Défaite et statut des Eléphants
Cette défaite devait nous permettre de tirer les enseignants et ce qu'il n'avait pas fonctionné et de corriger. Parce que, lorsqu’on est champion d’Afrique, on a des obligations en termes de performance non seulement pour faire respecter notre statut, mais pour se maintenir au niveau de meilleures places africaines dans le classement FIFA et aussi au moment du tirage pour les têtes de poules. Il y a tous ces paramètres qu'il faut voir. Je pense qu’aujourd’hui ce qui s'est passé nous donne raison. Les 9 points que nous avons pris en trois matchs nous ont mis à l'abri de toute surprise.
Le nouveau maillot des Eléphants et la contrefaçon
Notre partenaire équipementier, c'est Puma et Puma fait les maillots selon ce qu'on appelle des cycles de quatre ans. Donc le maillot que nous avions avec lequel on a joué la CAN, c’est un maillot qui est arrivé en fin de cycle. La nouvelle collection est maintenant disponible pour l'équipe. A partir d'aujourd'hui (15 novembre 2024, Ndlr), ils vont jouer avec la nouvelle collection, notamment le maillot blanc et le match à Abidjan contre le Tchad, ce sera le maillot orange avec les trois étoiles. Donc pour l'équipe et pour le staff, le maillot est disponible. Par contre, pour la commercialisation que la FIF fait pour le grand public, le maillot ne sera disponible qu’au mois de mars 2025, parce qu’il y a des conditions de fabrication. Ils sont fabriqués dans certains pays et sont mis dans des bateaux. Le temps que ça arrive, nous avons trois mois à peu près.
Sur la contrefaçon, nous allons procéder, à partir d'aujourd'hui, à une campagne de sensibilisation. Parce qu’il y a déjà eu des gens qui ont commencé la contrefaçon parce que Puma a publié la photo du maillot sur son site. Donc nous avons porté plainte auprès de la PLCC que je tiens à féliciter et à remercier pour son efficacité. Elle a mis la main déjà sur des fabricants du black market d’Adjamé. Nous serons dans des procédures où on va être très féroces. C’est-à-dire que celui qui va s'amuser va nous sentir. Nous allons débuter par une campagne de sensibilisation pour dire que le maillot va sortir. Il ne sera mis en vente pour le grand public par la Fédération qu'à partir du mois de mars 2025. Mais il y a des partenaires officiels de Puma que sont les magasins City Sport. Lorsque vous achetez chez City Sport, c'est un maillot officiel. Mais ce que vous avez acheté ailleurs, c'est une contrefaçon et nous allons lutter contre la contrefaçon parce que les études ont démontré que pendant la CAN, les contrefaçons ont coûté plus de 2 milliards de francs CFA à Puma et à la fédération. Ce sont des choses sur lesquelles on ne va pas plaisanter.
Pour le respect de cela, on a l'appui de la PLCC et des autorités judiciaires. Il faut inviter tout le monde à respecter ces dispositions et à patienter, car le maillot sera là et ils pourront l'acheter dans des bonnes conditions. Ce n'est pas nous qui fabriquons le maillot, nous n'avons pas la capacité d'accélérer des choses. Le processus est général pour toutes les équipes nationales qui ont un accord avec Puma pour les uns ou avec Adidas pour d'autres. Dans le cadre de notre campagne, nous allons amener les gens à comprendre que désormais notre logo a été déposé officiellement auprès de l’OAPI. Donc tout est protégé. Aujourd'hui nous avons les moyens de traquer et de sanctionner tous ceux qui seront dans cette logique.
Le choix de coach Romaric N’Dri en A’
D'abord, il faut savoir que notre vision, c'est que le sélectionneur des A doit avoir la main sur les Olympiques et les Locaux parce que c'est l'antichambre des A. Pour les équipes de jeunes, c'est différent. Nous avons échangé avec le sélectionneur et c'est le sélectionneur qui nous a proposé Romaric. Je pense qu’il nous a proposé Romaric, parce que tout simplement Romaric était un coach que vous connaissez qui a entraîné plusieurs équipes locales. Et puis je pense aussi que si vous voyez c’est la même génération que Coach Faé. C'est comme ça que Faé a proposé Guy Demel. C'est comme ça il a proposé un moment Sanogo qui était avec nous pour les Olympiques quand on a joué contre la France. C'est comme ça que dans la même veine il a proposé Romaric et ça nous convient totalement. Donc nous lui avons donné sa chance pour qu'il puisse apporter aussi sa contribution. C’est ce qui justifie le choix de Romaric à cette fonction. Le contrat de Romaric N’Dri court sur le long de la compétition du CHAN.
Il va avoir sa chance et vous savez, moi je suis très à l'aise avec ça. Parce que quand j'ai proposé que Faé soit l'entraîneur de l'équipe A, si je vous ressors tout ce que j'ai entendu dans mes oreilles, vous n'allez pas imaginer mais aujourd'hui c'est votre star. Donc j’ose espérer que Romaric fera autant. J’ai énormément confiance en cette génération de jeunes. Si vous avez bien remarqué, c’est cette génération-là qui est autour de l'équipe. Il y a Aruna Dindane qui, aujourd'hui après sa carrière, a fait des études de manager sportif. Aujourd'hui, c’est lui le manager sportif de l'équipe. Kalou Bonaventure, leur grand-frère qui était dans la génération est aujourd’hui le patron des arbitres. Cyril Domoraud, leur aîné, est aujourd'hui membre de la commission et aussi patron du statut du joueur. C’est une génération que je connais avec qui j'ai vécu, avec qui j'ai partagé des choses depuis la Coupe d'Afrique 2006 en Égypte puis la Coupe du Monde 2006 en Allemagne dans la foulée. Je les connais individuellement. Je connais leur état d’esprit, la mentalité et je leur fais confiance.
Le chèque de 14 millions de dollars de la CAF
On n'a pas reçu d'argent de la CAF pour l'instant. J’ai reçu un gros chèque en papier d'abord. Ils nous ont promis 14 millions de dollars qui sont issus des bénéfices qu'ils ont réalisés sur la compétition de la CAN. Mais pour l'instant ils n’ont pas encore reçu toutes les sommes et ils vont pouvoir nous donner les sommes dès que cela sera possible. On n’a aucun doute là-dessus. Ce sont juste des questions de timing maintenant, même si on reçoit cet argent, on ne peut pas l'utiliser parce que la CAF nous donne un cahier des charges d'utilisation. Ce n’est pas par ma volonté. La CAF dit cet argent, vous allez l'utiliser pour le football féminin et le football des jeunes. Mais ils n'ont pas encore envoyé le cahier des charges. Alors une fois qu'on aura les informations précises, on saura ce qu'il faut en faire. Donc l’argent que les clubs de football féminin ont reçu, ce n’est pas celui de la Caf. C’est de l’argent issu des ressources mobilisées par la Fédération ivoirienne de football pour aider ces entités.
Sanction des présidents de clubs féminins
Alors pour ce qui est du suivi médical des joueuses, la direction exécutive a mis en place un accord avec la commission médicale pour un suivi rigoureux et nous sommes intransigeants là-dessus. Intransigeants sur toutes les catégories et pour lesquelles nous délivrons des licences avec une obligation de participer à une compétition dont les clubs de football de Ligue 1, de Ligue 2 et de division 3. On ne plaisante pas. C'est fondamental si le contrôle médical n'est pas fait conformément aux exigences, on ne valide pas. Si on constate qu'il y a une fraude, on sanctionne même si c’est le football féminin.
On va renforcer ça. Nous sommes en train d’essayer de nous équiper aussi de moyens supplémentaires sur les stades de Ligue 1 et Ligue 2 parce que la dernière fois, par exemple, on a eu un joueur de Sol FC qui s'est blessé lors d'un match contre Korhogo et on a eu des soucis parce qu'il n'y avait pas d’attèle pour stabiliser la jambe du jeune homme. Donc ce sont ce genre de petites choses qu’on est en train d'essayer de corriger. Soyez indulgents aussi avec nous parce qu’on ne peut pas tout régler. Voilà on fait de notre mieux, mais en tout cas sur le plan médical, nous ne pouvons pas nous amuser avec la vie des joueurs.
Superstition au tour du maillot blanc des Eléphants
Je suis désolé pour eux. Quand on va dans une compétition, vous donnez trois couleurs et vous utilisez la couleur en fonction de l'adversaire et en fonction de la disponibilité. Donc les Ivoiriens n'ont qu'à s'habituer au maillot blanc. Ça fait partir de la réalité.
Indiscipline dans les stades
D'abord ce qui s'est passé l'année dernière n’est pas fini. Il y a une instruction qui est en cours au niveau de la commission de discipline. La Fédération n'a aucun moyen de pression sur les commissions indépendantes. Donc c'est la Commission indépendante qui se charge de traiter le dossier à son rythme et selon ses règles. Evidemment les propos qui ont été tenus vont faire l'objet d'analyse et si la Commission indépendante estime que des sanctions doivent être prises, elles seront prises. Pour l'instant, je ne préjuge pas de ce qui aura été décidé. Pour ce qui concerne les actes de violence dans les stades, j'ai demandé que nous soyons intransigeants. Pour ce qui concerne la violence des joueuses de l'Africa, la Commission s’est saisie du dossier et nous devons extirper tout ce qui est violence. Parce que les violences sont les prémices de l’hooliganisme, ce qui a perturbé le football européen pendant plusieurs années et on a vu que pour s'en sortir c'était tolérance zéro. Et on sera dans cette direction. Là je n'ai pas les moyens d'obliger les commissions indépendantes, mais en revanche j'ai la capacité de les interpeller. On va les interpeller sur ces choses-là. Il faut que des mesures soient prises et avec célérité pour que les gens n'aient pas l'impression justement qu’il n'y a jamais rien qui est décidé là-dessus.
De là à parler de pacification, pour moi le football ivoirien est en paix. Vraiment je n'ai pas de problème. C'est lui qui n'est pas dans la paix, il est seul dans sa bagarre. Mon comité exécutif et moi, on n'a pas la force. On est concentré sur notre mission. Il y a tellement de choses à faire qu’on est concentré sur ça et on espère simplement que le travail que nous faisons au quotidien avec sérieux avec abnégation, avec humilité va porter pour le football ivoirien. Pour l'instant, en tout cas, il porte. Je regardais sur nos engagements de campagne sur 14, nous avons rempli 13 et le dernier qui restait c'était la professionnalisation de l'arbitrage qu'on vient de faire. Le professionnalisme que nous avons mis dans l'arbitrage va faire l'objet d'un suivi rigoureux parce que justement, c’est là où on doit « pacifier l’environnement ». C’est quand on arrive vers la fin de la saison les clubs commencent à se plaindre et c'est l'arbitrage qui est souvent au centre. Nous allons travailler à améliorer ces choses-là. Nous ne sommes pas isolés sur une autre planète. Même en Europe il y a des fautes techniques d'arbitrage, mais nous ferons de notre mieux en tout cas pour pouvoir faire avancer les choses.
Affaire clash avec le président Jacques Anouma
Il y a un de vos collègues qui s'est assis chez lui et a écrit un article quand nous étions à l'Assemblée générale de la CAF avec le président Jacques Anouma. On a rigolé puis on a terminé l’AG. D'ailleurs, on a pris une photo avec le président Gianni Infantino. Je ne réponds pas à ça mais apparemment ça fait effet de boule de neige. Et puis il y en a un autre qui s'est trouvé comme un sachant en faisant des théories sur une radio. Le président Anouma, j’ai vu que ça l'embêtait. Et il m’a dit : « Idriss, je suis conseiller du président Motsepe et dire que j'ai encore des ambitions, ce n'est pas vrai ».
Et puis je vais vous dire clairement que le premier qui m'a demandé d'être candidat à la FIFA, c'est Jacques Anouma. Nous étions à Ryad à l'occasion de la finale de la Supercoupe. Je dis : « Président, tu as raison c'est une bonne idée. Je vais le faire mais nous sommes dans un pays organisé. Je ne peux pas le faire sans en parler à nos autorités. Il faut que j’aie l’avis de mes autorités avant de me présenter ». Donc le président Anouma est le premier à me proposer l’idée. Après l’article de presse, il a souhaité qu'on fasse un communiqué pour mettre les choses au clair. Mais malgré ça, il y en a qui ont relu le communiqué à leur façon.
Candidature au Conseil de la FIFA
Peut-être que vous ne le savez pas, Jacques est mon ami. On est ensemble depuis 1984. C'est là qu'on s'est croisé la première fois. On a fait beaucoup des choses ensemble. Pendant 40 ans, il peut avoir des moments où ça se passe bien ou moins bien. Ça fait partie des choses de la vie, mais absolument, il n’y a aucun problème et ça ne peut même pas exister. Je vous informe officiellement que je suis candidat au Conseil de la FIFA pour le compte de mon pays. Je pense que notre pays a prouvé sa capacité à organiser d’abord des grands événements, notre pays a prouvé sa capacité à recevoir et à gérer, de façon efficace, la plus belle des compétitions africaines jamais organisée.
Notre pays a prouvé aussi qu’au plan sportif, nous sommes capables d'avoir d'excellents résultats avec la CAN où nous sommes aujourd'hui champions en Afrique. Notre pays a prouvé aussi que nous sommes capables d'accueillir plusieurs pays chez nous à l'occasion des compétitions. Je pense que notre pays peut prétendre à avoir un poste au gouvernement mondial du football. Depuis 40 ans, je suis dans le football à divers échelons et je pense humblement que je peux apporter ma contribution au football mondial et représenter dignement notre grand pays la Côte d'Ivoire
La CAF fière de la Côte d’Ivoire
Le président de la République, depuis qu'il est aux affaires en 2011, a souhaité que la Côte d'Ivoire retrouve sa position et même aille au-delà de la position qu'elle avait. Donc on a retrouvé la position au plan de la stabilité politique, au plan de la stabilité économique et au plan de l'image de marque du pays. Avec la CAN que nous avons organisée, ça a été un moment important de rayonnement de notre pays. Aujourd'hui nous avons l'opportunité de recevoir tous les pays africains qui veulent venir jouer chez nous.
Et effectivement c'est la Fédération qui organise ça. Nous avons créé un département des compétitions internationales qui est dirigé par Dié Fonéyé et qui a une équipe très outillée qui travaille en harmonie avec l'ONS pour le rayonnement de la Côte d'Ivoire. Vous voyez que les pays, comme le Qatar, ont organisé la Coupe du Monde, ça leur a permis d'avoir une certaine dimension. Voyez un pays comme l'Arabie saoudite en train de mettre de gros moyens aujourd'hui pour pouvoir organiser la Coupe du Monde en 2034. Tout ça participe d'une stratégie diplomatique que les gens appellent en anglais le SoftPower. Donc c'est ça l'objectif. Et je pense que, comme le disait le président Motsepe à la dernière assemblée générale, ce qui lui a fait le plus plaisir depuis la CAN, c'est qu’il est dans les plus grands forums économiques du monde. Dans ces forums économiques, avant la CAN, quand on parlait de l'Afrique, on parlait de l'Afrique à travers le prisme de la misère et des guerres.
C'était comme ça qu'on parlait de l'Afrique mais depuis la CAN, quand il arrive, tous les hommes d'affaires du monde entier parlent d'abord du football, de la CAN et cette image positive de l'Afrique là que la Côte d'Ivoire a véhiculé qui fait sa fierté. Il a félicité encore la Côte d'Ivoire lors de l'Assemblée générale. Notre pays comme la souhaité notre chef de l'État est repositionné au plan international. En Afrique, le numéro 1 en matière de capacité d'organisation et de réception des matchs, c'est le Maroc. Le Maroc est intouchable. Et le Maroc est notre modèle en termes de déploiement et en termes de développement. Nous les regardons et nous essayons de faire comme eux. Je ne pense pas qu'on arrive à leur niveau, mais après le Maroc aujourd'hui c'est la Côte d'Ivoire. Avant on avait des pays comme l'Egypte, l'Afrique du Sud qui à l'époque étaient largement devant nous en termes de capacité de réception et d'organisation. Mais nous sommes cette dynamique-là aujourd’hui.
Propos recueillis par Olivier YEO, envoyé spécial à Ndola.