En attendant la synthèse des principaux résultats du Recensement Général de la Population et de l’Habitat (RGPH 2021), les données préliminaires déjà disponibles sont riches en enseignements, notamment sur les disparités régionales et la situation des femmes en Côte d’Ivoire.
Le nombre des femmes tend à baisser au fil des années tandis que celui des hommes est à la hausse. C’est en tout cas ce qui ressort du dernier recensement de la population effectué en 2021. Selon les résultats préliminaires disponibles, on note en effet, une tendance à la baisse du taux des femmes, en comparaison avec les taux de 1998 et 2014. En effet, les statistiques font état de 47,8% de femmes, soit 13427444 contre 52,2% d’hommes, soit 14669207, sur une population totale de 28096651. Comparés aux données du recensement de 2014, ces chiffres confirment une tendance baissière du taux des femmes, puisqu’il y a 8 ans, l’on enregistrait 48,3% de femmes contre 51,7% d’hommes. Cette dimi- nution du taux et donc du nombre des femmes par rapport aux hommes, est encore plus significative quand on compare les données du recensement de 2021 avec celles du RGPH 1998, qui indiquaient 49% de femmes contre 51% d’hommes. Comment s’explique cette tendance à la réduction du nombre de femmes dans notre pays ? Quelles peuvent être les conséquences socioculturelles de cette tendance baissière ? Voilà autant de questions auxquelles les analystes des statistiques du RGHP devraient apporter des éclaircissements. Quelques disparités L’autre enseignement qui ressort des résultats préliminaires du RGPH 2021, ce sont ces disparités régionales qui semblent se perpétuer. On note en effet, que le Sud est plus peuplé que le Nord. De fait, le District d’Abidjan est de loin, la région la plus peuplée de Côte d’Ivoire avec 21,7% de la po- pulation totale. La deuxième région la plus peuplée, celle du Haut-Sassan- dra, arrive loin derrière avec seulement 5,9% de la population totale. Les régions les moins peuplées sont celles du Nord : le Folon avec 0,5% et le Bafing avec 0,9%. Ce faible peuplement du Nord se traduit également par la très faible densité que l’on enregistre dans cette partie du pays. C’est notamment le cas de la région du Boukani (Bouna) avec une densité de 19 habitants au km2 là où le District d’Abidjan affiche une densité de 2839 habitants au km2 ; la norme nationale étant 87 habitants au km2. Comment explique-t-on que cette tendance, constatée depuis des décennies, persiste-t-elle ? Que faire pour inverser la tendance, du moins accroître la population des régions Nord du pays ? Peut-être des réponses vien- dront-elles de l’analyse des données à laquelle s’attèleront les experts du RGPH. Une autre disparité que révèle ce re- censement, c’est la tendance des citoyens de ce pays à préférer vivre en ville, plutôt qu’en milieu rural. Le dernier recensement fait, en effet, ressortir que 53,9% de la population, soit 15151232 habitants, vivent en milieu urbain, contre 46,1%, soit 12944419 habitants. Dans la ville d’Abidjan, à elle seule, vivent 36% de la popula- tion, soit le tiers de la population to- tale. La population de personnes vivant en ville, révèlent les dernières données, a été multipliée par 7 entre 1975 et 2021. Il y a donc, une ten- dance à vouloir vivre en ville plutôt qu’au village. Pourquoi cette propension à vivre en ville résiste-t-elle au temps ? Il reste cependant que le nom- bre de citoyens résidant dans nos villages est loin d’être négligeable. Au total, ces premières tendances du RGPH 2021 sont riches en enseigne- ments et laissent augurer de données plus pertinentes qui pourraient aider à mieux appréhender certaines réalités démographiques et même sociologiques.
Assane NIADA
