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Reportage / Célébration de la Pâques 2024: Paquinou très mouvementée au maquis O’Baoulé

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Véritable temple des célébrations aux sonorités Baoulé, le maquis O’Baoulé a refusé du monde dimanche soir, pour Paquinou. (Ph : MZ)
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Pour cette célébration de ‘’Paquinou’’ 2024, l’espace O’Baoulé, sis à Yopougon Maroc, est resté fidèle à sa réputation. L’Avenir, ce dimanche de Pâques, vous plonge au cœur de cette célébration, quelque peu mouvementée.

Comme chaque année en Côte d'Ivoire, la Pâques est le moment idéal pour des communautés, notamment les Baoulé, de se retrouver, dans les villes, au village, afin de célébrer cette fête religieuse. Ceux qui n'ont pas l'occasion d'effectuer le déplacement dans leurs villages respectifs, trouvent le moyen de se retrouver dans certains lieux et fêtent la Pâques, comme ils l'entendent. Parmi les plus célèbres, le maquis O'Baoulé, situé à Yopougon Maroc, a construit sa renommée année après année, dans l’organisation de ces soirées festives empruntes de tradition. Pour la célébration de cette année, l'espace dédié aux rythmes et sonorités Baoulé, n'a pas dérogé à la règle. Mieux, le maquis a été complètement rénové pour le confort de sa clientèle. Élargissement de l'espace, de nouvelles chaises, de nouveaux appareils pour la sonorisation, un bon coup de peinture..., aucun détail n'a été négligé. Dimanche 31 mars, jour de la Pâques. Après les messes pascales dans les paroisses à travers le monde, notamment en Côte d’Ivoire, place à la fête.

O'Baoulé, temple des célébrations aux rythmes Baoulé  

Il est 21h48. Le maquis O'Baoulé est noir de monde. Les deux compartiments de cet espace festif sont pleins à craquer. La voie réservée au passage des véhicules et des personnes, est totalement occupée. Difficile de se frayer un passage.
Ce soir, les places sont chères par ici, elles valent de l'or. Il fallait être présent 5 heures plus tôt ou avoir réservé des places pour en avoir. À défaut, il faut faire avec les moyens du bord. Des casiers disposés çà et là, et puis, le tour est joué. La plupart des gens ici, ne font pas la fine bouche. L'essentiel est de trouver quelque chose pour s'asseoir, poser ses bouteilles de bière ou de vin et autres verres, et profiter tranquillement de la musique du terroir.

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En compagnie de plusieurs de ses camarades pour faire la fête ce soir, Olga Boua peine à trouver une table libre pour installer son groupe. Comme elles, ceux qui attendent de voir une place se libérer, se comptent par plusieurs dizaines. Olga, au téléphone, multiplie les tractations avec un contact censé lui trouver des places. Les choses ne semblent pas s'arranger pour ce groupe de femmes qui avaient à cœur de célébrer Paquinou 2024 avec faste, comme en témoignent les uniformes qu'elles se sont fait confectionner pour l’occasion. « Nous avions prévu de faire le show O’Baoulé, mais depuis quelques heures, nous attendons de trouver des places, en vain. Nous ne sommes pas parties au village, donc nous voulions faire Paquinou ici. Mais les choses se compliquent un peu. On va attendre encore, avant d'aller ailleurs », fait savoir Olga.

Une fête, des fortunes diverses

Il est maintenant 22h, le maquis est "bouillonnant", de plus en plus bruyant. Dans sa cabine, le DJ monte les décibels, il enchaîne les morceaux Baoulé pour le plus grand bonheur des clients de la soirée. Pendant que certains dansent, boivent et jubilent, eh bien, d'autres ne savent plus où donner de la tête. Julien Kouao est de plus en plus angoissé. L'homme attend depuis plusieurs heures, sa compagne à qui il a donné rendez-vous en ces lieux. Il scrute avec attention tous les taxis qui stationnent devant le maquis : point de copine. Et comme si les problèmes n'étaient pas assez, sa dulcinée est totalement injoignable sur son téléphone. Visage fermé, mine déconfite, l'air n'est visiblement plus à la fête. Mais Julien continue désespérément de relancer le numéro pourtant fermé. Impossible de lui arracher un mot. Dans ces circonstances, pas besoin d’insister, l’homme n’est plus d’humeur.

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22h30, le maquis O’Baoulé voit arriver encore plus de personnes. Les serveuses et autres travailleurs des lieux, sont complètement débordés. Devant la lenteur du service, Yvann Kouamé a décidé d'aller lui-même passer sa commande et de se faire servir. Après une trentaine de minutes passées à attendre son tour, le voilà de retour sur sa table, avec plusieurs bouteilles en main, le sentiment du devoir accompli. « Il y a trop de monde ici, les serveuses sont débordées, je suis allé passer la commande moi-même. Les bières ne sont même pas glacées, mais, on va faire comment, nous sommes là pour l'ambiance », lance-t-il. Selon lui, « il n'y avait pas meilleur endroit pour célébrer Paquinou à Abidjan que le maquis O’Baoulé ».

Plonger dans les rythmes traditionnels, le temps d’un soir

23h, le show atteint son paroxysme. La plupart de ceux qui font la fête, dégoulinent de sueur. Et que dire de ceux qui sont sur la piste de danse. Presque tout trempés, ils continuent de sortir les derniers pas de danse, au fur et à mesure que les morceaux se succèdent. Au milieu de cette foule de guincheurs endimanchés, un jeune homme imprime la cadence. Les pas de danse sur les sonorités Baoulé, il les maîtrise du bout des orteils. Isabelle Ahou, assise non loin de la piste de danse, avec son fils sur les genoux, n'a pas voulu se faire conter Paquinou 2024, au maquis O’Baoulé. Elle a décidé de faire profiter son fils. « On est venu faire le show, mon fils aussi doit faire le show. Aujourd'hui, c'est Paquinou, nous ne sommes pas allés au village, il n'y a personne à la maison, donc nous sommes tous venus ici, pour faire la fête », nous dit-elle, le visage radieux, avec le sourire qui va avec.

Quelques coups dans le dos

Il est 23h37, l'espace ne désemplit pas, bien au contraire. Un monde important attend encore.
Tout d'un coup, devant le maquis, les esprits s'échauffent. Plusieurs femmes s'échangent des paroles, avec beaucoup de vigueur. Renseignement pris, un homme se retrouve au centre de ces chamailleries. Il aurait été surpris par son épouse, dans ledit maquis, avec une autre. L'homme en question se serait volatilisé, voyant les choses se gâter. L'horloge affiche désormais minuit. Après plusieurs heures d'attente, Olivier Yao et tout son groupe d'amis, se résolvent enfin à aller voir ailleurs. Les maquisards d’ici, n’ont aucune intention d’abandonner la fête. « Nous espérions pouvoir faire la fête ici O’Baoulé, mais il faut être réaliste. Il n'y pas de place. On va se mettre à côté et profiter de la musique, je pense que c'est mieux ainsi », se résout Olivier.

 

Manuel Zako

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