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Interview/Mohamed Diakité : « Notre mission est de sauver tous les candidats à l’immigration irrégulière »

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Mohamed Diakité a été promu officier de la Garde-côtière américaine à Abidjan. (Photo : DR).
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L’Ivoiro-Américain Mohamed Diakité s’est confié à L’Avenir après sa cérémonie de remise d’épaulettes, suite à sa promotion au grade d’officier au sein des garde-côtes américains.

Qu’est-ce qui vous a motivé à intégrer cette unité de l’armée américaine ?

Je suis né à New-York aux États-Unis, mais j’ai grandi à Abidjan en Côte d’Ivoire. C’est d’ailleurs en 2011 pendant la crise post-électorale que je suis parti d’Abidjan pour les États-Unis. C’est une fois arrivé aux États-Unis que j’ai pu intégrer les gardes-côtiers américains. Dieu merci, aujourd’hui, de par mon travail, je suis devenu officier. Ma motivation vient du fait que je voulais aider les États-Unis dans la lutte contre l’immigration irrégulière, la pêche illégale, surtout en Amérique du Sud et en Afrique.

De façon concrète, comment avez-vous pu intégrer la marine ?

J’étais d’abord soldat avec pour spécialité, la réparation d’engins et par la suite, j’ai fait l’académie et je suis maintenant officier.

Qu’est-ce qui, selon vous, vous a valu cette promotion dont la pose d’épaulettes a eu lieu à Abidjan ?

Pour être promu, il faut être qualifié d’au moins deux ans, pouvoir bien diriger son compartiment. Dans mon cas, je travaille avec douze personnes et je suis en charge des engins, des moteurs et des pompes du bateau.

Qu’est-ce que cela vous fait d’être promu en présence de vos parents ?

Ça me fait vraiment plaisir, surtout qu’il y a très longtemps que je n’ai pas pu voir la famille. Cela fait douze ans que je n’étais pas revenu, donc imaginez ma joie de retrouver ma famille. Là, on retourne juste après la cérémonie sur les États-Unis et je ne puis dire quand je pourrai revenir à Abidjan.

Quel est concrètement le but de votre escale à Abidjan ?

Depuis le 23 décembre 2022, nous sommes arrivés en Afrique de l’Ouest dans le cadre de notre collaboration et coopération avec les États de l’Afrique de l’Ouest pour contribuer à la lutte contre la pêche illégale. Mais aussi coopérer avec les marines nationales de ces pays.

Quelles sont principalement les activités que vous avez menées durant vos trois mois de mission dans les eaux d’Afrique de l’Ouest ?

On a fait des exercices avec le Togo, le Nigéria, le Cap Vert, le Bénin, la Côte d’Ivoire, mais souffrez que je n’en dise pas plus sur la nature de ces exercices qui sont d’ordre privé.  

Y a-t-il d’autres Ivoiriens qui sont dans la garde-côtière américaine ?

Il n’y a vraiment pas beaucoup d’Africains au sein des garde-côtes américains. Toutefois, il y a beaucoup d’Africains au sein de la marine nationale américaine.  

Envisagez-vous un jour revenir en Côte d’Ivoire pour faire profiter de votre expérience à la marine nationale ivoirienne ?

Ce qui m’intéresserait plus, serait de m’orienter comme attaché militaire dans les ambassades. Sinon, ce n’est vraiment pas évident de tout abandonner pour revenir.

Les garde-côtes américains ont pour la plupart, pour mission, de lutter contre l’immigration clandestine. Vous, en tant qu’Ivoirien et Africain, est-ce aussi facile pour vous de freiner les ambitions de certains de vos frères africains dont les rêves sont certainement de rejoindre, même de façon irrégulière, les États-Unis ?

On ne combat pas ces frères, mais on les sauve plutôt, parce qu’ils montent dans des embarcations de fortune qui ne peuvent que les conduire à la mort. Notre mission est donc de sauver tous ces candidats à l’immigration irrégulière, car le plus souvent, ils n’ont pas les vraies informations. Imaginez combien il est souvent difficile pour nous qui avons de gros bateaux d’aborder la mer. Donc, ce ne sont pas avec ces petits bateaux qu’ils réussiront à aller de l’autre côté de la mer. C’est donc mieux de les sauver avant qu’ils n’arrivent sur l’eau. On a sauvé plusieurs personnes ainsi.

Réalisée par Philip Kla

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