Société

Délocalisation mouvementée de la casse d’Abobo: Pris à leur propre piège, les vraies raisons de l’opposition des ferrailleurs 

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Prévue pour mardi 13 août 2024, la délocalisation de la casse d’Abobo à N’dotré n’afinalement pas eu lieu. Les ferrailleurs s’y sont opposés par des actes de violence. Les autorités municipales leur ont accordé un délai de 48 heures pour libérer le site.

La bouillante commune d’Abobo a encore connu des heures chaudes ce mardi 13 août 2024. En effet, des échauffourées ont éclaté dans la matinée à la casse au rond-point du carrefour Banco entre des agents de la police municipale et les ferrailleurs. Les agents de la police municipale, qui étaient venus pour demander aux ferrailleurs de libérer ce site, pour rejoindre un autre que la mairie a amé[1]nagé pour eux à N’dotré, s’y sont opposés violement. Munis de pierres et de bois, les acteurs de la casse ont empêché le déroulement de l’opération, en lapidant les agents de la police municipale. Dépourvus d’arsenal pouvant leur permettre de faire face à ces jets de pierres, qui provenaient dans les sens, ceux-ci ont commencé par répliquer. La réaction des ferrailleurs est d’autant plus surprenante que la décision relative à la délocalisation de la casse pour le site de N’dotré date de 2022. En effet, le maire, Kandia Camara, a pris l’arrêté n°2022-01/MAB/SG du 3 janvier 2022 pour interdire les activités des ferrailleurs et des garagistes sur le périmètre du quartier Anador-Banco, le long de la voie express et de toutes les voies à grande circulation et leur délocalisation sur le site de la nouvelle « casse » à N’dotré. L’affrontement entre les agents de la police municipale et les ferrailleurs de la casse a paralysé la circulation et créé une atmosphère de panique générale dans la périphérie. Craignant des dérapages, certains commerçants aux alentours ont préféré fermer leurs magasins.

« Il faut que chacun de nous respecte sa parole »

Dans cette ambiance de tension, des responsables de la casse ont approché le 8e adjoint au maire, Diabaté Beh, qui était sur les lieux pour superviser le déroule[1]ment de l’opération, pour trouver un terrain d’entente. « Nous avons été approchés par les responsables de la casse, qui disent avoir mis sur pied un comité pour faire le déménagement sur le nouveau site. Ils nous demandent de leur accorder un bout de temps. Nous avons demandé à nos forces de se retirer. Le temps pour ce comité de se concerter pour commencer le déménagement sur le nouveau site », informe Diabaté Beh. Il poursuit en mettant en garde : « Il faut que chacun de nous respecte sa parole. Si nous nous mettons d'accord sur la prochaine date et si nous ne sentons pas un début d'exécution, nous serons obligés de revenir. (…) Ils m'ont donné 24 heures, mais je leur donne 48 heures. Les 48 heures, c'est pour me donner le chronogramme de départ. Ce chronogramme doit être respecté de nous tous ». Le 8e adjoint au maire a indiqué que la police municipale n’est pas venue en guerre contre les ferrailleurs, mais plutôt pour exécuter une décision irrévocable qui a été prise par la mairie d'Abobo depuis 2022. Le délai de 48 heures fixé par le 8e adjoint au maire, ne semble pas convenir au président de la Chambre des métiers d'Abobo, Ouattara Jacques, par ailleurs, président des métaux mécaniques d'Abobo. Il propose jusqu’au 20 août. Pour lui, il faut faire en sorte que le départ se fasse par corporation, dans un climat apaisé, afin d’éviter que les ferrailleurs perdent des marchandises. Cissé Amadou, le président des ferrailleurs d’Abobo, insiste sur le climat de paix, qui doit prévaloir au cours de l’opération. Il soutient avoir informé les ferrailleurs qui ne vont pas rejoindre le site de N’dotré, que leurs magasins seront attribués à d’autres opérateurs. Il déplore les casses de certains magasins ce jour (mardi) ; en ce sens qu’il n’en était pas question aux cours des échanges avec les autorités municipales, qui ont eu lieu la veille de l’opération. Selon Coulibaly Brahima, secrétaire général de l’Association des ferrailleurs des casses modernes de Côte d’Ivoire, c’est un problème de planification qui fait trainer l’opération.

Aristide OTRE

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