Le prix de la baguette de pain à 150 F CFA va-t-il connaitre un réajustement à 200 F CFA, comme l’envisage le président du Haut patronat de la boulangerie et de la pâtisserie de Côte d’Ivoire (HPBP-CI), Amadou Coulibaly ? C’est la question qui revient sans cesse sur les lèvres des consommateurs.
Dans un courrier dont L’Avenir a reçu copie, le président du Haut patronat des boulangers, Amadou Coulibaly, a informé le ministre du Commerce et de l’Industrie, d’un réajustement du prix de la baguette de pain.
Amadou Coulibaly a relevé à la tutelle des difficultés de plusieurs ordres dans leur secteur d’activité.
D’entrée, il a prétexté de la hausse du prix des intrants, tels que le sac de la farine de blé de 50 kg sur le marché qui était à 11 000 F CFA, vendu désormais, à 23 000 F CFA. Ensuite, s’est-il plaint du fait du désistement de certains opérateurs du secteur avec la fermeture de fours qui plongent « les boulangers dans une situation délétère et de dégradation de leur fonds de commerce ». « Beaucoup sont endettés et d'autres sont en train de fermer », a-t-il alerté.
Et d’ajouter : « Nous estimons que produire et puis perdre, autant ne pas produire. (…) Nous pensons qu'aujourd'hui, l'augmentation n'est pas négociable, parce qu'on n'a plus le choix. On a pressé, pressé, mais nous sommes en train de nous noyer et notre exploitation est menacée ».
Aussi, le président Amadou Coulibaly, a interpellé le ministère du Commerce et de l’Industrie de la menace qui plane sur l'activité des boulangers, dont la situation est d’autant intenable pour les charges d'exploitation et les taxes fiscales.
Il a préconisé à l’occasion, deux options, à savoir la population supporte le réajustement du prix de la baguette de pain et celle où le gouvernement admet des concessions allant dans le sens de supporter la différence.
Un arrêt de travail en vue
Par ailleurs, le président du Haut patronat des boulangers a laissé entendre dans sa correspondance que la démarche des opérateurs du secteur de la boulangerie, est d’inviter le gouvernement à la négociation, faute de quoi, ils procèderont à un arrêt de travail. « Il ne s'agit pas d'emblée d'une grève. Nous avons, compte tenu des problèmes auxquels nous sommes confrontés depuis belle lurette, l'impossibilité d'ajuster nos prix pour être rentables par rapport aux prix de nos intrants qui ont augmenté. Que l'État songe à faire des subventions dans le domaine, si tel est le cas que notre produit est sensible et social », a-t-il menacé.
Mise en garde des consommateurs
En réplique aux boulangers, le président de la Fédération ivoirienne les consommateurs le réveil (FICR), Soumahoro Ben N’faly que nous avons joint au téléphone, lundi 17 janvier 2022, leur a adressé une sévère mise en garde pour dénoncer une telle initiative. « Le prix de la baguette de pain n’augmentera pas d’un centime. Je m’opposerai à un franc d’augmentation du pain et je répète qu’un franc sur un article ne sera pas toléré. Je demande aux boulangers qui parlent d’augmentation de nous rencontrer pour qu’ensemble, nous puissions déceler les problèmes. Si ce sont les « mouilleurs » qui doivent faire un effort ensemble, nous allons remonter vers ceux-là pour éviter une augmentation. Je sais très bien que le sac de la farine qui était de 19 000 F CFA est aujourd’hui, à 23 000 F CFA », a-t-il averti.
Revenant aux arguments évoqués par le président du Haut patronat des boulangers pour étayer leurs requêtes auprès du ministre de tutelle, Soumahoro Ben N’faly qui a indiqué avoir eu écho du document en question, les a balayés du revers de la main. Toutefois, il préconise une rencontre avec la faitière des boulangers pour discuter de la situation. « Ils ont écrit au ministre mais qu’ils cherchent à rencontrer les organisations de consommateurs que nous sommes. Nous ne sommes pas des ennemis, nous ne sommes pas des adversaires. Je demande aux boulangers de nous rencontrer pour éviter une telle initiative », a-t-il insisté.
Venance Kokora