Société

Après sa dissolution de la FESCI: Parents d’élèves et défenseurs des droits applaudissent la décision

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Parents d’élèves, association de défense des droits de l’homme et associations de consommateurs se prononcent sur la décision du gouvernement  de dissoudre la FESCI, 34 ans après sa création.

Fadiga  Safiatou, présidente de la Fédération nationale des parents d’élèves et partenaires de l’école en Côte d’Ivoire (FENAPECI )

« Cette décision aurait dû être prise plus tôt »

« C’est une très bonne décision. Elle est salutaire. Il y a eu trop de personnes victimes des actes de violence de la FESCI. Seulement, cette décision aurait dû être prise plus tôt, parce ces étudiants faisaient trop de sorties de route. On ne reconnaissait plus notre jeunesse scolaire. La FESCI n’était pas là pour défendre les intérêts des élèves et étudiants. La mesure de dissolution était déjà envisagée par l’ex-ministre de l’Education nationale Kandia Camara dès sa nomination à ce poste. En tant que parent d’élève, j’ai participé au séminaire à l’occasion duquel il a été proposé qu’il n’y ait plus de FESCI au secondaire, mais cela n’a pas été suivi au niveau de l’Enseignement supérieur.».  

Kadio Aka Claude, président de l'Organisations des parents d'élèves et étudiants de Côte d'Ivoire (OPEECI) 

 « La FESCI ne défendait plus les intérêts des élèves et étudiants »

 « Si on est arrivé à la dissolution de la FESCI, cela dépend de son comportement. Tout groupe a le droit de se syndiquer pour défendre l’intérêt des populations. La FESCI est née pour défendre les intérêts des élèves et étudiants de Côte d’Ivoire. Ce qui est une très bonne chose. Mais depuis leur création, on constate qu’il y a des dérives et souvent ce sont des morts qu’on dénombre.

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Trop c’est trop ! Trop de sang a coulé et cela a provoqué une psychose qui s’est installée dans les universités depuis des années sous différents régimes politiques. Aucun pouvoir ne pouvait prendre la décision de dissoudre la FESCI. Des pouvoirs ont essayé sans y parvenir. La FESCI s’est affaiblie elle-même par son comportement. Elle ne défendait plus les intérêts des élèves et étudiants, mais autre chose. Donc si le gouvernement a estimé, à partir des preuves en sa possession, la dissoudre, je suis d’accord. Désormais, d’autres étudiants peuvent se reconstituer en association, mais cette fois avec d’autres objectifs. Et chaque fois qu’ils commettront des dérives, le gouvernement va encore les dissoudre ».

Zadi Gnagna, Président Confédération syndicale de la plateforme nationale (CSPN) 

 « la FESCI aurait dû faire sa mue »

« C’est avec un pincement au cœur qu’en tant que membre de la société civile, nous apprenons la dissolution d’une organisation quelle qu’elle soit, surtout que nous avons été quelque peu bercé par la FESCI.  Nous avons connu la FESCI sous Ahipaud Martial. Je pense que la FESCI aurait dû faire sa mue en s’adaptant à l’évolution de nos sociétés, pour sortir de tout ce qui a été mis en avant pour la dissoudre.

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L’université est un lieu de débat où on apprend à s’organiser et à développer le leadership. Avant la FESCI, il y  avait le MEECI, qui était une sous-section du PDCI-RDA. Le MEECI a eu sa gouvernance et à un moment donné, il a été dissous. Et aujourd’hui, la FESCI connait la même situation. Je voudrais présenter mes condoléances aux familles de toutes les victimes. Je suis triste que la FESCI soit associée à un tel drame. Il faut faire en sorte que, si les choses doivent reprendre, les organisations soient plus saines ».

Eugène Djué, membre fondateur de la FESCI 

 « Casser le thermomètre ne guérit pas la fièvre »

« La FESCI n’est pas le problème. La FESCI a été créée pour trouver des solutions aux problèmes qui se posaient à l’université. Et donc 34 ans après, on devrait observer que les problèmes ont disparu et que la FESCI fonctionne normalement et aide l’administration à rendre le milieu de l’éducation vivable, mieux que ce que nous avons trouvé. Si 34 ans après, ces problèmes se posent, l’on doit se poser des questions plus profondes au lieu de chercher à casser le thermomètre.

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Casser le thermomètre ne guérit pas la fièvre. La fièvre se traite. On a connu d’autres dissolutions. Nous nous sentons tous concernés par ce qui est arrivé. Aujourd’hui, la question, c’est : que faire ? Cette question est valable autant pour les autorités que pour nous. 34 ans après, apprendre que la FESCI est à l’origine du décès de l’un de ses militants, cela ne fait pas plaisir et ça ne fait pas honneur à ce syndicat. Nous pensons que cette affaire est à la justice, on devrait laisser la justice faire son travail. Nous voulons que la justice aille jusqu’au bout de son instruction et qu’elle face éclater la lumière afin que les responsabilités soient situées ».

Bamba Drissa, président du Mouvement ivoirien des droits humains (MIDH 

 « On aurait dû attendre le verdict du tribunal…»

« S’il est vrai que l’Etat est le régulateur des libertés publiques, il n’en est pas moins vrai que la décision prise par le CNS est  précipitée. Et pour cause, le dossier de la FESCI se trouve entre les mains de la justice ivoirienne. Selon nous, il aurait été élégant d’attendre les conclusions de l’instruction judiciaire, le procès et le verdict du tribunal avant de prendre pareille décision. Au regard de ce qui se passe dans le pays, nous au MIDH, nous nous interrogeons sur les implications et les intérêts politiques qui sont en dessous de cette décision. 

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D’autant plus que la structure qui est incriminée est la FESCI, mais la décision concerne toutes les associations. Est-ce que c’est une manière d’interdire les élèves et étudiants de Côte d’Ivoire de se réunir en association ? Ce qui serait une violation de la Constitution ivoirienne. Pour rappel, nous, MIDH, avions documenté plusieurs cas de violences perpétrées par la FESCI avec le cas d’Habib Dodo en 2004, et une autre dame qui avait été violée par les éléments de la FESCI. Nous avions reçu plusieurs cas de plaintes de violences perpétrées par la FESCI, mais nous disons que la démarche n’est pas bonne ».

Dr Kazon Aubin, porte-parole de la Coordination nationale des enseignants du supérieur et chercheurs  (CNEC)

 « Nous espérons que ces mesures apportent l’accalmie »

« On aurait pu comprendre une suspension des activités et peut-être une dissolution de la FESCI, bien que toutes les responsabilités ne soient pas encore situées. On aurait pu comprendre que cette mesure concerne exclusivement la FESCI, pare ce que, selon les premières informations données par les autorités, c’est la FESCI qui est incriminée. Mais confondre toutes les autres associations, nous pensons que c’est une mesure un  peu  abusive. Nous aurions souhaité que toutes les enquêtes soient terminées et que les responsabilités soient situées avant de prendre une  mesure aussi grave.  Je dis mesure grave parce que la dissolution devrait être le dernier recours de sorte que lorsqu’elle est prise, elle est inattaquable. Nous espérons que ces mesures apportent l’accalmie ».   

Soumahoro Ben N’Fally, Président de l’association de consommateurs SOS VIE-chère

« C’est une décision salutaire pour ramener le calme »

« En tant que membre de la société civile, on ne peut pas se réjouir de la dissolution d’une organisation. Mais il y a des faits qui appellent à des réactions. Je sais que cette décision gouvernementale ne sera pas définitive, mais c’était la solution pour calmer tout le monde. Je n’ai rien contre la FESCI, mais je suis contre certaines pratiques. Lorsqu’ vous dit par exemple que des chambres sont occupées par des gens qui n’ont pas droit par exemple, il y a de quoi s’inquiéter. Je pense que cette décision va emmener les dirigeants de la FESCI à revenir sur terre. Il faut redéfinir de nouveaux critères dans le fonctionnement de cette organisation. 

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Il y a des syndicats dans tous les secteurs d’activités, y compris chez les travailleurs, mais les gens ne se comportent pas comme le fait la FESCI. Nous dénonçons les actes de violence de ce syndicat. Les politiciens utilisent la FESCI, ce qui l’a rendue incontournable au point qu’elle est devenue une organisation de combat au profit des politiciens. Cette décision du gouvernement est salutaire pour ramener le calme, pour redéfinir de nouveaux critères. Il reste maintenant à la justice de faire son travail ».

Attaby Pacôme, Secrétaire général de la Confédération Syndicale Espoir-Côte d’Ivoire (CSE)

 « Il aurait fallu d’abord que la justice fasse son travail »

« Je suis surpris par la précipitation avec laquelle le gouvernement a dissous la FESCI, sans attendre la fin de l’enquête judiciaire. Pour nous, il aurait fallu que la justice fasse son travail, situe les responsabilités et sanctionne les auteurs de ce crime crapuleux. Et par la suite, laisser la FESCI poursuivre son cour normal. Je suis contre toute forme d’entrave aux libertés individuelles et collectives. Le fait de dissoudre la FESCI, qui est une association d’élèves et d’étudiants par laquelle ils posent leurs problèmes sociaux, est une entrave à la liberté d’association »

Propos recueillis par Ernest Famin

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