La célébration de la journée internationale de la femme, le 08 mars de chaque année, offre l’occasion de célébrations festives avec un business intense qui se fait autour du pagne national.
Célébrer la journée internationale des droits de la femme ou la journée internationale de la femme rime avec la vente d’un pagne officiel. Comme chaque année, depuis plusieurs années, le ministère en charge de la Femme, de la Famille et de l’Enfant met sur le marché, un pagne national pour la célébration de cette journée. Un business important se fait autour de ce pagne. Les organisations féminines, tous les départements ministériels s’offrent ce pagne. Les ONG féminines, ainsi que les associations féminines dans les quartiers, s’organisent pour faire des uniformes avec ce pagne. Ce qui constitue une bonne affaire pour les commerçantes. Pour cette édition 2022, la pièce du pagne est de 16 000 FCF, avait indiqué la ministre en charge de la Femme, de la Famille et de l’Enfant, Nassénéba Touré lors d’une conférence de presse sur l’évènement.
Cet engouement des femmes pour le port du pagne s’explique en partie, par l’intérêt pour les Africains aux manifestations de joie. C’est le point de vue défendu par Kangouté Maïmouna, Secrétaire générale des syndicats des sages-femmes de Côte d’Ivoire. « C’est propre à l’Afrique. En Afrique, on manifeste notre joie, les moments de créativité par les uniformes. Mais au-delà de ça, de plus en plus, il y a des dispositions qui sont prises pour des rencontres, des débats. L’aspect festif n’est pas mauvais en soi. Ça permet de regrouper les femmes et pouvoir parler aux gens. Il faut pouvoir les regrouper pour leur parler d’un sujet. Les femmes se battent au quotidien pour améliorer leur condition de vie et prendre en charge leurs familles. Donc, quand elles ont une petite occasion de se recréer, ce sont des occasions sur lesquelles elles ne crachent pas.
Je ne condamne pas l’aspect festif. Nous sommes dans une économie libérale, on ne peut en vouloir aux gens de faire du business à cette occasion. Le pagne, une fois sur le marché, n’est pas gratuit », a soutenu cette syndicaliste qui estime qu’au-delà de cet aspect, s’organisent des débats sur les droits des femmes. « Au niveau même du ministère de la femme, nous sommes invités à un panel sur les droits de la femme. Il est important qu’on fasse comprendre de plus en plus, à la gent féminine que ce sont des occasions qui s’offrent à nous pour pouvoir regarder de façon plus approfondie, nos problèmes que nous vivons, comment faire en sorte que les lois prises en notre faveur soient appliquées », a-t-elle estimé.
L’activité commerciale du pagne qui semble prendre le dessus, est analysée sous un autre regard par Assana Bakayoko, responsable d’une ONG des albinos. Pour cette dernière, s’offrir le pagne est important dans la mesure où cela crée un sentiment d’égalité entre toutes les femmes de classe sociale. Qu’elle soit Première dame, ministre ou ménagère, c’est un pagne national qui célèbre et met en valeur, la femme.
« Lorsque la fête arrive, on a tendance à voir les pagnes et beaucoup de choses autour de cette fête. C’est d’abord une journée internationale et chaque pays essaie de marquer cette journée à sa façon. Il y a un ministère en Côte d’Ivoire, et c’est la seule date à laquelle on a une manière de célébrer de façon officielle, les droits de la femme. Le ministère saisit cette opportunité pour faire un uniforme. L’uniforme a un caractère très important, parce qu’il est national. Le pagne est porté par la Première dame, par les ministres au même titre que toutes les femmes de la Côte d’Ivoire. C’est une occasion pour toutes les femmes d’être à égalité sur le plan vestimentaire », a-t-elle justifié, puis d’ajouter : « C’est vrai que c’est une affaire de business, mais derrière cet aspect, chaque femme veut être bien habillée ce jour-là. C’est une question de mentalité, chaque femme veut porter le pagne et du coup, ça permet de faire de bonnes affaires ».
Ernest Famin
