Société

Interview/ Trêve sociale Pacôme Attaby, Président de la CSSP-CI: " La trêve sociale est un échec"

interview-treve-sociale-pacome-attaby-president-de-la-cssp-ci-la-treve-sociale-est-un-echec
PARTAGEZ

Le gouvernement a initié le dialogue social. Après la première étape des discussions, l’un des acteurs de ce dialogue social, Pacôme Attaby, président de la Coalition des syndicats du secteur public de Côte d’Ivoire (CSSP-CI), livre dans cette interview, ses attentes. Il dénonce la signature de la trêve sociale.

 

Le premier round du dialogue social a pris fin. Vous y avez participé. Quelles sont les grandes décisions qui ont été arrêtées ?

Le ministère de la Fonction publique nous a conviés à la relecture des revendications qui avaient été arrêtées en septembre 2021. Nous nous sommes livrés à cet exercice qui a abouti à porter les points de revendications de 13 à 17. Il s’agissait principalement de convenir que l’ensemble des organisations qui étaient présentes, valident les points de revendications. Ensuite, les justifications par point devraient faire l’objet d’un consensus. Et enfin, la proposition des travailleurs devrait également être partagée par les participants à cette rencontre. 

Il reste maintenant que la ministre de la Fonction publique qui chapeaute tout ce processus au niveau transversal, puisse faire la synthèse pour la soumettre à la table du Premier ministre. Ça, c’est le premier niveau qui concerne les préoccupations transversales des fonctionnaires.

Il y a également le second niveau qui est relatif aux préoccupations spécifiques des travailleurs dans les différents départements ministériels. La procédure qui a été arrêtée, a consisté dans ce ministère, à faire le même exercice que nous les faitières avons fait à la Fonction publique. C’est-à-dire que ce ministère doit appeler tous les syndicats qui ont des revendications pour pouvoir s’accorder sur les formulations et les propositions qui sont faites. Tout cela sera contenu dans un rapport à déposer à la table du Premier ministre par la ministre en charge de la Fonction publique.

Il a été noté qu’il y a des ministères techniques qui trainent, quant à l’ouverture de ce processus. Nous les avons listés à la demande du premier ministre afin qu’il puisse les interpeler. Nous attendons la suite.

 

Quels sont ces ministères ?

La plupart des ministères n’ont pas encore ouvert ces rencontres.

 

Le fond de toutes ces rencontres repose sur la trêve sociale. Au même moment, des fonctionnaires entrent en grève dans certains ministères.  Qu’est-ce qui n’a pas marché ?

En ma qualité de président de la Coalition des syndicats du secteur public, c’est que pour l’heure, nous nous sommes inscrits dans le dialogue que le gouvernement a mis en place. D’ailleurs, nous sommes la première organisation à demander ce dialogue social en 2021.

En ce qui concerne la trêve sociale, c’est un autre débat pour nous. Pour l’heure, nous discutons. À la fin des discussions, nous allons regarder ce que le gouvernement aura cédé et voir concrètement, ce que cela représente pour le quotidien des travailleurs du secteur public. C’est en ce moment-là qu’on pourra aviser.

 

Ces grèves dans ces ministères ne sont-elles pas de nature à saboter le dialogue social ?

Effectivement, dans certains ministères, il y a des grèves qui se concentrent déjà, notamment à la fonction publique, au ministère de l’Agriculture, au ministère des Ressources animales et halieutiques. Tous ces mouvements traduisent les aspirations fortes des fonctionnaires. Nous pensons que le gouvernement devrait les prendre en compte. Il est vrai qu’il y a un processus de dialogue qui est en marche, mais cela n’exclut pas que les fonctionnaires puissent exprimer leurs attentes. C’est un signal fort que ces organisations envoient au gouvernement. Pour notre part, nous soutenons tous les fonctionnaires et organisations qui sont en lutte pour l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail. Mais pour l’heure, nous, en tant que faitière, nous sommes inscrits dans le dialogue jusqu’au bout et on verra ce qui va se passer.

 

Je reviens encore sur ma question. Pourquoi ne pas donner une chance au dialogue social et attendre sa fin pour revendiquer ?  

Il faudrait bien observer la nature de ces mouvements. Au niveau du ministère de la Fonction publique, la ministre, pour l’instant, montre sa disponibilité à discuter avec les organisations faitières.  Ces grèves sont observées dans les ministères techniques. Cela veut dire que les premiers responsables de ces ministères ne sont pas disposés au dialogue avec leurs organisations syndicales. C’est tout le problème. Tant que le dialogue est maintenu entre le ministère et les syndicats, il n’y a pas de raison que les syndicats entrent en grève. Tous ces mouvements de grève que vous constatez, traduisent la rupture du dialogue entre les travailleurs et leur hiérarchie dans ces ministères. Autrement, il peut y avoir le dialogue, mais ils ne parviendront pas à un accord. Cela dit, il faut bien faire la part des choses. Pour l’instant, nous les faitières, nous sommes inscrits dans le dialogue, et les organisations de base jouent leur rôle.

 

C’est bientôt la fin de la trêve sociale et le gouvernement se prépare pour obtenir une autre. Quel est le bilan pour vous ?

Malheureusement, je ne peux pas faire le bilan de cette trêve sociale, parce que je n’en suis pas signataire. 

 

Vous êtes tout de même, un acteur majeur de la scène syndicale en Côte d’Ivoire, vous avez donc un mot à dire ?

Je voudrais vous rappeler qu’en 2017, j’ai été le premier responsable syndical à dénoncer la signature de cette trêve sociale. Parce que pour nous, elle ne prenait pas en compte, toutes les aspirations des fonctionnaires. En plus, des entités importantes représentant des travailleurs, avaient été exclues du processus qui a conduit à la conclusion de cette trêve. Il revient aux signataires de faire plutôt le bilan de cette trêve. Dans tous les cas, vous avez pu observer ce qui s’est passé après la signature de cette trêve.

 

Qu’est-ce qui s’est passé ?      

Il y a eu des grèves dans presque tous les ministères. Dans l’enseignement, il y a eu de grands mouvements qui ont même failli conduire à une année blanche. Tout cela traduit l’échec de cette trêve sociale. Je ne vois pas ce que cela a pu apporter aux travailleurs.

 

Dans le cadre du dialogue social, vous aviez fait récemment, une déclaration dans laquelle vous aviez mentionné vos différentes revendications au gouvernement. Avez-vous espoir d’une suite favorable ?

Bien sûr que nous espérons que le gouvernement entendra notre cri de cœur, surtout qu’il reconnaît la cherté de la vie. Pour nous, il faut relever le pouvoir d’achat des fonctionnaires. Cela est susceptible de garantir une paix sociale durable. La paix sociale durable en Côte d’Ivoire tient à la revalorisation de l’indice référentiel de base, donc au relèvement qualitatif des salaires des fonctionnaires ivoiriens. Il faut que cet indice qui est de 233 F, passe à 500 F. Si cela est fait par le premier Patrick Achi, vous verrez que les fonctionnaires vont se mobiliser pour remercier tout le gouvernement avec à sa tête, le Président de la République Alassane Ouattara.

 

Réalisée par Ernest Famin

 

Newsletter
Inscrivez-vous à notre lettre d'information

Inscrivez-vous et recevez chaque jour via email, nos actuaités à ne pas manquer !

Veuillez activer le javascript sur cette page pour pouvoir valider le formulaire