Société

Création de l’Ordre national des infirmiers : Ce qui change dans la profession

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Depuis le mercredi 12 janvier 2022, le Conseil des ministres a décidé de la création de l’Ordre national des infirmiers et infirmières de Côte d’Ivoire (ONII-CI). Ce projet de loi portant création de cet ordre, va révolutionner l’exercice de cette profession dont les populations seront les grandes bénéficiaires.

 

Longtemps attendu, l’Ordre des infirmiers et infirmières de Côte d’Ivoire a été réclamé à cor et à cri par les organisations syndicales infirmières. Cette lutte remonte à 1980 avec les premiers responsables syndicaux des infirmiers de Côte d’Ivoire. Plus de 40 ans après, c’est désormais chose faite. Le gouvernement vient d’adopter le projet de loi portant création de cet ordre.

Selon le porte-parole adjoint du gouvernement, le ministre Mamadou Touré, ledit projet de loi va « organiser la pratique de la profession infirmière et renforcer les mécanismes de contrôle des personnels infirmiers, en vue d’améliorer la sécurité sanitaire des populations, la qualité des soins et les performances du système national de santé ».

Pour les organisations syndicales du secteur de la santé, cette décision du gouvernement de créer l’ONII-CI, est plus que salutaire, s’est réjoui Boko Kouhao, porte-parole de la COORDISANTÉ. Pour cet acteur syndical, cet ordre va aider à assainir le milieu des infirmiers en Côte d’Ivoire.  

« Nous avons accueilli cette décision avec beaucoup de joie et satisfaction. Cela fait partie de nos revendications. C’est une institution que l’État concède aux professionnels de réguler l’exercice de leur profession, pour voir qui rentre, qui fait quoi, de sorte à extirper les brebis galeuses et à promouvoir la qualité des soins ».

 

Ce qui attend des ONG internationales, des cliniques et hôpitaux publics

 

Aussi fait-il savoir que l’exercice du métier d’infirmier sera conditionné à un ensemble d’exigences. Cela va permettre de situer les responsabilités, sur les erreurs médicales souvent constatées dans les soins des infirmiers, du fait de la confusion des rôles dans la chaîne d’intervention.  « Désormais, n’importe qui ne portera pas une blouse pour se faire appeler infirmier, c’est-à-dire, pour exercer la profession infirmière. Selon les textes de l’Ordre et le code de déontologie, il faut répondre à des critères. Si tu ne réponds pas à ces critères et que tu poses un seul acte de soins infirmiers, c’est que tu as usurpé le titre d’infirmier, on te poursuivra », a mis en garde, Boko Kouhao. Avant de préciser sur la répartition précise des rôles : « Et les parkings seront bien partagés, c’est-à-dire tous les actes de soins infirmiers seront répertoriés et sus de tous les professionnels infirmiers et même des professionnels de la santé ; de sorte que personne n’accomplira les actes qui relèvent de la compétence infirmière et personne ne va plus banaliser les actes de soins infirmiers, parce que ces actes seront bien identifiés et codifiés ».  

Dans cet élan d’assainissement de ce milieu, de nombreuses structures ne seront pas épargnées. Un regard sera fixé sur le personnel infirmier qui exerce dans les centres de santé « boutiques » dans les quartiers, dans certaines polycliniques et des hôpitaux publics auxquels s’ajoutent des ONG même internationales. En effet, à en croire ce syndicaliste, nombreux sont des agents de cette catégorie du personnel de santé qui y sont recrutés sans la qualification requise.

« Partout où il y a un ordre, c’est une institution nationale. Il y avait un mélange avec tout ce qu’on voit dans les cliniques, hôpitaux de quartiers. Tous ceux qui font des consultations, prescriptions et piqures ou perfusions, ne sont pas tous des infirmiers. L’Ordre va mettre de l’ordre dans tout cela. On va extirper tous ceux qui n’ont pas la qualité d’infirmier, donc qui constituent un danger pour la population », a-t-il relevé et d’ajouter dans la même dynamique : « Même les hôpitaux publics dans lesquels les directeurs s’arrogent le droit d’embaucher des gens pour les faire travailler à la place des infirmiers ne vont fonctionner de cette manière. Pareil pour les grandes cliniques et les polycliniques, il y a aura de l’ordre. L’ONII-CI vient pour mettre les professionnels au pas et permettre à la population d’avoir affaire à des professionnels. S’il y a un seul métier en Côte d’Ivoire qui est usurpé, c’est la profession infirmière ».  

 

Ce que gagnent les populations

 

Une vérification du personnel infirmier, des ONG, même internationales, sera exigée, a estimé Boko Kouhao. « Il y a beaucoup d’ONG un peu partout qui font des soins infirmiers. Qui leur a donné l’autorisation d’exercer et d’utiliser du personnel non qualifié pour accomplir les soins infirmiers ? Même concernant les ONG internationales telles que Croix Rouge, Croissant Rouge, qui vérifie pour savoir si les professionnels qu’elles font venir sont qualifiés pour les soins infirmiers ? Désormais, avant de les faire venir, l’Ordre doit être saisi avec tous les dossiers de tous les expatriés pour une vérification conjointe avec l’ordre de leur pays d’origine pour s’assurer qu’ils sont des personnels qualifiés ».  

Au final, les populations doivent tirer le plus de profil à travers cette institution. Elle permettra de garantir à un certain degré, leur sécurité sanitaire. « Pour le citoyen, il doit exiger le cachet de l’infirmier sur son ordonnance qui doit comporter le numéro d’inscription à l’Ordre des infirmiers. Si son cachet ne comporte pas ces inscriptions, c’est qu’il n’est pas inscrit à l’Ordre et le patient peut refuser ses soins et son traitement. L’Ordre est l’instrument de sécurité sanitaire de la population, il vient plutôt pour l’arranger », a recommandé le porte-parole de la COORDISANTÉ.

 

Ernest Famin

 

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