Le risque d’une infection à grande échelle des nouveaux variants du Covid19 en Afrique n’est pas à écarter. Cette inquiétude a été manifestée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) le jeudi 6 mai 2021 lors d’une conférence de presse virtuelle.
Le continent Africain n’est pas encore sorti de l’auberge. Le pic de l’épidémie annoncé par l’OMS dès les premières heures de la survenue du virus sur le continent africain en mars 2020 reste encore d’actualité. Si depuis lors, le pic de l’épidémie n’a pas encore été enregistré sur le continent, la menace reste réelle pour deux raisons essentielle : l’apparition des nouveaux variants et la lenteur du déploiement du vaccin en Afrique. Il ressort de cette conférence, que les nouveaux variants exposent le continent au risque d’une troisième vague de COVID-19. Il s’agit du variant B.1.617, détecté pour la première fois en Inde. Ce variant a déjà été signalé dans au moins un pays africain. Par ailleurs, la souche B1.351, découverte pour la première fois en Afrique du Sud, se propage dans 23 pays africains et la souche B1.1.7, découverte pour la première fois au Royaume-Uni, est présent dans 20 pays. Pour épargner le continent Africain de cette situation qui serait dramatique si cela advenait, Dr Matshidiso Moeti, Directrice régionale pour l’OMS Afrique tire la sonnette d’alarme. « La tragédie en Inde ne doit pas se produire ici en Afrique, et nous devons tous rester en état d’alerte maximale. Les gouvernements doivent veiller à préserver la solidité des systèmes de surveillance et de détection, réévaluer et renforcer leurs capacités de traitement et intensifier l’approvisionnement en médicaments essentiels, dont l’oxygène médical, pour le traitement des patients touchés par une forme grave de la maladie », a souhaité la représente Afrique pour l’OMS.
123 000 personnes décédées du Covid 19
La situation reste tout de même alarmante sur le continent africain, bien que le pic ne soit pas encore atteint. Selon les dernières statistiques de l’OMS, on dénombre 123000 personnes ayant perdu la vie en raison du Covid-19, sur 4,6 millions de personnes recensés. Au demeurant, une légère baisse du taux de contamination a été enregistrée au cours deux dernières semaines à l’exception de neuf (9) pays dont le nombre de cas est en hausse. Il s’agit notamment de l’Angola, le Cabo Verde, au Cameroun et l’Érythrée. Une autre préoccupation soulevée lors de cette conférence de presse est le très faible niveau de la couverture vaccinale contre la Covid19 sur le continent Africain. L’Afrique est la dernière de classe sur l’ensemble des continents en matière de vaccin contre la Covid19. A titre illustratif, sur 150 doses de vaccin contre la COVID-19 déjà administrées par millier de personnes dans les autres parties du monde, l’Afrique subsaharienne, enregistre quant à elle, à peine à 8 doses de vaccin pour 1000 personnes. Les retards d’approvisionnement et les pénuries de vaccins constituent des obstacles majeurs à lever en Afrique. Cette situation oblige en effet, les pays africains à accuser un grand retard par rapport au reste du monde en ce qui concerne la vaccination contre la COVID-19. A preuve, le continent africain ne représente plus que 1 % des doses de vaccin administrées dans le monde, contre 2 % il y a quelques semaines. Au regard de cette tendance à la baisse du taux de la couverture vaccinale, la directrice Afrique pour l’OMS invite les pays Africains à revoir leur copie ; « Si nous en appelons à l’équité en matière de vaccins, l’Afrique doit aussi se retrousser les manches et tirer le meilleur parti de ce que nous avons. Nous devons utiliser toutes les doses dont nous disposons pour vacciner des gens. C’est une course contre la montre et contre le virus. Compte tenu de l’offre limitée de vaccins, nous recommandons aux pays de donner la priorité à l’administration de la première dose à un maximum de personnes à haut risque, dans les plus brefs délais », a conseillé Dr Matshidiso Moeti.
La levée des brevets sur les vaccins comme solution
Comme solution aux difficultés d’approvisionnement du vaccin en Afrique, il a été suggéré que l’organisation mondiale du commerce (OMS) lève temporairement les brevets sur les vaccins à destination de l’Afrique. L’Inde et l’Afrique du Sud sont en première ligne dans ce combat. Une option soutenue par Dr Matshidiso Moeti. « Cette suspension des brevets pourrait changer la donne pour l’Afrique, débloquer des millions de doses supplémentaires et sauver d’innombrables vies. Nous saluons le leadership dont ces pays ont fait preuve et exhortons les autres à les soutenir à l’OMC, y compris pour des produits thérapeutiques qui sauvent des vies. Nous espérons que les négociations aboutiront rapidement afin que nous puissions accélérer la fabrication et le déploiement de vaccins sûrs et efficaces. En effet, aucun pays n’est en sécurité tant que tous les autres pays ne sont pas en sécurité.
Ernest Famin