Depuis quelque temps, le ministère de la Fonction publique et de la Modernisation de l’administration est l’objet d’agitation. C’est que les mesures prises par la ministre de tutelle, Anne Désirée Ouloto, pour en finir avec la fraude au concours d’entrée à la Fonction, semblent déranger certains intérêts. C’est du moins, ce qui ressort des sources proches de ce département ministériel.
On en sait un peu plus sur la grogne qui monte depuis l’immeuble abritant le bâtiment du ministère de la Fonction publique au Plateau. Des informations recueillies auprès de plusieurs agents et responsables dudit ministère, il ressort que les cris d’orfraie que poussent certains animateurs d’un syndicat, ont un lien avec la détermination de la ministre Anne Ouloto de lutter contre la fraude au concours d’entrer à la Fonction publique. De fait, depuis qu’elle a pris les rênes de ce ministère, celle-ci a décidé de marcher dans les pas de certains de ses prédécesseurs, qui avaient entrepris d’assainir le concours d’entrer à la Fonction publique. Et même de faire mieux, en verrouillant toutes ces pratiques visant à promettre l’admission à ce concours moyennant de l’argent.
Conséquence : les plaintes pour abus de confiance portant sur des sommes d'argent versées par ceux qui voulaient réussir à un concours de la fonction publique, ont drastiquement baissé. Il reste que certaines croyaient pouvoir contourner le système Anne Ouloto et ont alors pris des sommes d’argent à des candidats. Coincés par la batterie de mesures déployées pour éradiquer la fraude, ces fonctionnaires indélicats sont sous la pression des personnes avec lesquelles ils ont pris de l’argent contre promesses d’admission au concours. Selon nos sources, c’est de là viennent les mouvements d’humeur de certains animateurs d’un syndicat de la Fonction publique.
« Ils ont encaissé de l'argent en pensant pouvoir réussir à contourner le système. Ils ont misé sur le fait qu'il devrait forcément avoir une faille quelque part. Et qu'ils allaient l’exploiter », confie un agent en poste à la direction des concours, sous couvert d’anonymat. Qui mieux que lui-même qui a trempé dans ces pratiques pour en parler ? « Heureusement pour moi, ceux qui m'ont donné l'argent, ont déjà eu des cas que j'avais réglés par le passé. Donc, ils me doivent reconnaissance et certains parmi eux, n'ont pas envie de me créer des problèmes qui pourraient leur barrer la route à mon accès. C'est ma chance », poursuit-t-il.
Un réseau à plusieurs paliers
Et notre interlocuteur de nous expliquer que l'activisme de certains agents s’inscrit dans une stratégie bien huilée : « chauffer la ministre fait partie des assurances qu'on donne aux créanciers qui menacent de porter plainte. Ils leur disent : calmez-vous, celle-là, on va la faire partir ». Pour lui, les faussaires assurent alors aux candidats avec lesquels ils ont pris de l’argent, qu’ils auront plus de chance d’être déclarés admis une fois que la ministre, perçue comme l’homme à abattre, aura quitté la tête du ministère, suite à la chienlit qu’ils auront réussie à instaurer et entretenir.
Pourquoi se donner tant de mal pour un projet dont l’aboutissement est incertain ? Pourquoi ne pas restituer les sommes perçues ? « Ce n'est pas si simple. C'est une chaîne. Le premier qui reçoit l’argent n'est pas celui qui a le niveau d'accès pour régler le problème. C'est une chaîne qu'il faut arroser et c'est comme des plantes qu'on a arrosées. Si elles ne donnent pas de fruits, on ne peut plus récupérer l'eau et la remettre au propriétaire », explique, philosophe, une autre source proche de ces pratiques.
La chaîne comprend des démarcheurs extérieurs et des intermédiaires internes à la Fonction publique. Les premiers diffusent dans leur environnement et leurs réseaux, l'information selon laquelle, ils ont un contact sûr à la Fonction publique, qui est capable de leur assurer le succès au concours. Ils fixent pour chaque type de concours, le montant à verser. Cette somme comprend naturellement leur part. « Les seconds qui enclenchent le système, reçoivent une somme d'argent inférieure au montant initial. Au fur et à mesure qu'on remonte la chaîne, la somme versée initialement diminue. Ça là, on peut rembourser comment ? Si ce n'est pour dire laissez tomber, soyez patients, l'année prochaine vous serez prioritaires », témoigne une autre source bien introduite dans le réseau. On comprendre dès lors, l’activisme de certains agents, animateurs d’un syndicat du ministère, visant à pourrir l’atmosphère au sein de la Fonction publique et espérer ainsi, mettre à mal, sa première responsable Anne Ouloto.
Assane Niada