Dans le cadre de sa mission de protection des droits humains, le CNDH a diligenté plusieurs enquêtes dans divers secteurs d’activité pour y dresser l’état du respect de ces droits. Le fruit de ces études a été brièvement présenté aux médias par la présidente de cet organisme, Namizata Sangaré.
Le CNDH s’est notamment penché sur les violences faites aux femmes. Il a indiqué avoir été saisi, depuis la nomination de ses membres en avril 2019 jusqu’au 27 septembre 2022, de 2125 plaintes dont 182 cas de viol. L’organisme public en charge des droits de l’Homme s’est, par ailleurs, intéressé à la corruption dans le secteur de la santé. De ses investigations, il ressort que 40% des agents sont impliqués dans des détournements de deniers publics, des abus de fonction.
Par ailleurs, Mme Sangaré et son équipe ont porté leur regard sur ce qui se passe dans les cliniques privées en Côte d’Ivoire. Bien que cette enquête ne soit pas encore bouclée, les premiers résultats font état de ce que 876 cliniques et autres établissements sanitaires privés sur 1288, fonctionnent sans agrément, soit 68% c’est-à-dire de l’ordre de 7 sur 10. Une situation qui devrait interpeller sur la menace que représentent ces établissements sanitaires clandestins.
Le CNDHCI s’est également penché sur le droit des prisonniers. Il a notamment dénombré 16 859 détenus dans les 34 Maisons d’arrêt et de correction (MAC) que compte la Côte d’Ivoire, dont 8262 prévenus à la seule Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (MACA), pour une capacité initiale de 1500 prisonniers. À cette surpopulation, s’ajoute des problèmes de prise en charge médicale et alimentaire. L’enquête diligentée a notamment noté que 13 détenus sur 385 contaminés, sont décédés de la COVID-19.
L’organisme public en charge des droits de l’Homme s’est aussi intéressé au phénomène de l’orpaillage clandestin. Il a constaté que 291 sites sur 360 répertoriés sur l’ensemble du territoire national, sont illégaux, soit 80%, c’est-à-dire 8 sites d’orpaillage sur 10. Ce qui en dit long sur l’ampleur de ce phénomène.
Une autre enquête a porté sur le secteur du bâtiment, suite aux nombreux effondrements d’habitats enregistrés depuis quelque temps. Il en ressort que beaucoup de bâtiments ont été construits sans les documents requis, c’est-à-dire l’Arrêté de Construction Définitive (ACD) et le permis de construire. Pour le CNDHCI, cette situation pourrait s’expliquer par le fait que la « procédure est très fastidieuse ». Aussi préconise-t-il de faciliter aux citoyens, la délivrance de ces documents.
À l’occasion de la présentation des résultats de ces enquêtes, la présidente du CNDH s’est félicitée de ce que certaines des recommandations faites par cet organisme, ont été traduites en acte par le gouvernement. Elle a cité notamment le cas de dame Adissa Touré, dont les pratiques religieuses faisaient accourir du monde vers son site à Korhogo. « Nous avons constaté que la dignité humaine n’était pas respectée sur son site. En plus, il n’y avait pas de sécurité. Donc, nous avons encouragé le gouvernement à démanteler le site. Ce qui a été fait », a déclaré Mme Sangaré. Reste à souhaiter que les recommandations contenues dans ces autres enquêtes soient suivies d’effets.