Dans quels cas le praticien doit-il prescrire une césarienne ?
Il faut dire que la césarienne est une solution et non un problème. Beaucoup de personnes, essentiellement en Afrique, pensent que la césarienne est une sanction, un problème. Lorsqu’une femme est informée qu’elle doit accoucher par césarienne, cela devient source d’inquiétude pour sa famille. Par contre, en Occident où le taux de mortalité des femmes en couche est très bas, les gens savent ce que représente la césarienne. 10% au moins des accouchements se font par césarienne. Si vous avez au moins 10% des accouchements qui se font par césarienne, vous verrez que le taux de mortalité maternelle sera très bas, parce que c’est ce que les études ont révélé. 10% des accouchements doivent nécessiter une césarienne. C’est une donnée universelle, parce que sur tous les accouchements qui se font, il y a 10% d’entre eux qui se compliquent.
Dans quels cas concrètement la césarienne est recommandée ?
Ils sont de deux ordres. D’abord, les complications liées à la femme. Une femme de très petite taille dont le bassin est étroit (1m 50), le bassin en général est dystocique (petit). Par conséquent, il ne peut accueillir l’accouchement par voie basse. La mère peut aussi être malade. Elle peut avoir une maladie qui ne lui permet pas d’accoucher par voie basse. C’est le cas d’une femme qui a une insuffisance cardiaque ou une tension très élevée. Ce qui peut entraîner une crise d’éclampsie. La crise d’éclampsie est une crise qui intervient à partir du 7e mois. C’est une crise convulsive suivie de coma. Elle conduit à la mort. Autre cas pour lequel le médecin recommande la césarienne, c’est lorsque qu’une mère a déjà été césarisée et tombe enceinte 6 mois après, alors que la cicatrice n’est pas totalement refermée.
Mais comment peut-elle savoir que la plaie n’est pas bien cicatrisée ?
Pour les femmes qui ont subi une première césarienne, elles doivent faire une consultation postnatale à partir du 6e mois. Le médecin prescrit une radio de la cavité utérine. Cette radio permet de voir la cicatrice de l’utérus. Si la cicatrice est bien faite, elle peut accoucher par voie basse.
Ensuite, les causes liées aux fœtus. Dans ce cas, une femme peut être bien suivie pendant ses consultations prénatales, mais à sa dernière consultation, on constate que le bébé est trop gros. Dans ce cas, il faut la césariser. L’autre cas de figure, c’est qu’une femme peut être bien suivie, mais il se trouve qu’au moment de l’accouchement, il y a des signes que le bébé est souffrant. Il peut être dans une mauvaise position. Il peut sortir par exemple, par le bras au lieu de la tête.
Pourquoi selon vous, beaucoup de femmes ont-elles la hantise de la césarienne ?
Cette crainte a une histoire. La césarienne, tout comme les autres interventions chirurgicales, a commencé avec l’anesthésie générale. Il y a eu beaucoup de difficultés avec cette pratique médicale, parce que l’anesthésie est une matière très délicate. Pour dire en clair qu’il y a eu beaucoup de décès dans l’histoire des premières césariennes. Mais aujourd’hui, l’anesthésie générale est très peu pratiquée pour les césariennes. Ce qui est plus courant, c’est l’anesthésie locorégionale. Il y a aussi le facteur financier. C’est pour cela qu’il a été instauré par le gouvernement, la gratuité ciblée. Aussi le facteur culturel en Afrique constitue-t-il une source d’inquiétude. Il y a certaines traditions africaines où accoucher par césarienne, est une honte pour la famille.
Que disent les statistiques sur le taux de succès d'une opération de césarienne en Côte d'Ivoire ?
Ce que je voudrais dire à ce sujet, c’est que si l’indication est vite posée et que l’intervention est faite à temps, le décès est évitable. Ce sont les retards liés à l’exécution de la césarienne qui assombrissent sa pratique. Mais je n’ai pas les chiffres. Ce qu’il faut savoir, c’est qu’en général, les césariennes sont des succès.
Certains centres de santé sont soupçonnés de recourir systématiquement à la césarienne en vue de renflouer leurs caisses. Y-a-t-il une intention mercantiliste dans le fait de faire accoucher par césarienne ?
La césarienne n’a pas été inventée pour des fins mercantilistes. La césarienne a été inventée pour solutionner les accouchements difficiles. C’est le but de la césarienne. Reste qu’un but peut être noble, mais une personne mal intentionnée peut le détourner. Dans ce cas, c’est une autre réalité.
On parle de l'importance des exercices sportifs, notamment la marche. En quoi cela peut faciliter l’accouchement ?
Le sport permet de booster la santé de tout individu, de même que celui de la femme enceinte. Il est d’autant plus important pour la femme enceinte, parce qu’à l’accouchement, la femme a besoin d’avoir du souffle. Elle a besoin du souffle pour pousser et faire sortir l’enfant.
Existe-t-il des précautions à prendre pour éviter la césarienne ?
La première des choses à faire pour une femme enceinte, c’est de faire ses consultations prénatales. La consultation prénatale vise à faire le diagnostic de la grossesse pendant le premier trimestre de cet état de la femme. À partir du résultat de ce diagnostic, on fait des bilans de sang pour rechercher des pathologies telles que l’insuffisance respiratoire, l’insuffisance hépatite, la rubéole, etc.
La femme qui a subi la césarienne plus de deux fois, est-elle sujette à d'autres pathologies ?
La césarienne n’occasionne pas des maladies. Ce qu’elle peut entraîner comme conséquence, c’est que la femme déjà césarisée, est plus exposée à subir d’autres césariennes, parce que son utérus est fragile.
Une femme diabétique peut-elle subir une césarienne sans conséquence ?
Toute intervention chirurgicale de quelque nature qu’elle soit, pour tout diabétique, nécessite des précautions à prendre. Cela est donc valable pour la femme enceinte. Une diabétique en grossesse ne doit pas être suivie uniquement que par son gynécologue. Son suivi est multidisciplinaire. En plus du gynécologue, il faut un diabétologue, un biologiste et un pédiatre.