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Interview/ Crise post-électorale de 2010 en Côte d’Ivoire / Anne Désirée Ouloto : « Les Ivoiriens ont tourné la page »

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Présente à Paris le dimanche 22 septembre 2024, la ministre de la Fonction publique et de la modernisation de l’Administration, Anne Désirée Ouloto a représentée la Côte d’Ivoire dans le cadre du 38e Forum international pour la paix de la communauté catholique Saint Egidio. Dans une interview accordée au média L’Opinion, elle aborde le retour de la paix en Côte d’Ivoire, les relations entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso, le Mali, Niger et son militantisme pour le Chef de l’Etat Alassane Ouattara.

La Côte d’Ivoire a connu une longue crise politique entamée à la mort de Félix Houphouët Boigny en fin 1993, qui s’est prolongée jusqu’aux années 2000 avec cette crise post-électorale en 2010 avec 3 mille victimes. Où en est-on 14 ans après ? Est- ce qu’il y a un chemin de pacification en Côte d’Ivoire qui peut servir d’exemple à un certain nombre d’autres pays d’Afrique ?

Absolument, la Côte d’Ivoire n’aurait pas pu se permettre d’être absente à cette rencontre internationale organisée par la communauté Saint Egidio qui est bien implantée en Côte d’Ivoire. Elle est bien connue de toutes les autorités. Notamment, du président de la République Alassane Ouattara. La communauté Saint Egidio a contribué à ce retour de la paix dans notre pays. 14 ans plus tard, la Côte d’Ivoire se porte beaucoup mieux. D’ailleurs, je voudrais rappeler qu’elle a organisé la meilleure Coupe d’Afrique des nations en janvier 2024. C’étais une très belle expérience, parce que le pays est en paix.   

Les Ivoiriens se sont pardonnés

Il n’y a plus de prisonniers politiques en prison. Comment a -t-on favorisé le vivre-ensemble ?

Le vivre-ensemble est le projet du RHDP et du président Alassane Ouattara. Dès sa prise de fonction à la tête de l’Etat depuis 2011, le président Alassane Ouattara a développé son programme « Vivre-ensemble » à travers la cellule spéciale Dialogue- Vérité- Réconciliation pour justement faire en sorte que par le pardon et la main tendue, les Ivoiriens réapprennent à vivre ensemble. Nous avons passé des moments assez particuliers. Ça été douloureux mais le résultat est là. Les Ivoiriens se sont pardonnés. Tous ceux qui étaient en exils sont rentrés en Côte d’Ivoire aujourd’hui. Ils ont été réintégrés.

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Sauf Guillaume Soro…

Guillaume Soro n’était pas en exil en 2011. Il s’est retrouvé pour d’autres raisons qui n’ont rien n’à avoir avec la crise post-électorale que la Côte d’Ivoire a connue en 2011. Guillaume Soro peut revenir dans son pays quand il le souhaite. Concernant la crise post-électorale, tous ceux qui sont rentrés peuvent témoigner des initiatives prises par le gouvernement. Des programmes pour leur réinsertion pour la reprise totale de leurs activités économiques et même politiques. Parmi les politiques, qui sont rentrés, d’autres sont Députés à l’Assemblée nationale.

les Ivoiriens ont tourné la page

Les camps de réfugiés ont fermé. La mission des Nations Unies qui était sur le terrain a aussi fermé ses portes. Le Bureau de la Cour pénale internationale va aussi quitter la Côte d’Ivoire. Est-ce que pour les victimes, ça ne va pas un peu trop vite ? J’entends des personnes qui disent que la justice n’est peut-être pas allée au bout de son travail.

La justice continue son travail. La justice internationale à travers la CPI, ça c’est la justice internationale. Mais la justice ivoirienne n’a pas mis la clé sous le paillasson. Elle est toujours présente. Les auditions et procès se font au cas par cas en fonction des différentes requêtes déposées par les victimes. En tout état de cause, la réconciliation est un processus. Le vivre ensemble commande qu’il y ait justice. Il commande qu’à un moment donné on tourne la page. Qu’on soit victime ou acteur majeur de cette crise, ce qui compte aujourd’hui, nous pouvons faire ce constat de façon globale que les Ivoiriens ont tourné la page. Et qu’ils veulent désormais vivre en paix.

C’est aussi un axe diplomatique. Lors de votre intervention, vous-avez rappelez les mots de feu le président Houphouët-Boigny sur la paix… 

Feu le président Houphouët-Boigny nous a fait grandir avec ce slogan « la paix ce n’est pas un vain mot. C’est un comportement ». L’Ivoirien sait que chaque jour c’est à travers ce petit geste, des actes concrets qu’on réaffirme son engagement pour la paix. Cette culture pour la paix a impacté également la fin de la crise en Côte d’Ivoire positivement. La Côte d’Ivoire a donc exprimé sa résilience. Nous avons connu notre crise ‘’d’adolescence’’ mais nous nous sommes vite ressaisis progressivement. Aujourd’hui, la norme est revenue. Ce n’est plus ce pays divisé en 2. C’est un pays totalement réunifié qui continue sa marche en avant.

J’ai cru en Alassane Ouattara

Parlez-nous un peu de votre expérience personnelle. Vous-même aviez fait partie des familles qui ont été fracturées par cette crise ivoirienne. Et votre  engagement politique a coûté un peu la carrière de votre père qui était dans l’armée à l’époque…

Ce sont des souvenirs difficiles. Mais c’est bon d’en parler, parce qu’on s’engage aujourd’hui pour la paix et le vivre-ensemble et pour dire « plus jamais ça ». Plus jamais d’Ivoiriens victimes de leurs prises de positions politiques. Très vite j’ai été militante du Rassemblement des Républicains (RDR) à l’époque. Et dans l’équipe qui a soutenu le président Alassane Ouattara. Également, je me suis retrouvée dans l’opposition par rapport au Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA) qui était au pouvoir. Mon père était colonel de l’armée dans l’administration territoriale. Il a malheureusement payé. Il a vu sa carrière s’arrêter, parce qu’il avait été sommé à ce que sa fille arrête de faire de la politique. Mais moi j’ai cru en un Homme. J’ai cru en Alassane Ouattara. Et je me battais pour mon pays. Mon père qui est aujourd’hui à la retraite est tout fier de sa fille et heureux de savoir que j’avais mené le bon combat. Ça m’a coûté chers.

Ça vous a coûté aussi votre couple…

Oui ça arrive. Un couple c’est le partage d’une communauté de vie et le partage de projection de projets de famille. Quand a un moment donné, on ne peut plus parler d’une même voix dans le couple, chacun naturellement respecte la position de l’autre. Et c’est ce que j’ai fait. Et je suis très heureuse d’avoir été avec le président Alassane Ouattara jusqu’à ce jour. Je vois qu’il tient bien la Côte d’Ivoire.

Plus jamais ça en Côte d’Ivoire

Vous avez évoqué également le chiffre de 486 coups d’Etat ratés ou réussis depuis 1950 dans le monde. Plus de 40% ont abouti en Afrique. Pourquoi ce continent n’est pas épargné par ce fléau ?

Je continue de m’interroger. Nous avons pris l’option de la démocratie. Mais nous ne respectons pas les textes fondamentaux de nos différents pays.  C’est malheureux de constater que la sérénité de la vie des populations est fortement contrariée par les coups d’Etat. La Côte d’Ivoire en n’a fait les frais malheureusement. Un coup d’Etat en 1999. Une tentative de coup d’Etat en 2002 qui a conduit à la  partition du pays en 2 grands blocs. Ce qui a contribué fortement à la fracture sociale. Malheureusement à toutes les crises sociales que nous avons connu jusqu’à la guerre post-électorale que nous avons connue jusqu’en 2010. Plus jamais ça en Côte d’Ivoire.

L’ambition du président de la République, du gouvernement et de tous les Ivoiriens, c’est de faire en sorte que nous retrouvons cette stabilité que nous avions avec nos frères du Burkina Faso, Mali et Niger

 

Les coups d’Etat de la région, Burkina Faso, Mali, Niger ont un impact sur la Côte d’Ivoire aujourd’hui. Que faites vous pour essayer aussi d’enrailler ?  Parce que les gens fuient des groupes terroristes qui sont très présents notamment dans la frontière ivoirienne.

 

C’est un moment difficile que l’Afrique de l’Ouest vit. Le rêve de la Côte d’Ivoire, l’ambition du président de la République, du gouvernement et de tous les Ivoiriens, c’est de faire en sorte que nous retrouvons cette stabilité que nous avions avec nos frères du Burkina Faso, Mali et Niger. Nous sommes des pays dont les frontières sont très poreuses. Nous avons une communauté de vie et une communauté de destin.

Moi je fais confiance au président Alassane Ouattara

Il y a aussi les binationaux dans le pays…

Ils vont et viennent dans l’espace CEDEAO. C’est la libre circulation des personnes et des biens. Cela ne saurait être contrarié. C’est pour cela que le président de la République, Alassane Ouattara est très engagé dans ce processus de paix et de normalisation des relations diplomatiques et fraternelles avec le Burkina Faso, le Mali et Niger. Il faut souhaiter que très rapidement on se retrouve sur la table de dialogue. Moi je fais confiance au président Alassane Ouattara. Nous allons y arriver. Le plus urgent pour nous, c’est de faire ce qu’on peut pour alléger les souffrances des populations qui malheureusement vivent ces contraintes de déplacements et qui fuient les zones de conflits. Il faut très rapidement que la CEDEAO en sorte.

L’Assemblée générale annuelle des Nations Unis est en cours actuellement. Il y a la question autour des 2 postes permanents avec non droits de veto. Et qui pourraient être accordés à l’Afrique. Je suppose que c’est une initiative ivoirienne. Est-ce que la diplomatie ivoirienne pourrait être candidate ?

 

La Côte d’Ivoire reste toujours solidaire de la démarche africaine. Ce qui compte, c’est que nous puissions arriver jusqu’au bout de cette ambition de participer à la vie du monde aux Nations Unies. De contribuer à la paix dans tous les pays du monde. Ça c’est le rêve de tous les pays africains. Ce qui compte c’est que l’Afrique ait la possibilité de porter sa voix et celle de toutes les grandes nations du monde.

Lavenir.ci avec L’Opinion 

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