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CONTRIBUTION/Rayonnement diplomatique, enjeux politique, sécuritaire et culturel…Un mois après le sacre des Éléphants, voici les retombées de la CAN pour la Côte d’Ivoire

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Adama Wague, analyste géopolitique et stratégique
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Une contribution d’Adama Wague, analyste géopolitique et stratégique

L’organisation de la coupe d’Afrique est une merveilleuse opportunité pour le pays organisateur de faire du branding efficace. Au-delà de la compétition sportive, c’est une lutte pour le rayonnement du pays, pour son image, sa visibilité et un enjeu géopolitique. À la faveur de la 34e édition de la coupe d’Afrique des nations, organisée par la Côte d’Ivoire, nous pouvons nous poser légitimement la question de savoir si le pays a réussi à marquer les esprits et à se positionner sur la scène internationale, comme un acteur incontournable. L’organisation de cette CAN a-t-elle renforcé la capacité de puissance et d’influence de la Côte d’Ivoire ? A-t-elle réussi à travailler l’image de marque nationale, de manière à développer à la fois son rayonnement et son attractivité ?

Analysons cette question autour de certaines variables qui déterminent le soft power tels que les enjeux politique, économique, diplomatique, sécuritaire et culturel.

Un enjeu politique

La réussite de cette organisation était une volonté du Président de la République, lui-même. Il a annoncé en ces termes : « J’invite nos compatriotes à l’hospitalité légendaire, à se mobiliser, pour réserver un accueil et un séjour des plus chaleureux aux différentes équipes nationales et aux supporters qui nous font l’honneur et l’amitié de venir dans le pays de la vraie fraternité. La CAN représente, au-delà de l’enjeu sportif, une opportunité pour donner une impulsion nouvelle au développement de l’industrie touristique et culturelle et de plusieurs secteurs de notre économie. Je veux que ce soit la Can la plus réussie de l’histoire ».

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Le Chef de l’État venait ainsi de donner l’orientation et l’ambition politique d’une aventure sportive internationale en fixant les objectifs de réussite de l’organisation. Cette annonce était une invitation à l’ensemble des parties prenantes afin de mesurer l’ambition politique. Le changement technique intervenu au poste de Premier ministre, avec des missions clairement définies liées à la réussite de l’organisation de la CAN, est révélateur de cette ferme ambition de remporter la mise de la CAN, tant par l’organisation que par le trophée.

Un enjeu économique

Le montant global investi pour l’organisation de cette CAN, s’élève à près de 1000 milliards de francs CFA. Cette somme a permis la création des travaux d’infrastructures qui ont permis d’accélérer le développement de nouveaux stades et la mise aux normes des anciens. Les villes de l’intérieur du pays (Bouaké, Korhogo, Yamoussoukro et San Pedro) et les stades d’Abidjan (Ebimpé et Plateau) ont bénéficié de plusieurs infrastructures, des routes, des ponts, des échangeurs. Des terrains d’entraînement ont été créés et chaque équipe avait son terrain d’entraînement. Une grande première dans l’histoire de l’organisation de cette compétition depuis 1957. Ces infrastructures ont donné un visage nouveau et reluisant à ces villes, développant ainsi le sérieux de la Côte d’Ivoire et son attractivité.

Un enjeu diplomatique

Le Président Alassane Ouattara a démontré sa capacité de puissance et d’influence. La visite du Secrétaire d’État américain en Côte d’Ivoire à la faveur de la CAN et accueilli avec enthousiasme par les supporters ivoiriens au stade Alassane Ouattara d’Ebimpé, les présences de nombreux chefs d’État africains, du Président la FIFA et de celui de la CAF, sont révélateurs d’une puissance sous-régionale et envoient en même temps, des signaux forts aux autres pays de la sous-région.

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Les stades ont été construits par différents partenaires stratégiques, notamment la Chine, le Portugal, la France, avec une réelle volonté de renforcement des intérêts de part et d’autre. Cette politique néolibéralisme qui renforce le multilatéralisme ivoirien, prend ainsi le contre-pied des discours de désinformation et de manipulation relayés depuis un moment par des acteurs anti-français.

La CAN a été relayée par plus de 5 000 journalistes.  Ici encore, c’est la première fois, depuis 1957, que le tournoi suscite autant d’engouement de la part des acteurs des médias. C’est autant de personnes à travers le monde entier qui ont suivi cet évènement, faisant la promotion du pays.

Un enjeu sécuritaire

L’Afrique de l’Ouest peut paraître une zone moins sûre avec la prolifération des groupes armés terroristes, auteurs de plusieurs attentats, les effets de la désinformation russe, les coups d’État et les désamours de la France dans les pays comme le Mali, le Niger, la Guinée, le Burkina Faso. Aussi, la sortie des pays de l’AES de la CEDEAO, pourrait être le vecteur d’une nouvelle montée de violence, combinée à des communications violentes de ces chefs d’État. Tout cela pousse à croire que cette CAN pourrait avoir des perturbations sécuritaires. Bien au contraire, les Ivoiriens et les visiteurs étrangers n’ont pas été touchés par un quelconque sentiment de peur qui pourrait naître de l’évolution des questions politiques dans l’espace de l’AES.

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Les stades à l’intérieur du pays, tout comme à Abidjan, étaient bondés de supporters à toutes les occasions de matchs. Les inquiétudes d’une escalade de violence entre Ivoiriens et Maliens, suite au match opposant les deux pays, soutenue et entretenue par une propagande d’intoxication savamment orchestrée, n’a pas prospéré. Chaque match était une opportunité de prendre un bain de foule avec un mélange de races et de couleurs. À la réalité, les visiteurs ont pu circuler librement, aucun journaliste n’a été pris pour cible de quelque violence que ce soit et la CAN s’est bien déroulée.

Un enjeu culturel

Les artistes ivoiriens ont positionné l’image et la culture ivoirienne à travers le monde. Si la musique officielle de la CAN, chantée par le groupe Magic System, Yémi Alade et Mohamed Ramadan, ont suscité les neurones de la mémoire et éveillé les perspectives de développement du pays, celle de Tam Sir et de la Team Paiya à travers le « Coup de marteau », auront marqué la 34e édition de la CAN. Cette chanson à la sauce ivoirienne, est devenue un tube planétaire, exécuté aux quatre coins du monde. À titre d’exemple, au Moyen-Orient et dans les pays asiatiques, le « Coup du marteau » a brisé les murs du conservatisme, de la tradition et de la religion pour faire danser des personnalités arabes, japonaises et chinoises, parfois dans des lieux de culte. Le clip de la chanson fait actuellement plus de 42 millions de vues sur YouTube.  En résumé, la Côte d’Ivoire a réussi son organisation de la coupe d’Afrique des nations. L’image internationale de la Côte d’Ivoire est donc positive et attractive, elle a su mettre à profit, sa puissance et son influence sous-régionale pour marquer le monde sur sa force et sa détermination d’aller de l’avant.

 

ADAMA WAGUÉ

Master Sécurité internationale et Stratégie

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