Société

Érosion côtière à Grand-Lahou : Le village de Groguida est en danger !

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A l’instar du village de Groguida, le littoral ivoirien est en proie à l’érosion côtière. (Photo : DR)
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Grand-Lahou, berceau de la danse traditionnelle « Awoussi » devenue « Mapouka » est en proie avec l’érosion côtière. L’AVENIR fait une immersion au cœur du village de Groguida très impacté par l’érosion à travers le projet Benkadi mis en œuvre par la convention de la société civile ivoirienne avec le soutien des Pays-Bas.

Les pluies torrentielles qui se sont abattues ces derniers temps en Côte d’Ivoire, ont causé de nombreux dégâts. Elles sont irrégulières et s’intensifient. A Abidjan et Grand-Bassam principalement, les grandes quantités d’eau tombées, ont occasionné des inondations. Outre ces deux villes, certaines localités du pays subissent des affres de la saison pluvieuse. Dans la région des Grands Ponts, précisément dans la sous-préfecture de Grand-Lahou, les habitants du village de Groguida ne savent plus à quel saint se vouer durant la période de la saison des pluies. Selon une étude menée par le Centre de recherche Océanographique (CRO), le trait de côte évolue de manière rapide. Dans cette zone, située entre Sassandra et Vridi-Port-Bouët, le recul du trait de côte observé, est d’environ 3 mètres par an.

Groguida, petit îlot, est encerclé par le fleuve Bandama, l'Atlantique et la lagune Tiagba. Connu pour ses lamantins, c'est un endroit unique qui dispose d’un canal où vous pouvez profiter d’une vue magnifique. Les activités humaines et le réchauffement climatique ont modifié les habitudes de cette communauté. Aujourd’hui, elle s’adonne à une activité plus ou moins illégale : l’extraction du sable.

Cette pratique courante sur les plages, impacte sérieusement le stock sédimentaire. Elle continue malgré une disposition de la loi sur le littoral qui l’interdit strictement. « Dans le village de Groguida, pendant la saison pluvieuse, les eaux de lagune inondent le village et peuvent atteindre 100 mètres sur la côte. Pendant cette période, les communautés villageoises vivent dans les eaux, la plupart des maisons restent inondées et plusieurs biens sont endommagés par les eaux », soutient le chef du village de Groguidia, Gnaba N’Guessan Elie.

 

Groguida constamment inondé

 

Le littoral présente un cas de perturbation profonde de l'évolution d'un rivage. Dans ce village atypique, les plantations de coco, jadis estimées à plusieurs hectares, se résument aujourd’hui à une ou deux rangées de cocotiers, du fait de l’érosion. A l'instar des localités menacées d’inondation sur le littoral de la Côte d’Ivoire, le village de Groguida est constamment inondé et risque d’être englouti sous les eaux conjuguées de la lagune et de la mer, si rien n’est fait.

De même, le village est bas, par rapport au niveau de la mer. De ce fait, pendant la marée haute, les vagues s’élèvent à plusieurs mètres et se jettent dans le village en provoquant l’inondation. Au souci de l’inondation, vient s’ajouter celui de l’obstruction et de l’instabilité de l’embouchure au niveau du village de Lahou-Kpanda, selon la note de plaidoyer en faveur des communautés villageoises de Groguida dans le cadre du projet de résilience climatique, dénommé Benkadi.

 

Personnes handicapées, femmes et enfants, les couches les plus vulnérables

Les activités principales de cette localité sont entre autres, la pêche, l’agriculture et la vente de l’attiéké. Cependant, la fermeture de l’embouchure a entraîné de mauvais rendements de la pêche. Il n’y a pratiquement plus d’espaces pour les cultures et les cocoteraies sont détruites par la mer et les maladies. Aujourd’hui, la jeunesse qui pratiquait activement la pêche, manque de diversification de ses activités.

La destruction des plantations de coco et des maisons par l’avancée de la mer, les inondations, l’érosion des terres, la baisse du rendement des activités de pêche et de vente de noix de coco, entraînent l’exode des populations.

Les femmes et les jeunes filles qui pratiquent l’activité de commerce du poisson ne sont pas épargnées. La pêche n’étant plus florissante, du fait du manque de poisson dans les eaux, l’activé de commerce du poisson est par conséquent, impactée. Pour faire face au manque de gains financiers, elles s’adonnent désormais à la culture du manioc, à la production et la commercialisation de l’attiéké. Toutefois, n’étant pas organisées en coopérative, elles sont victimes de la fluctuation des prix que leur imposent les acheteurs véreux. De même, ces femmes ne disposent pas de machines pour la production en quantité suffisante de l’attiéké. Et pourtant, elles produisent de l’attiéké de bonne qualité, appelé « Groguida ».

 

L’action de l’État pour endiguer le fléau

Les dragages de sédiments sur les avant-plages sont dangereux, si des précautions ne sont pas prises. Le gouvernement a comblé le vide juridique en matière de protection du littoral contre diverses menaces telles que l’érosion des plages, par la prise du décret n°2017-378 du 02 juin 2017.

Ce décret porte sur l’aménagement, la protection et la gestion intégrée du Littoral, interdit de procéder à l’extraction de matériaux ou à des travaux de dragage sur le littoral sans autorisation des administrations compétentes, à l’exploitation des carrières de sable (dragage) sans autorisation de l’administration compétente.

La Côte d'Ivoire, dans sa quête de partenaires disposant de ressources disponibles pour accroître l'appui en matière de résilience côtière, a adopté le projet WACA. C’est un programme qui a été initié en partenariat avec les populations qui vivent sur la côte. Le programme appuie les efforts déployés par les pays pour améliorer la gestion de leurs ressources côtières communes et réduire les risques naturels et anthropiques auxquels sont exposées les communautés côtières.

 

Joël Dally

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