
La Coupe d’Afrique U17 est faite pour faire briller nos jeunes talents. Est-ce aussi un avantage pour vous et pour les joueurs ?
Vous savez, toute la politique du football mondial et africain est aujourd’hui orientée vers la formation des jeunes. Jusqu'à récemment, la catégorie U17 représentait la première porte d'entrée vers le haut niveau et une véritable opportunité pour les jeunes talents. Aujourd’hui, nous assistons à l’émergence de joueurs précoces, et cette compétition leur offre une occasion unique de s’exprimer. C’est une chance inestimable pour ces jeunes qui travaillent d’arrache-pied, venant parfois des hameaux les plus reculés, sans forcément passer par de grandes académies ou des centres de formation renommés. Cette Coupe d’Afrique leur permet de se mesurer à d’autres nations et talents issus de divers horizons. C’est donc une opportunité exceptionnelle pour eux.
Le seul trophée remporté par la Côte d’Ivoire dans cette catégorie a été conquis ici, au Maroc, par une belle génération avec Franck Yannick Kessié et Angban Victorien. Ressentez-vous une pression particulière avant l’entame de la compétition, surtout après trois éditions d’absence ?
Vous savez, l’histoire est têtue. Le destin a voulu que nous nous retrouvions à la tête de cette équipe ici, au Maroc, où la Côte d’Ivoire a déjà écrit une belle page de son histoire. La pression est grande, il faut le reconnaître, et les attentes sont énormes du côté des Ivoiriens. Nous avons une jeune génération talentueuse qui doit relever ce défi et tenter de marcher sur les traces de ses illustres aînés. Mais au-delà de cette pression historique, nous avons aussi la responsabilité d’honorer la vision du président Yacine Idriss Diallo. Dès son arrivée à la tête de la Fédération Ivoirienne de Football, il a mis un point d’honneur à valoriser les sélections de jeunes et n’a ménagé aucun effort pour leur offrir les meilleures conditions.
C’est donc une double pression : celle de l’histoire et celle d’un projet ambitieux pour le football ivoirien. Mais soyez rassurés, nous sommes là pour écrire une nouvelle page glorieuse de notre sport. Le Maroc, pays ami et frère de la Côte d’Ivoire, représente un cadre idéal pour cette compétition. Nous nous sentons chez nous ici et nous ferons tout pour défendre dignement les couleurs de notre nation.
Votre groupe a-t-il les arguments pour atteindre cet objectif ?
Cela fait environ deux ans et demi que nous préparons cette compétition avec cette génération. Nous avons bâti un projet solide et nous venons, comme toutes les autres équipes, avec des ambitions élevées.
Notre priorité est de rester concentrée sur le travail accompli. Cette compétition sera l’occasion d’évaluer nos efforts et de voir si les joueurs ont bien assimilé les enseignements reçus. Nous sommes ici pour faire un excellent parcours et nous pensons avoir les armes nécessaires pour y parvenir.
Affirmer que nous allons remporter le tournoi serait présomptueux, car chaque nation présente ambitionne de soulever le trophée. Nous sommes tous des compétiteurs et, naturellement, nous visons le sommet. Cependant, notre premier objectif est de décrocher une qualification immédiate pour la Coupe du Monde U17. Ensuite, comme on le dit souvent, l’appétit vient en mangeant. Et vous savez, nous sommes des Éléphants. Sur notre passage, nous avons l’habitude de laisser notre empreinte. Avec humilité, nous sommes prêts à nous battre pour aller le plus loin possible. Vous pouvez compter sur nous, tout comme nous comptons sur nos propres forces. Sans faire offense à qui que ce soit, nous donnerons tout sur le terrain.
Comment trouvez-vous les infrastructures du Maroc et l’hospitalité du pays ?
Vous savez, le Maroc et la Côte d'Ivoire sont deux pays frères, et sincèrement, nous nous sentons ici comme chez nous. Nous avons été très bien accueillis. Le peuple marocain est aux petits soins avec nous, répondant avec beaucoup de convivialité et de fraternité à nos moindres besoins. Tout est mis en œuvre pour que nous ne nous sentions pas dépaysés.
Je vais vous raconter une petite anecdote : lors de notre première séance d'entraînement à Casablanca, nous avons eu droit à deux terrains, l’un en gazon synthétique et l’autre en gazon naturel. Cela témoigne du niveau d’organisation et de l’attention que nous accorde le Maroc. Vous savez que nous, Ivoiriens, sommes gourmands : nous avons donc décidé de partager la séance entre les deux terrains, afin de marquer notre attachement aux liens de fraternité qui unissent nos deux nations.
Je tiens à remercier encore une fois le peuple marocain et Sa Majesté le Roi, qui ont tout mis en œuvre pour que notre délégation se sente comme à la maison. Ici, nous avons l’impression d’être en Côte d’Ivoire. Seule la température nous rappelle que nous sommes ailleurs !
Que pensez-vous du groupe D dans lequel vous allez évoluer ?
Nous sommes dans un groupe très homogène, composé d’équipes aux styles de jeu variés. Le Mali, notre voisin frontalier, pratique un football assez proche du nôtre. Ce sera un véritable derby ouest-africain qui se jouera en terre marocaine, et cela promet d’être intéressant.
Quant à la Centrafrique et à l’Angola, ces deux nations ont un jeu basé sur la puissance, la vitesse et les courses répétées. Cela signifie que nous devrons nous adapter rapidement d’un match à l’autre, ce qui complique davantage notre tâche. Dès qu’un match se termine, il faudra vite se réajuster pour affronter un style de jeu différent.
Ce groupe est donc très relevé, et notre objectif sera de réaliser une belle performance pour sortir de la poule. Toutes les équipes sont compétitives et auront à cœur de se battre, et nous ne ferons pas exception à la règle.
Vous avez battu en amical le Cameroun (3-0), l’un des favoris de la compétition, ainsi que la Somalie (7-1), deux équipes qui vous ont posé des difficultés. Quel visage comptez-vous afficher face à la Centrafrique ?
Ces deux matchs amicaux ont été très instructifs pour nous, car ils nous ont permis de nous confronter à des styles de jeu différents, à l’image de ce que nous attendons dans notre groupe. Le Cameroun, avec son jeu physique et rigoureux, nous a opposé une belle résistance.
Cependant, au-delà des scores, l’objectif principal de ces rencontres était d’analyser le contenu de notre jeu. Nous étions en phase de réglages et de mise en place tactique, et ces matchs nous ont aidés à peaufiner notre préparation.
Nous avons abordé ces rencontres avec le même sérieux, car notre priorité était d’être prêts pour le premier match officiel contre la Centrafrique, le 1er avril, puis contre l’Angola, le 4 avril, et enfin contre le Mali, le 7 avril. Toute notre préparation a été axée sur la fraîcheur physique et la récupération, afin que nos joueurs soient à 100 % de leurs capacités le jour J.
Nous attendons maintenant la compétition pour avoir les réponses définitives. Mais avec la concentration et l’engagement dont font preuve nos joueurs, je suis convaincu qu’ils répondront présent.
La Côte d’Ivoire a remporté la Coupe d’Afrique des Nations des seniors avec un parcours excellent. Peut-on s’attendre à voir des pépites émerger dans cette compétition U17 ?
Je dirais qu’aujourd’hui, nous avons surtout mis l’accent sur la force du collectif. Pour nous, la véritable star, c’est l’équipe. Bien sûr, lorsque l’on construit un groupe solide, homogène et fondé sur des principes et des valeurs communes, certains joueurs se démarqueront naturellement. Mais notre priorité reste l’esprit d’équipe et la solidarité.
Les garçons en sont pleinement conscients. Au-delà des ambitions individuelles, ce qui prime dans cette sélection ivoirienne, c’est le collectif. Chaque joueur est au service du groupe et met ses qualités individuelles au profit de l’équipe. C’est cette cohésion qui doit permettre d’obtenir un ensemble parfaitement homogène.
Certains joueurs attireront peut-être l’attention, mais pour nous, l’essentiel est que ce soit la qualité collective qui soit mise en avant.
Coach, quel est l’état de l’infirmerie de la sélection ivoirienne ?
À ce jour, nous n’avons aucun joueur blessé. L’infirmerie est fermée, le médecin est au repos, et le staff médical a fait un travail remarquable en matière de prévention. Je tiens à les féliciter, car ce n’est pas une tâche facile, surtout avec des jeunes joueurs pleins d’énergie. Grâce à leur travail en amont, ils ont su éviter les blessures et gérer les petits pépins physiques.
Concernant la sélection des joueurs, nous avons parcouru tout le pays – des grandes villes aux campements les plus reculés – afin d’identifier les meilleurs talents correspondant à notre projet de jeu. L’objectif était de constituer une équipe qui soit non seulement représentative du pays, mais aussi compétitive en termes de qualité et de quantité.
Nous avons fait nos choix en toute conscience et avec le plus grand professionnalisme. Maintenant que la préparation est terminée, la balle est entre les pieds des joueurs. Nous attendons d’eux qu’ils mettent en application tout ce qu’ils ont appris et qu’ils livrent la meilleure performance possible. Leur prestation permettra aux observateurs de les juger, tout comme elle nous jugera en tant que staff technique.
Nous avons pleinement confiance en ces garçons. Ils sont désormais face à leur destin, et c’est à eux de prendre leurs responsabilités. Nous espérons qu’ils répondront présents à l’appel de la Nation.
Propos retranscrits par Olivier YEO, Envoyé spécial au Maroc