Le directeur de la production de l’électricité, à la CIE, Kouamé Didier, dans cet entretien, donne les raisons coupures constatées depuis quelques semaines dans le secteur de l’électricité.
Dans un élément diffusé hier par la télévision nationale, il ressort que les perturbations constatées au niveau de la fourniture de l'électricité sont dues à l'assèchement des barrages. Pouvez-vous être plus explicite sur la question ?
La production nationale de la Côte d’Ivoire pour satisfaire la demande est constituée de production à base hydraulique (30%) et de production à base thermique à gaz (70%). C’est le mixte des deux types d’énergie qui permet de satisfaire entièrement la demande. Le stock hydraulique se constitue durant la saison des pluies et il permet d’être utilisé pour passer la saison sèche. Il se trouve que depuis l’année dernière, le stock hydraulique n’a pas atteint ses valeurs habituelles du fait de l’insuffisance des apports hydrauliques. Cette sécheresse s’est aggravée cette année. En outre, ce faible stock a été prématurément utilisé en fin d’année dernière et en début d’année pour compenser le déficit du thermique occasionné par la panne d’une machine d’Azito (300 MW). L’on évoque la thèse de la sécheresse. Mais c'est un phénomène climatique cyclique qui arrive chaque année.
Comment expliquez-vous la situation particulière de cette année ?
Effectivement, il s’agit d’un phénomène cyclique. La situation de cette année tient du fait qu’il fait plus chaud et le stock hydraulique faiblement constitué l’année dernière a été prématurément utilisé.
Est-ce que le barrage de Soubré qui est de construction récente est concerné par ce problème ?
Le barrage de Soubré qui ne dispose pas de grand lac est faiblement concerné par ce problème. Cependant, sa production dépend de celle du barrage de Buyo qui se trouve en amont. Le lac de Buyo est quant à lui concerné par ce problème. Il a été faiblement constitué l’année dernière et a été utilisé prématurément également pour compenser le déficit en thermique expliqué plus haut. En dehors de l'hydraulique, il y a d'autres sources de production de l'énergie.
Pourquoi les centrales thermiques ne parviennent pas à prendre la relève ?
La demande maximale en puissance se situe chaque jour autour de 1650 MW. Lorsque tous les groupes thermiques sont en marche avec leur pleine puissance, on obtient 1350 MW. Il s’en suit qu’il y a un déficit qui ne peut être comblé que par l’hydraulique. La puissance hydraulique installée est de 879 MW. Cependant, du fait des niveaux des lacs très bas et la réserve actuelle en eau insuffisante pour passer toute la période sèche, ce déficit n’est pas toujours résorbé. En plus, les groupes thermiques peuvent être sujets de panne, augmentant le déficit.
Pendant combien de temps vont durer ces perturbations ?
Le remplissage des lacs va commencer à partir de la fin du mois de mai pour le lac d’Ayamé et à partir d’août-septembre pour les lacs de Kossou et de Buyo. Lorsque les stocks hydrauliques seront reconstitués, l’énergie produite à base hydraulique pourra résorber le déficit actuel. En outre, il est prévu la mise en service de nouveaux groupes thermiques à Azito en août (253 MW). L’arrivée de ces groupes initialement prévue en février a été retardée par la Covid (les monteurs ne pouvaient pas faire le voyage en Côte d’Ivoire). En attendant la période des pluies, quelles solutions alternatives peuvent-elles être trouvées pour amenuiser les effets de ces coupures qui causent d'énormes préjudices ? En attendant la période des pluies, plusieurs solutions sont mises en œuvre pour réduire les effets des coupures : L’arrêt de tous les arrêts programmés des groupes de production, la limitation à son strict minimum de l’exportation, l’effacement des gros clients industriels et miniers.
Réalisée par Fatou Sylla