Le plomb est un métal lourd toxique qui peut causer des problèmes de santé graves, en particulier chez les jeunes enfants.
L’exposition au plomb peut avoir de graves conséquences sur la santé des enfants. Selon un rapport publié par UNICEF, le 30 juillet 2020, environ un enfant sur trois dans le monde, soit près de 800 millions, a des taux de plombémie suffisamment élevés pour causer des dommages neurodéveloppementaux permanents.
Cependant, la peinture décorative est un élément qui a une forte concentration en plomb. Ce métal est un siccatif ; il accélère le séchage de la peinture à l'huile, diminuant notamment le temps nécessaire au passage d'une seconde couche. Au séchage, dans le cadre d’une rénovation d’intérieur, les croutes de peinture deviennent nuisibles du fait de leur forte teneur en plomb. L’exposition au plomb se produit le plus souvent par l’intermédiaire de poussières qui se dégagent lors d’un ponçage ou du décollage de la vieille couche.
Selon l’OMS, à des niveaux élevés, « le plomb attaque le cerveau et le système nerveux central pour provoquer le coma, des convulsions et même la mort (…) Les enfants qui survivent à un grave empoisonnement du plomb peuvent souffrir d’un retard mental et de troubles du comportement ». L'évaluation des teneurs en plomb dans les peintures décoratives en Côte d'Ivoire est un enjeu important pour la santé publique.
Une étude sur la teneur en plomb menée par l’ONG CASE
Raison pour laquelle l’organisation non gouvernementale ivoirienne CASE (Centre africain pour la santé environnementale) et l’ONG internationale Lead exposure elimination project (LEEP, Projet d’élimination de l’exposition au plomb) ont mené une étude dont les résultats ont été présentés récemment au cours d’un atelier à Abidjan. C’est un plaidoyer adressé auprès aux autorités ivoiriennes afin d’adopter les projets de décret déjà élaborés ainsi que les mesures idoines en vue de réduire voire éliminer le plomb dans les peintures à usage domestique en Côte d’Ivoire.
Les intervenants dont le président de CASE, Kpokro Bally Dominique et la responsable de programme à LEEP, Nafisatou Cissé, ont présenté les dangers de l’exposition au plomb sur la santé humaine et environnementale.
« L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a identifié le plomb comme l’un des dix produits chimiques posant un problème majeur de santé publique et nécessitant une action des États membres pour protéger la santé des travailleurs, des enfants et des femmes en âge de procréer », a dit la représentante de LEEP.
Poursuivant, le président de CASE rappelle que « la question de la teneur en plomb dans les peintures est cruciale pour la santé publique, en particulier pour nos enfants. Les risques associés à l’exposition au plomb sont bien connus ».
Etat des lieux de la règlementation sur le plomb dans les peintures en Côte d'Ivoire
Il est essentiel de mettre en place des mesures de régulation, de sensibilisation et de contrôle pour limiter l'exposition au plomb et garantir la sécurité des produits utilisés dans le cadre de la décoration intérieure.
Au 31 mai 2020, seuls 39% des pays dans le monde avaient confirmé avoir des contrôles juridiquement contraignants sur la peinture au plomb.
En Côte d’Ivoire, les résultats d’étude d’échantillonnage des peintures achetées sur les marchés nationaux révèlent que 95% des 56 peintures fabriquées et vendues contiennent plus de 500 ppm (avec un taux plus élevé pour les couleurs jaunes et rouges) alors que les normes édictées par la CEDEAO et CODINORM les fixent à 90 ppm au maximum.
Les entreprises de fabrication et de commercialisation doivent impérativement adopter la norme de 90 ppm de teneur en plomb dans les peintures pour la santé de tous.
En l’absence de loi, Dr Kpokro invite les autorités ivoiriennes à prendre des mesures réglementaires contraignantes pour mettre sa population à l’abri.
Joël DALLY
