« Paquinou » en pays baloulé connaît un engouement fort remarquable. Comment la fête se prépare-t-elle cette année à Daoukro avec le décès du président Bédié ?
La Côte d’Ivoire est en deuil et ce deuil frappe tous les Ivoiriens et particulièrement, les populations de la région de l’Iffou et de Daoukro. La fête de Pâques, d’abord fête religieuse, a un relent communautaire de retrouvailles fraternelles entre les enfants de la région du Grand Centre.
Mais face à cette situation exceptionnelle, nous, en tant qu’élus, nous observons d’abord un recueillement et la prière pour la mémoire du président Bédié et invitons nos parents à fêter dans la sobriété. C’est cette posture que nous adoptons.
Pour donner le ton à cette posture de sobriété, nous avons reporté l’événement major culturel de l’Iffou, le Festival international de la culture et des arts de Daoukro (FICAD) qui devrait se tenir en cette période de Pâques. Il aura lieu finalement du 10 au 17 août 2024 et ce, en raison des obsèques du président Bédié. Nos parents vont se retrouver dans les villages et à bien d’autres lieux.
C’est clair qu’au-delà de la prière pascale, ces retrouvailles vont se faire sous forme de réunions, d’échanges pour le développement de notre localité, mais l’aspect festif de Paquinou auquel nous sommes habitués, va se faire dans la plus grande sobriété.
N’empêche que les rassemblements vont se faire, mais en étant dans ces rassemblements, il faut avoir une pensée pieuse pour le président Bédié qui est notre fromager à tous. Le Président Bédié a servi la Côte d’Ivoire et incarne le peuple baoulé dans sa dimension morale.
Il n’y aura donc pas de forte mobilisation, comme cela était le cas les années antérieures ?
On ne peut pas quantifier cette mobilisation, mais retenez que cela va de soi. C’est vrai que la Côte d’Ivoire est en deuil, mais le peuple baoulé est plus touché, puisqu’il est notre icône. C’est un état de fait qui nous amène à avoir une certaine retenue. Donc, nous aurons une posture modérée pendant l’événement Pascal.
Habituellement, les fils de la diaspora font massivement le déplacement dans le Grand Centre. C’est à croire que ce sera le contraire cette année ?
Non, pas forcément. Nous n’interdisons personne de venir au village ou de faire des mouvements. Mais la posture que nous observons, c’est que nous sommes en deuil et la posture qui était de mise habituellement à cette période ne peut pas être la même chose, tout naturellement.
Paquinou tombe en plein Ramadan. Comment sera-t-elle célébrée, surtout que les musulmans sont souvent invités aux festivités ?
Cette année, la fête de Pâques coïncide avec le jeûne musulman. Pour moi, c’est le signe que cette année est une année vraiment bénie, une année de communion profonde avec Dieu. C’est une occasion pour moi d’avoir une pensée pour la communauté musulmane et qu’à travers ce mois de Ramadan, nos cœurs soient assouplis, que nos péchés soient pardonnés et que la paix règne entre tous les enfants de la Côte d’Ivoire.
Réalisée par Ernest Famin