Un (01) mois après le début de ses entraînements au mythique stade Victor Biaka Boda, l’équipe féminine du Sporting Club de Gagnoa continue de faire la fierté des populations de la Cité du fromager. Pour preuve, les séances quotidiennes d’entraînement des filles du coach Adjo Dekolé Patrick dit ‘’Adidas’’, attirent la curiosité des badauds.
Entre dortoir et entraînements
Le 19 janvier 2023, de passage dans la ville, nous marquons un arrêt sur le site où s’entraîne l’équipe. Des dortoirs du club au stade, des entraînements aux matchs amicaux, des tâtonnements à la confiance naissante au sein du groupe, les recrues du Sporting se familiarisent pour la première fois, pour nombre d’entre elles au haut niveau. À en croire le coach Adjo Dekolé Patrick, le quotidien de ses joueuses d’exception, est meublé en partie, par une séance d’entraînement tôt le matin, avant qu’elle ne cède la pelouse aux garçons.
Premières joueuses d’une équipe portant le nom de la ville, à évoluer sur leurs installations, Mosiah We Thérèse, attaquante et Koffi Affoué Jocelyne, milieu excentré droite, entendent marcher dans les pas de leurs aînées des ‘’Onze sœurs de Gagnoa’’. Qui, elles, par contre, ont écrit les belles lettres du football féminin ivoirien.
De bons signaux
« Nous avons procédé au recrutement des filles qui pouvaient épouser l’objectif du club. Avec les filles que nous avons, elles ont commencé à maîtriser les fondamentaux. Au plan technique, le niveau est bon. Il reste à corriger la discipline tactique. Nous sommes engagés sur le terrain de la professionnalisation du football féminin. Comprenez donc que pour atteindre le niveau des hommes, il faut prendre le temps de créer l’environnement », a rappelé le coach. Avec une heure trente d’entraînement par jour, l’entraîneur espère créer progressivement, les automatismes au sein de son équipe. Les séances d’entraînement ont été couronnées le mercredi 18 février 2023, par un match amical avec une équipe des hommes. Tous des vétérans de Gagnoa ayant évolué au haut niveau des championnats de football ivoirien. L’objectif de ce match, selon Dekolé Patrick, « Coach Adidas », était avant tout de voir leur niveau tactique et leur engagement. Certes, elles ont perdu, mais les filles ont réussi à marquer un but contre ces vétérans. Un fait banal, mais qui vaut son pesant d’or, d’autant plus que leurs adversaires d’un soir, n’ont pas manqué de les féliciter pour leur bravoure.
Briser les stéréotypes
Pour assurer la pérennité de l’équipe, les filles disent qu’elles ne se sentent pas cantonnées au banc de touche. Car les stéréotypes sur leur discipline sont encore difficiles à déconstruire. Leur passion, elles continuent de la vivre balle au pied entre espoir et optimisme. Pour Mosiah We Thérèse, sa passion du ballon rond reste sa motivation à chaque entraînement ou à chaque match. D’ailleurs, elle dit avoir le soutien de sa famille restée à Grand-Lahou où elle tapait dans le ballon au quartier. À l’image de sa camarade, Koffi Affoué Jocelyne a également le soutien de sa famille et de ses camarades de Zoukougbeu.
Jouer au haut niveau
Pour les amateurs de football féminin que nous rencontrons, Mosiah We Thérèse, Koffi Affoué Jocelyne et leurs camarades sont des noms désormais bien connus de la pelouse synthétique de Biaka Boda. Pourtant, ces deux joueuses de Gagnoa, n’ayant jamais évolué dans un club d’élite, n’évoquent pas ou peu de choses au grand public. Elles font même partie de ces jeunes filles qui, pour la plupart déscolarisées, ont tant nourrit le secret espoir de taper dans le ballon rond sur les pelouses du championnat de Ligue 1 de leur catégorie. « Sur la touche », pour décrire ces footballeuses amateurs, la majorité des joueuses de Gagnoa nous apprend qu’elles n’ont ni une médiatisation à la hauteur de leur passion, ni le statut professionnel auquel elles aspirent, pour leur première participation au championnat de Ligue 2. Vêtues d’un maillot et d’une culotte aux couleurs bleu et jaune du club, assorti d’une paire de chaussette jaune, certaines soutiennent que leur rêve s’est enfin réalisé.
Marquage, conduite et contrôle de balle, discipline tactique, sous la houlette de « coach Adidas », pour leur première, les filles surprennent agréablement.
À la question de savoir qui est son modèle de joueuse, sans hésiter, Mosiah We répond que Tia Inès, footballeuse internationale ivoirienne évoluant à Gyeongju en Corée du Sud. Elle l’inspire sur tous les plans de jeu. C’est donc dire que les filles croient fermement en leur talent et leur chance de porter les couleurs tricolores orange, blanc et vert de l’équipe nationale féminine de Côte d’Ivoire.
« Notre équipe n’existait pas. Elle vient de naître grâce au leadership du président Yssouf Diabaté. Nous avons procédé au recrutement des joueuses talentueuses pour avoir une équipe compétitive. Là, nous avons fini avec ce volet. Nous avons un programme d’entraînement et nous avons un coach qui est à la tâche. Nous évoluerons par étape. Mais nous ambitionnons de monter en ligue 1 afin de jouer les premiers rôles », prévient la présidente Brigitte N’Guessan.
Olivier Yeo