« Démolitions, déguerpissements, destructions : Côte d’Ivoire, des signes de la fin d’une ère !? Il y a un chamboulement pour un nouvel ordre », indiquait le confrère à sa Une du lundi 7 octobre 2024. A première vue, l’on pourrait bien s’interroger sur la portée ou les dessous de cette prédiction apocalyptique sur un pays dont le PDCI-RDA se targue toujours d’avoir posé les fondements. « Depuis les premiers déguerpissements, orchestrées par le ministre-gouverneur du District autonome d’Abidjan, Cissé Bacongo, jusqu’à ceux des étudiants, tout se passe comme s’il soufflait sur la Côte d’Ivoire, notamment sur Abidjan, un vent de grand malaise, de détresse généralisée. C’est comme si le pays vivait une ère eschatologique qui, dans le Livre Saint, marque la fin des temps. Mais une fin qui annonce un temps nouveau. Les Ecritures saintes diront : « Les choses anciennes sont passées. Toutes choses sont devenues nouvelles ». Il y a comme un chamboulement pour un nouvel ordre », indique d’entrée, le journal officiel du PDCI-RDA.
Mais comme on ne peut pas cacher le soleil avec la main, c’est à la chute du papier que l’on saura que l’ordre nouveau dont parle l’article, est le retour du PDCI-RDA au pouvoir, avec à la tête de la Côte d’Ivoire, son messie Tidjane Thiam. « Voici autant de méthodes de travail qui méritent d’être corrigées pour une Côte d’Ivoire renouvelée ; une Côte d’Ivoire de justice et d’égalité de chances pour tous les citoyens. C’est ce vent de renouvellement qui semble souffler sur le pays depuis un moment. Le président du PDCI-RDA, Tidjane Thiam, s’inscrit dans cette logique de renouvellement quand il parle de « faire la politique autrement », sans injures ni violences. En outre, certains hommes de Dieu ne prophétisent-ils pas de grands bouleversements en Côte d’Ivoire ? Et tous de fixer les regards sur 2025, année électorale », conclut le journal.
Mais après lecture de cet article qui frise la prestidigitation et le messianisme politique, l’on se résout à conclure qu’il n’y a pas de quoi fouetter un chat. La fin d’une ère et le chamboulement annoncés par le PDCI-RDA ne sont rien d’autre qu’un aveu d’impuissance d’un parti qui n’a aucune offre politique pour séduire les populations face au travail de développement du régime RHDP. Et ça, le très déconnecté président du PDCI-RDA et ses lieutenants le savent en leurs âmes et consciences. Ils n’ont ni les capacités, encore moins les hommes et les hommes de challenger ou de défier le RHDP sur les questions de gouvernance.
En termes d’infrastructures, de consolidation de la paix et la démocratie, d’avancées au niveau de l’éducation, de la santé, du social, etc., les acquis de la gouvernance RHDP sont loin et même très largement au-dessus de la gouvernance du PDCI-RDA de 1993 à 1999. Et pourtant, les contextes ne sont pas les mêmes. Ainsi donc, sachant qu’aucun bagout électoral, fût-il d’un supposé deus ex machina provenant du monde de la haute finance internationale ne peut objectivement amener les populations à se détourner de l’offre de développement du RHDP, le PDCI-RDA a décidé de verser dans la prestidigitation politique. Sinon, comment peut-on annoncer l’apocalypse sur un pays dont les autorités ont décidé de jouer la carte de la responsabilité en déguerpissant toutes les habitations et installations précaires installées dans les zones à risque ? Comment peut-on dire qu’il y aura un chamboulement, parce qu’un gouvernement responsable a décidé de vider les occupants illégaux des chambres dans les résidences universitaires ? Voici quelques questions auxquelles le PDCI-RDA, de l’ingénieur Tidjane Thiam, doit pouvoir apporter des réponses.
Quand Ouattara corrige les incuries des régimes passés…
Sur les faits allégués de démolition et de déguerpissements pour lesquels le PDCI-RDA annonce l’apocalypse sur la Côte d’Ivoire, c’est aussi l’hôpital qui se moque de la charité. Jamais dans l’histoire de la Côte d’Ivoire, un régime n’a aussi transfiguré le cadre de vie que le régime Ouattara. L’on a encore en mémoire, ce que le ministre-Gouverneur Cissé Bacongo a fait à Koumassi. D’une commune sale et désordonnée, il est parvenu à en faire une destination privilégiée. C’est d’ailleurs, cette prouesse qui a plaidé en sa nomination au poste de Gouverneur du District autonome d’Abidjan. Mais pour y parvenir, il a fallu démolir les constructions anarchiques, parfois bâties sur des ouvrages d’assainissement.
Aujourd’hui, tout le monde est fier du travail qui a été fait. Le PDCI-RDA aurait voulu qu’on laisse Koumassi dans son état initial avec les eaux des égouts qui côtoient les habitations et son concert de moustiques ? Sur la question des déguerpissements, le PDCI-RDA aurait souhaité qu’on laisse les habitants de Mossikro et de Boribana, pour que la mort vienne les surprendre en plein sommeil ? Le PDCI-RDA aurait souhaité qu’on laisse prospérer le désordre urbain en lieu et place des aménagements actuellement en cours, comme c’est le cas de la baie du Banco et de la mosquée d’Adjamé ? Sur le déguerpissement des occupants illégaux des chambres dans les résidences universitaires, c’est également l’hôpital qui se moque de la charité. Le gouvernement RHDP a décidé simplement de vider les occupants illégaux et d’offrir des meilleures conditions de vie aux étudiants. Contrairement au RHDP, le régime PDCI-RDA, en son temps, avait décidé de sacrifier l’intelligentsia en vidant l’une des plus grandes cités universitaires de Côte d’Ivoire, en l’occurrence, les deux cités U de Yopougon pour y loger des policiers. C’est d’ailleurs, l’une des raisons de la surpopulation dans les résidences universitaires aujourd’hui. En un mot comme en mille, tout le monde peut donner des leçons de gouvernance au RHDP, sauf le PDCI-RDA, surtout dans son format actuel. Mieux, Tidjane Thiam et son parti ne peuvent pas convaincre les Ivoiriens à adhérer à leur projet politique. Il est moralement incorrect de recourir au charlatanisme et à la prestidigitation politique, en annonçant un chamboulement en Côte d’Ivoire. Le vrai chamboulement dont les populations ont besoin, c’est le bien-être et le développement et c’est ce qui est actuellement en cours avec Alassane Ouattara. Le reste n’est que le bruit du silence…
Kra Bernard
