C’est un truisme de le dire. Le doyen des partis politiques en Côte d’Ivoire traverse une zone de forte turbulence. Après la grande saignée des cadres les plus illustres qui ont décidé d’adhérer au RHDP pour pérenniser la philosophie de Félix Houphouët Boigny, le PDCI RDA est à nouveau secoué par une autre crise.
Cette fois, c’est celui qui fait la pluie et le beau temps au sein du parti de Bédié qui est au centre de cette fronde qui, immanquablement, aura de très fortes répercussions sur la vie et le fonctionnement du parti. En témoigne ce fait pour le moins inédit qui s’est produit le jeudi 22 avril 2021 au siège du PDCI RDA. Des jeunes à la solde de deux clans se sont affrontés à la ma- chette. Selon les premières informations en notre possession, la guerre à fleurets mouchetés que selivre le tout puissant secrétaire exécutif, Maurice Kacou Guikahué et le Directeur de cabinet du président du parti, Ehouman Bernard, a pris une autre ampleur. De fait, le point de non-retour ayant été atteint et les positions étant devenues totalement inconciliables, les deux parties ont décidé d’ouvrir les hostilités jusqu’à ce que le président Henri Konan Bédié tranche. Ainsi, quelques jours après ce qu’il est convenu d’appeler la désobéissance civile du PDCI, L’Avenir est à mesure de vous donner les tenants et les aboutissants de cette guerre de clans et les gros bonnets qui se cachent derrière ces jeunes qui se sont « machettés » en cette fin de semaine dernière.
Guikahué-Ehouman Bernard : Les dessous d’une guerre sans merci
Ce n’est plus un secret. La crise qui secoue actuellement le PDCI RDA est animée par deux personnes : l’inamovible secrétaire exécutif Maurice Kacou Guikahué et l’actuel Directeur de cabinet du président Henri Konan Bédié, Ehouman Bernard. Quand la seconde cité a été promu directeur de cabinet en remplacement de N’Dri Narcisse pendant la désobéissance civile, ce dernier a pris le temps de s’imprégner des rouages du fonctionnement du parti. Ehouman Bernard va constater des choses pas trop catholiques dans la gestion du parti que d’autres cadres déplo- raient déjà. En effet, il est reproché à Guikahué sa mauvaise gouvernance du parti. De bonne source, de nombreux détournements et des dépenses injustifiées ont été constatés alors que, par moments, les structures avaient be- soin d’un strict minimum pour fonc- tionner. Au-delà de ces faits, nos sources rapportent également qu’après le refus d’adhérer au RHDP, beaucoup de cadres dénon- cent les tentatives d’inféodation du PDCI RDA à la branche radicale du FPI sous l’impulsion du même Gui- kahué. En termes juridiques, cela re- vient à dire que Guikahué est accusé d’abus de confiance et de bien so- ciaux. Ce qui constitue une faute grave pour laquelle le Secrétaire exécutif n’est plus qualifié pour la gestion opérationnelle du parti. C’est sur la base de cette fronde, dont l’onde choc a touché le parti au plus haut sommet, que Bédié a fini par refuser la présidence du groupe parlementaire à Maurice Kacou Guikahué.
De gros bonnets derrière des seconds couteaux...
Il est vrai que dans cette crise, ce sont les noms de Guikahué et d’Ehouman Bernard qui reviennent, mais de gros bonnets se cachent der- rière chaque protagoniste. Les plus
en vue et les plus déterminés appar- tiennent au camp du Directeur de cabinet Ehouman Bernard. Ceux qui mènent la bataille à visage dé- couvert à ses côtés sont le président de la jeunesse urbaine du PDCI, Va- lentin Kouassi et Aminata N’Diaye, secrétaire exécutive en charge des relations avec les syndicats et des
ONG. Ce bloc anti-Guikahué compte également en son sein une baronne du parti, en l’occurrence l’ancienne ministre Léopoldine Tie- zan Coffie, par ailleurs vice-prési- dente du parti.
Le plus influent de cette chaîne, qui se trouve être le soutien financier de la fronde anti-Guikahué, est l’ancien ministre Jean Louis Billon. De l’autre côté, Guikahué n’est pas seul à faire face à l’assaut des pro-Billon, qui réclament sa tête. L’ancien mi- nistre de la Santé, qui dispose de pions dans toutes les structures et instances du parti, est déterminé à mater sa rébellion. A titre d’exemple, le jeudi 22 avril, la réunion qui a dégénéré avait pour but de l’humi- lier. Ayant reçu l’information, Gui- kahué s’est attaché des services d’un groupe d’étudiants proches de la FESCI, dirigé par un certain ‘‘Taliban’’ pour faire une descente sur le siège et empêcher cette réunion et c’est ce qui fut fait. A côté de cette maitrise opérationnelle du terrain, l’arme fatale de Guikahué est la maitrise de la communication, qui est gérée par ses hommes. Dans cette dynamique, l’homme bénéfi- cie encore du précieux soutien des cadres qui l’ont soutenu hier, dans son combat du micro contre le haut-parleur Adjoumani. Comme on peut le voir, la guerre est totale au PDCI et chaque camp est déterminé à aller jusqu’au bout. En dépit des dénéga- tions de Guikahué.
Kra Bernard