Âgée de 63 ans et veuve, Kassi Amana épouse N’gouan, est mère de 5 enfants. Couturière du temps où elle était en pleine possession de sa vigueur, elle n’exerce plus l’activité depuis quelque temps. Depuis, elle vit de l’apport familial et de dons d’ONG en charge de personnes âgées. « Je faisais la couture mais comme je prends de l’âge et à cause de mon état de santé, j’ai arrêté. Ce n’est pas facile », confie-t-elle. Pour tenir le coup, elle est contrainte de recourir à l’assistance d’une organisation de la société civile, dénommée Help The Elders. « Je suis venue pour qu’on puisse m’aider », poursuit-elle.
Retraités et en difficultés financières
La situation de Dabery Gnakpa Clément n’est pas plus reluisante. Agé de 66 ans, cet ancien agent d’assurance, aujourd’hui à la retraite, ne cache pas qu’il est confronté à des difficultés pour retrouver le train de vie de l’époque où il avait une vie professionnelle bien remplie. « Les personnes âgées sont vulnérables. Nous avons besoin d’être soutenus. A la retraite, la pension, ce n’est pas grand-chose », confesse-t-il. Aussi saute-t-il sur tout ce qui peut aider sa famille et lui à maintenir un certain train de vie. A cet effet, il s’est reconverti à la vente de compléments alimentaires. Pour autant, il n’hésite pas à recourir au don d’ONG pour couvrir les besoins alimentaires de sa famille. « On a du monde à la maison, c’est les vacances et ce n’est pas facile », confie-t-il dans les locaux de l’ONG Help The Elders où il est venu se faire livrer un kit alimentaire et des vêtements. « En ces temps difficiles, ce geste de solidarité nous va droit au cœur. Ça nous permettra de faire face, pour un moment, aux besoins alimentaires de tous ces enfants. Je suis dans la joie. Ça donne du baume au cœur », se réjouit ce sexagénaire.
Retraité lui aussi depuis 2020, Zakpa Dago Simon, 63 ans et père de 5 enfants, était agent de bureau à la faculté de médecine de l’Université Félix Houphouët-Boigny. Confronté lui aussi à l’insuffisance de la pension et autres revenus depuis qu’il a cessé toute activité professionnelle, il ne se prive pas de saisir toute opportunité pouvant lui permettre de bénéficier d’une assistance. « Ce n’est pas toujours facile de joindre les deux bouts quand on est à la retraite », admet-il. « Je n’avais jamais entendu qu’une ONG s’occupe des personnes âgées. C’est pourquoi je salue l’initiative. Je suis vraiment heureux ! », lâche-t-il. Et d’ajouter : « Ils nous donnent du bonheur ! ».
Des habits de seconde main sont les bienvenus
Un sentiment de joie qu’éprouve le septuagénaire Konan Koffi, anciennement menuisier à la CARENA pendant 35 ans. « Je suis à la retraite depuis quelques années. C’est avec les ressources que j’ai obtenues que j’ai pu financer la scolarité de mes enfants. Mais je n’ai plus grand moyen aujourd’hui. La preuve, je n’ai pas un toit à moi ni à Abidjan ni au village », nous fait savoir cet homme de 75 ans. Qui dit toutefois bénéficier de l’assistance de ses enfants dans la limite de leur possibilité. « Ce sont eux qui paient ma maison. Mais ils ont eux aussi leurs familles et leurs charges donc je me dois de rechercher par moi-même d’autres moyens de me prendre en charge », explique-t-il le recours aux kits alimentaires et vêtements qu’offre l’ONG dévouée à la cause des personnes âgées.
Tout est bon, en effet, pour soulager ces personnes du 3e âge des difficultés de la vie qui en font des personnes fragiles, vulnérables. En raison de la rareté de leurs ressources, elles ne boudent guère la moindre occasion pour se procurer de nouveaux vêtements, même de seconde main. Il faut les voir fondre sur des vêtements issus de la friperie que leur a offerts cette organisation soucieuse de venir en aide aux personnes âgées. Hommes et femmes s’arrachent ces vieux pantalons, vestes et robes dans un spectacle digne d’un banquet libre-service.
Ces personnes du troisième âge sont également confrontées à des difficultés pour se soigner et faire certaines démarches administratives qui peuvent s’avérer éprouvantes. Fautes de ressources suffisantes, elles se font parfois payer leurs soins médicaux par l’ONG Help The Elders ou y ont recours pour se faire établir des documents administratifs. « Un moment, ils nous ont réunis au siège de leur organisation et ont fait venir les agents qui délivrent la carte CMU. On a ainsi pu remplir les formalités pour obtenir les cartes. Ils ont pris les frais en charge. On est en attente des cartes. Nous apprécions à sa juste valeur ce qu’ils font pour nous», témoigne Zakpa Dago Simon. On le voit, il n’est pas facile pour les personnes âgées de s’en sortir sans l’assistance de bonnes volontés.
Assane Niada