Finies les émotions de campagne, le travail commence maintenant. Le football ivoirien à l’agonie, a besoin de bien plus d’actions concrètes à travers un véritable plan Marshall, s’il le faut, pour retrouver ses lettres de noblesse. Yamoussoukro et les 81 votants ont parlé. Tout est dit.
Idriss Yacine Diallo, tête de la liste de l’équipe ‘’Rassembler pour développer’’, est le nouveau président de la Fédération ivoirienne de football (FIF). Il en est le 13e après Feu Augustin Sidy Diallo. Au second tour, cet ancien vice-président chargé du marketing dans l'équipe de Jacques Anouma (2002-2011) a, par 63 voix contre 61, battu Sory Diabaté, ancien premier vice-président et président de la ligue professionnelle de football du comité exécutif entre 2011-2020. Mais avant, au premier tour, Idriss Diallo était déjà arrivé assez largement en tête. Sur 130 voix, il en a recueilli 59, soit 45.38%. Sory Diabaté, arrivé en deuxième position avec 50, soit 38.46% et Didier Drogba, 21 voix, soit 16.15%. L’élimination de l’ex-capitaine des Éléphants au premier tour, a été vécue de façon très amère par ses nombreux supporters. Venus ce samedi, en très grand nombre dans la capitale politique, ces derniers ont manqué de peu, de dégoupiller après l’annonce des résultats. Ils ont pleuré à chaudes larmes. Le feuilleton a duré 2 années interminables.
Priorité « Rassembler pour Développer »
Le scrutin, lui, a pris toute une journée. Très harassant. Le verdict est enfin connu. Installé désormais dans le fauteuil de président de la FIF, Idriss Yacine Diallo entend très rapidement « ramener l’entente et la cohésion au sein de la famille du football », « le premier défi à relever, afin de réunir les intelligences et faire converger les énergies vers des objectifs communs. Cela va se traduire par la création d’une Commission ad hoc en charge du dialogue et de la réconciliation », expose-t-il, selon son programme. Très décrié par le public sportif, Idriss Diallo, lors de ce scrutin, a tenu un discours franc aux présidents de clubs. « Avant cette élection, les présidents de clubs ont été vilipendés, trainés dans la boue. Mais, je voudrais dire que c’est aussi à cause de nos comportements, si nous sommes traités de la sorte », a-t-il étalé. La tête de la liste « Rassembler pour Développer » compte modifier le statut du championnat de Ligue 1 et passer à 16 clubs dès la saison 2022-2023. Une fois président, il promet de faire passer la dotation financière de 75 millions à 100 millions de Fcfa. « Augmenter la récompense du champion de Côte d’Ivoire : passer de 20 millions à 30 millions de Fcfa. En Ligue 2, la dotation financière passe de 25 millions à 50 millions. Instituer une récompense de 10 millions de FCFA pour les premiers de chaque poule. En Division 3, la dotation financière passe de 15 millions à 30 millions avec une récompense de 5 millions pour les premiers de chaque poule », prévoit le président de la FIF. Tous ces chantiers nécessitent l’implication de tout le mouvement du football ivoirien. Dans un premier temps, il sera question de réconcilier tous les acteurs du ballon rond, afin que tous prennent part à la reconstruction de ce sport. Et le nouveau président s’y est engagé.
Renforcer la cohésion des acteurs
« Je serai le président de tous les membres actifs. Je ne serai pas le président d'un camp, contre un autre camp. Sory a été un adversaire redoutable, vaillant, jusqu'au bout. J'aimerais le féliciter lui et ses soutiens, pour la qualité qu'ils ont donné à cette élection. J'aimerais aussi féliciter Didier qui a eu le courage de s'engager dans cette élection. Et qui a rendu de par sa personnalité, cette élection plus que populaire. Ce n’est que dans la transparence, la rigueur, qu’on peut réussir. Nous devons être capables de nous mettre au-dessus pour penser le football ivoirien. J’irais vers mes adversaires pour leur demander de m’accompagner dans cette tâche. Je ferai en sorte que notre FIF revienne au premier plan en Afrique et dans le monde. Je prends l'engagement d'être un président juste », a déclaré Idriss Diallo, après son élection. Mamoutou Touré dit Bavieux, superviseur des travaux de l’élection pour le compte de la FIFA, par ailleurs, président de la Fédération malienne de football, a engagé les nouveaux dirigeants à œuvrer rapidement pour le rayonnement du football ivoirien. Il a exhorté les membres de la FIFA présents à l’élection, « à accélérer afin que [qu’il y ait]très rapidement, une rencontre avec le président Gianni Infantino pour essayer d’accélérer le processus de développement du football ivoirien. À vous chers délégués, la mission d’élire un président est désormais acquise. Il vous appartient de rester à ses côtés, de ne pas l’abandonner, d’avoir le courage de lui dire ce qui est blanc, est blanc. Telle est la valeur que nous voulons imprimer désormais dans nos activités tant au plan social que sportif. À vous M. Jacques Anouma, tous les intervenants vous ont mentionné, il vous appartient de mettre votre expérience au service de la jeunesse, notamment les acteurs du football, de sorte que nous ne connaissions plus jamais, une telle crise qui débouche sur l’installation d’un comité de normalisation. Mettez-vous ensemble, battez-vous ensemble, la Côte d’Ivoire est votre bien commun ». Didier Drogba n’a pas manqué de féliciter Idriss Diallo : « Nous avons un nouveau président de la FIF et je tiens à le féliciter. Nous devons l'accompagner dans sa tâche. Je lui souhaite un bon mandat ».
Manuel Zako, envoyé spécial à Yamoussoukro