Société

Journée internationale de la terre ANTÓNIO GUTERRES : « Si nous n’agissons pas, nous allons détruire notre planète »

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Ce mercredi 22 avril 2021, le Secrétaire général de l’ONU António Guterres délivré un message d’avertissement à l’endroit des populations. C’était à l’occasion de la célébration de la Journée mondiale de la terre. L’Avenir vous propose l’intégralité de ce message.

Action climatique pour les femmes et les hommes et pour la planète : il faut agir aujourd’hui » Les faits, sur le plan scientifique, sont sans appel et font l’objet d’un consensus à l’échelle mondial : pour que la crise climatique ne se trans- forme pas en catastrophe permanente, nous devons limiter le réchauffement de la planète à 1,5 degré Celsius. Pour ce faire, il nous faut, d’ici le milieu du siècle, ramener à zéro les émissions nettes de gaz à effet de serre. Un grand nombre de pays, correspondant aux deux tiers environ de l’économie mondiale, se sont déjà engagés à le faire. C’est encourageant, mais il est urgent que chaque pays, chaque ville, chaque entreprise et chaque institution financière rejoigne cette coalition et adopte des plans concrets pour arriver à zéro émission nette. Il est encore plus urgent que les gouvernements assortissent cette ambition à long terme d’actions concrètes dès maintenant, alors que des billions de dollars sont mobilisés pour vaincre la pandémie de COVID-19. La relance de l’économie est l’occasion où ne jamais de repenser notre avenir. Pour cela, le monde s’est doté d’un solide cadre d’action : l’Accord de Paris, dans lequel tous les pays se sont engagés à établir leurs propres plans d’action nationaux pour le cli- mat et à les renforcer tous les cinq ans. Plus de cinq ans plus tard, munis de la preuve accablante que si nous n’agissons pas, nous allons détruire notre planète, nous savons qu’il est temps de prendre des mesures déci- sives et efficaces alors que l’ONU convie tous les pays à Glasgow en novembre pour la COP26. D’ici à 2030, les nouveaux plans d’action nationaux doivent réduire d’au moins 45 % la pollution mondiale générée par les gaz à effet de serre, par rapport aux niveaux de 2010. Nombre de ces plans ont déjà été présentés, qui énoncent des politiques plus claires en matière d’adaptation aux effets des changements climatiques et d’accélération de l’accès aux énergies renouvelables. Mais jusqu’à présent, ils ne permettent de réduire les émissions que de moins de 1 %. C’est là, véritablement, un signal d’alarme maximal pour la planète et pour ses habitants. Dans les mois qui viennent, à commencer par le prochain sommet des dirigeants organisé par les ÉtatsUnis, les gouvernements doivent revoir leurs ambitions très nettement à la hausse, en particulier les pays les plus émetteurs qui sont à l’origine d’une grande partie de cette crise. Éliminer progressivement le charbon, dans la production d’électricité, est la mesure la plus importante à prendre pour atteindre l’objectif de 1,5 degré. Prendre immédiatement des mesures en vue de bannir le combustible fossile le plus sale et le plus polluant des secteurs de la production d’énergie donnera au monde une chance réelle de relever le défi. L’utilisation du charbon pour la production d’électricité doit diminuer, au niveau mondial, de 80 % d’ici à 2030, par rapport aux niveaux de 2010. Cela signifie que les économies développées doivent s’engager à avoir éliminé le charbon d’ici à 2030, et les autres pays, d’ici à 2040. Il n’y a tout simplement aucune rai- son de construire de nouvelles cen- trales à charbon, où que ce soit. Un tiers des centrales à charbon du parc mondial sont déjà plus coûteuses à exploiter qu’il n’en coûte de déve- lopper de nouvelles énergies renou- velables et d’assurer le stockage. La COP26 doit marquer l’arrêt de mort du charbon. Alors que le monde évolue vers la dépollution de l’air et les énergies re- nouvelables, il est essentiel que nous assurions une transition équitable. Les travailleurs des industries concernées et du secteur non struc- turé de l’économie doivent être accompagnés dans leur changement d’emploi ou leur reconversion. Nous devons également tirer pleinement parti du potentiel considérable que représentent les femmes et les filles dans ce mouvement de transformation, notamment en leur confiant à part égale le gouvernail et les décisions. Les pays qui ont le moins contribué aux changements climatiques sont ceux qui en pâtissent le plus, et le plus durement. Bien des petits pays insulaires cesseront tout simplement d’exister si nous n’intensifions pas notre action. Les pays développés doivent tenir les engagements qu’ils ont pris de verser et de mobiliser 100 milliards de dollars par an : En doublant les financements consacrés actuellement à l’action climatique ; En consacrant la moitié de ce financement aux mesures d’adaptation ; En cessant de financer le charbon à l’échelle internationale ; En subventionnant non plus les combustibles fossiles mais les énergies renouvelables. Le sommet du G7 en juin est l’occasion pour les pays les plus riches du monde de s’impliquer et de prendre les engagements financiers nécessaires pour assurer le succès de la COP26. Si les gouvernements doivent prendre l’initiative, les décideurs du monde entier ont un rôle essentiel à jouer. Je demande à toutes les banques de développement multilatérales et nationales de mettre en place, d’ici à la COP26, des politiques claires pour financer la reprise post-COVID et la transition des pays en développement vers une économie plus résiliente, en tenant compte des niveaux d’endettement écrasants et des pressions énormes qui pèsent sur les budgets nationaux. De nombreuses collectivités locales et entreprises privées se sont engagées à réduire à zéro leurs émissions nettes d’ici à 2050 et ont entrepris de revoir en profondeur leurs modèles économiques. Je demande instamment à toutes et tous d’être ambi- tieux dans les politiques et les objectifs fixés. J’encourage les jeunes du monde en- tier à continuer à faire entendre leur voix pour que des mesures soient prises afin de lutter contre les chan- gements climatiques, de protéger la biodiversité, de mettre fin à la guerre de l’humanité contre la nature et d’accélérer les efforts pour atteindre les objectifs de développement du- rable. Le temps presse et la tâche qui nous attend est très importante, mais ce n’est pas le moment de hisser le drapeau blanc. À l’ONU, le drapeau bleu de la solidarité et de l’espoir continuera de flotter. En cette Journée de la Terre et au cours des mois déterminants qui suivront, je demande instamment à toutes les nations et à tous les peuples de se montrer à la hauteur de ce moment ».

Propos retranscrits par Famin Ernest

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