Sur les sept combattants africains engagés, seuls deux ont pu passer un tour : le Tanzanien Andrew Mgulu et la Guinéenne Mariana Esteves, avant de se heurter à la réalité. L’Afrique ne brille pas au judo aux JO, et ce n’est pas nouveau. Dans l’histoire olympique, seules quatre médailles, deux d’argent et deux de bronze, ont été glanées par l’Algérie et l’Égypte. Et il y a peu d’espoir que les 36 judokas représentant l’Afrique fassent mieux cette année.
Japon, destination idéale…
Battue au second tour, par la vice-championne olympique, la Guinéenne d’origine portugaise, Mariana Esteves, ne visait pas plus loin. « Mon rêve olympique s’est terminé, mais ce fut une belle expérience quand même », avoue-t-elle.
Les championnats d’Afrique 2023 et 2024, c’est nous qui avons payé
Comme la plupart de ses collègues du continent, elle est déçue de ne pas avoir profité de plus de préparation pour espérer mieux. Les promesses faites par la Fédération guinéenne de judo, au moment de choisir le pays de naissance de sa mère, n’ont pas tenu longtemps. Aujourd'hui, Esteves paye beaucoup de sa poche pour rester au niveau. « Les championnats d’Afrique 2023 et 2024, c’est nous qui avons payé (Ndlr: avec l'autre judokate guinéenne Marie Branser), et heureusement que l’IJF (Fédération internationale de judo) nous aide parfois pour le transport et l’hébergement, sinon, ce serait compliqué », confie Esteves.
Ici, j’ai appris beaucoup en peu de temps avec les judokas internationaux
Pour le Tanzanien Andrew Mgulu, battu par le Français Joan-Benjamin Gaba, le fait de ne pas pouvoir se confronter souvent au judo international ne l’aide pas du tout dans sa progression. « En Tanzanie, nous n'avons pas de bons adversaires pour élever notre niveau. Ici, j’ai appris beaucoup en peu de temps avec les judokas internationaux, estime celui qui s’entraîne dans son pays. J'aimerais avoir l'opportunité de faire des entraînements au Japon, car j'ai un bon judo, mais je n'ai jamais eu cette opportunité. »
Transmettre pour développer le judo
Aden-Alexandre Houssein, né à Djibouti, a l’opportunité de s’entraîner en France, pays de sa mère. Mais les « compétitions coûtent cher et je n’ai pas une grosse fédération derrière moi. Donc, on fait quelques compétitions avec ce qu'on a. Et on les choisit bien parce qu'on a un budget à respecter ». Pour autant, le pensionnaire du club de Red Star Club Montreuil a pu effectuer une partie de sa « préparation au Japon ».
Le manque de moyens pour une bonne préparation et progresser est un gros problème, mais pas le seul à en croire Rodrigue Chenet, entraîneur de Zouleikha Dabonne, défaite dès le premier tour comme en 2016 et 2021. « Ce qui manque dans le judo en Afrique, ce sont les préparations, les contacts certes, mais il y a un aspect qu'on oublie des fois, c'est l'aspect mental. Et avoir confiance en soi dans un sport individuel, c'est aussi la clé pour réussir et oser faire. Et c'est ce qui a manqué dans la première partie du combat de Zouleikha. La confiance en soi, elle a eu lieu un petit peu trop tard dans le combat. »
Zouleikha Dabonne, 31 ans, qui ne se projette pas, pour l’instant, pour les Jeux de Los Angeles en 2028, pense à laisser le kimono « aux jeunes ». Transmettre également sera une façon d’aider le judo africain à se développer. « Mon but, à la fin de ma carrière, c’est d’aider à développer le judo en Gambie », promet Faye Njie, battu au premier tour, né à Helsinki, de père gambien et de mère finlandaise.
Mariana Esteves a aussi un projet pour développer le judo féminin en Gambie : « Je suis en train de finir un cursus en gestion sportive. Mon objectif, c'est de contribuer au développement du judo en Guinée. » En attendant, le chemin pour une nouvelle médaille africaine au judo est encore long.
Bema Bakayoko avec RFI.fr