Grand-Bassam pour revenir sur scène, à l’espace Jérusalem, sur la plage d’Azuretti, pour le festival Festa, que tu rebaptises Festarrr avec 3 R pour réconciliation, réunification, reconstruction », a-t-il ajouté.
Les larmes de Jagger
Tout comme Georges Taï Benson, Alpha Blondy a fondu en larmes devant l’honneur à lui fait par le maire de Grand-Bassam. Il a traduit sa gratitude au premier magistrat de la ville qui l’a distingué. A l’endroit de son premier producteur qui lui a permis d’embrasser une carrière professionnelle à son retour des États-Unis, Alpha Blondy a dit toute sa reconnaissance. « Tous ces succès, ces superlatifs reviennent à Georges Taï Benson qui a produit mon premier album ‘’Jah Glory’’ », a-t-il témoigné. Et pour acter cette reconnaissance à celui qui lui a donné sa première chance, Jagger lui a remis symboliquement sa médaille de citoyen d’honneur.
« C’est à lui que revient cette distinction. Grand frère, cette reconnaissance t’appartient », a-t-il fait savoir, non sans lui dire merci pour le risque qu’il a pris d’investir dans la production de son album. A ces mots de Jagger, le directeur de cabinet adjoint du ministère de la Culture et de la Francophonie a traduit un message d’encouragement et de félicitations. « La ministre se ré- jouit de l’initiative de célébrer notre icône », a-t-il confié.
