Alléluia ! Le Dieu qu’on loue est vivant
Scènes de liesse au stade et dans les rues du village d’Anono après la qualification in extremis des Eléphants de Côte d’Ivoire. « Alléluia ! Le Dieu qu’on loue est vivant ! Il est puissant ! », hurle une jeune femme devant sa cour, située dans les environs du stade d’Anono où est logée la fan zone. Elle laisse ainsi éclater sa joie, une quinzaine de minutes seulement après la victoire des Eléphants devant les Aigles du Mali. « Jésus est Ivoirien ! », lâche un jeune homme dans une autre rue plus loin.
Une victoire miraculeuse
c’est la CAN de l’irrationnel
Pour nombre des Ivoiriens, cette autre victoire des Eléphants relève, en effet, d’un miracle divin. C’est aussi ce que font observer sur Rfi les commentateurs de la rencontre. « Ce n’est pas la CAN de l’hospitalité, c’est la CAN de l’irrationnel », lâche le confrère après l’égalisation inattendue, arrachée par l’équipe ivoirienne. Et d’ajouter : « C’est de l’ordre du miracle ce qui se passe autour de cette équipe ». Son consultant du jour, Joseph Antoine Bell, ne peut que constater lui aussi, au coup de sifflet final, qu’il y a une part d’irrationnel dans ce renversement de situation en faveur des Eléphants. « C’est incroyable ! », admet-il.
En effet, rien, dans le cours du jeu ne présageait une issue favorable aux Eléphants. Leurs supporters, pourtant confiants à l’entame du match, sont en effet passés par toutes les émotions à chaque coup du sort qui semblait annoncer une possible défaite : le penalty en faveur des Maliens, le carton rouge infligé au défenseur ivoirien, réduisant à 10 les Eléphants ; le but encaissé par l’équipe ivoirienne à la première mi-temps et qui a été crânement défendu par les Aigles du Mali jusqu’aux toutes dernières minutes de la seconde mi-temps.
De l’abattement à l’explosion de joie
Durant ces moments d’incertitude, ce sont des supporters incrédules et aux visages défaits qui assistent, impuissants, à l’approche du temps réglementaire. Prise de malaise à une dizaine de minutes de la fin du match, une jeune fille, assise par terre, est assistée par une autre qui lui tient les bras. Dans les alentours du stade, des adolescentes semblent avoir choisi de gérer la tension en se lovant dans les bras de leurs petits amis.
Cette atmosphère de résignation est subitement brisée par une clameur quand un premier cri annonce un but des Eléphants. « Ouooooh ! », hurle le public, avant de se rendre compte quelques secondes plus tard qu’en fait de but, il n’en était rien. Le ballon a plutôt effleuré le poteau. Fausse alerte. Mais, quand, à quelque deux minutes de la fin du temps réglementaire, le but égalisateur intervient, la foule exulte ! Ça danse, ça se jette dans les bras les uns des autres, ça agite des chaises au-dessus de la tête et court dans tous les sens.
Ne jouez pas avec le cœur des autres hein !
Pendant la prolongation, ce sont des supporters plus confiants qui suivent religieusement la rencontre. Jusqu’à cet instant où un autre spectateur crie au but, soulevant un grondement de joie, vite estompé quand tout le monde se rend compte qu’il n’y avait pas but. « Eh, vous là, arrêtez ça hein ! Ne jouez pas avec le cœur des autres hein ! », menace d’un doigt rageur un jeune homme, le groupuscule d’où a fusé le cri de joie. Puis vint cette ultime minute de la fin de la prolongation où est marqué le but de la victoire. C’est la transe collective ! L’espace se transforme en un bal poussière.
Au coup de sifflet final, des jeunes gens se livrent à un rodéo motorisé, soulevant un nuage de poussière. Partout vrombissent des vuvuzela auxquels se mêlent des klaxons ; le drapeau nation est agité par des flots de jeunes à travers rues et ruelles. « Demain dimanche, allez à l’église hein car il y a Dieu dedans ! », lance un jeune homme aux personnes célébrant la victoire devant une buvette.
Assane Niada